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Sartre et la liberté

Extrait du document

Me voilà tuberculeux par exemple. Ici apparaît la malédiction (et la grandeur). Cette maladie, qui m'infecte, m'affaiblit, me change, limite brusque-ment mes possibilités et mes horizons. J'étais acteur ou sportif : [...] je ne puis plus l'être. Ainsi négativement je suis déchargé de toute responsabilité touchant ces possibilités que le cours du monde vient de m'ôter. C'est ce que le langage populaire nomme être diminué. Et ce mot semble recouvrir une image correcte : j'étais un bouquet de possibilités, on ôte quelques fleurs, le bouquet reste dans le vase, diminué, réduit à quelques éléments. Mais en réalité il n'en est rien : cette image est mécanique. La situation nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement. Il est vrai de dire qu'on m'ôte ces possibilités mais il est aussi vrai de dire que j'y renonce ou que je m'y cramponne ou que je ne veux pas voir qu'elles me sont ôtées ou que je me soumets à un régime systématique pour les reconquérir. En un mot ces possibilités sont non pas supprimées mais remplacées par un choix d'attitudes possibles envers la disparition de ces possibilités. SARTRE

« Me voilà tuberculeux par exemple.

Ici apparaît la malédiction (et la grandeur).

Cette maladie, qui m'infecte, m'affaiblit, me change, limite brusquement mes possibilités et mes horizons.

J'étais acteur ou sportif : [...] je ne puis plus l'être.

Ainsi négativement je suis déchargé de toute responsabilité touchant ces possibilités que le cours du monde vient de m'ôter.

C'est ce que le langage populaire nomme être diminué.

Et ce mot semble recouvrir une image correcte : j'étais un bouquet de possibilités, on ôte quelques fleurs, le bouquet reste dans le vase, diminué, réduit à quelques éléments. Mais en réalité il n'en est rien : cette image est mécanique.

La situation nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement.

Il est vrai de dire qu'on m'ôte ces possibilités mais il est aussi vrai de dire que j'y renonce ou que je m'y cramponne ou que je ne veux pas voir qu'elles me sont ôtées ou que je me soumets à un régime systématique pour les reconquérir.

En un mot ces possibilités sont non pas supprimées mais remplacées par un choix d'attitudes possibles envers la disparition de ces possibilités.

SARTRE QUESTIONS 1.

Dégagez l'idée centrale du texte et les étapes de l'argumentation. 2.

Expliquer: a.

« ici apparaît la malédiction (et la grandeur) » ; b.

« cette image est mécanique » ; c.

« la situation nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement». 3.

Les circonstances de la vie conditionnent-elles la liberté ? Développez et argumentez votre réponse. QUESTION 1 • L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il fait.

L'essence de l'homme n'est pas un donné, mais l'homme se construit jour après jour, lui-même.

Il se réalise, comme le dit Sartre.

L'homme est de ce fait entièrement responsable de ce qu'il est. • Sartre débute son texte par un exemple médical : la tuberculose (à l'époque de Sartre, maladie qui a fait des ravages pendant et après la Deuxième Guerre mondiale).

Comme toute maladie, elle affaiblit, et il s'ensuit que l'on ne peut plus avoir les mêmes activités : j'étais acteur ou sportif, ou tout autre chose, «je ne puis plus l'être », dit-il.

Tout comme on réduit un bouquet en lui ôtant les fleurs fanées, l'homme atteint par la maladie a moins de choix, moins de perspectives, son horizon s'est rétréci.

C'est en tout cas la vision commune des choses.

Cette vision négative ne satisfait pas Sartre qui y voit le refus d'assumer sa responsabilité, et par là sa liberté. • En effet, cette vision amoindrit ma responsabilité, me décharge de faire des choix, des projets.

Apparemment, n'ayant pas d'autre choix que de subir cette maladie, je serais comme dispensé de choisir, ou du moins mes choix seraient restreints.

Cela est faux.

J'ai toujours l'entière liberté de choisir mon attitude, les possibilités étant remplacées par d'autres, indéfiniment. L'homme, malgré la maladie, reste un être en devenir, aux multiples possibilités, à l'horizon illimité : l'homme est projet.

Même si son apparence physique est différente, il a toujours de multiples possibilités d'agencer, d'inventer, de projeter sa vie.

Ne pas être l'auteur de ce qui nous arrive, c'est penser que la liberté peut être relative.

Mais, pour Sartre, la liberté est l'essence même de l'homme et, à ce titre, nous ne saurions être plus ou moins libres. QUESTION 2 a.

« ici apparaît la malédiction (et la grandeur) » En effet, si la liberté de l'homme est infinie, il ne peut cependant rien faire contre la maladie elle-même, si ce n'est se soigner.

La malédiction dont parle Sartre, est celle de penser que la faiblesse indéniable qui accompagne la maladie, transforme mon corps et mobilise mon esprit, m'ôte une partie de ma liberté, restreint mes choix, me fait vivre en quelque sorte une vie au rabais. La grandeur est au contraire de dépasser cette vision et de comprendre que mes perspectives ne sont nullement diminuées, tout au plus remplacées.

Je reste un être de projet, essentiellement, puisque, selon la célèbre formule de Sartre, «l'existence précède l'essence ». Et si condamnation il y a, c'est la condamnation à la liberté : « L'homme, étant condamné à être libre, porte le poids du monde entier sur ses épaules ; il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d'être ». b.

« cette image est mécanique ». »

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