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Respecter l'autre, est-ce respecter en lui la personne humaine ?

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« Introduction Spontanément, chacun d'entre nous veut être respecté par autrui et, inversement, les autres désirent que nous les respections.

Le respect apparaît ainsi comme une exigence essentielle de la vie en société. Pourtant le respect n'exclut nullement la critique, voire le combat contre autrui, combat de ses actes comme de ses idées; bien plus, on peut considérer que l'homme qui nous paraît le plus méprisable, celui chez qui nous ne trouverions aucune qualité, est en droit, devant la loi positive comme devant la loi morale, d'exiger de nous un certain respect.

Mais alors à quoi s'adresse un tel respect ? Ne serait-ce pas uniquement à la personne humaine qu'est l'autre ? C'est ce qu'il nous faut examiner. Des diverses sortes de respects Le respect se définit comme un « sentiment qui porte à accorder à quelqu'un une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, par une contrainte acceptée» (Petit Robert).

La question est de savoir quelle est cette «valeur» que l'on reconnaît dans la personne que l'on respecte, et de quelle sorte est cette reconnaissance, qui sera très différente selon qu'elle est spontanée ou forcée. Distinguer respect conventionnel et respect naturel Comme l'a montré Pascal (Cf.

Second discours sur la condition des grands, éd.

Brunschvicg, p.

236), il existe deux sortes de respects, correspondant aux deux sortes de valeurs que nous respectons en autrui, à savoir d'une part des «grandeurs d'établissement» (comme la noblesse), qui sont des grandeurs sociales artificielles et conventionnelles en ce sens qu'elles dépendent de la volonté des hommes et que cette volonté des hommes ne se fonde pas sur des raisons objectives; d'autre part des «grandeurs naturelles» qui, elles, contrairement aux précédentes, ne sont pas arbitraires, mais ont une valeur universellement reconnue dans la mesure où elles constituent des qualités objectives de l'individu, telles que l'intelligence, la science, la vertu, la santé, la force.

Les deux sortes de respect leur correspondant sont donc : – Le respect d'établissement ou conventionnel, qui est pour ainsi dire de surface : il ne s'agit pas de rejeter ces grandeurs, mais de les reconnaître en les tenant pour ce qu'elles sont : de simples conventions.

Ce type de respect s'exprime d'ailleurs par ces autres conventions que sont les formes de politesse (on s'agenouille devant un roi, mais on se tient debout dans la chambre des princes). – Le respect naturel, ou respect vrai, qui est l'estime, c'est-à-dire la reconnaissance d'une grandeur comme vraie grandeur, digne d'admiration et susceptible de constituer un modèle.

Aussi le contraire de l'estime est-il «le mépris et l'aversion» (tandis que le contraire du respect d'établissement, c'est l'indifférence). " Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs ; car il y a des grandeurs d'établissement et des grandeurs naturelles.

Les grandeurs d'établissement dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états et y attacher certains respects.

Les dignités et la noblesse sont de ce genre.

En un pays on honore les nobles, en l'autre les roturiers ; en celui-ci les aînés, en cet autre les cadets.

Pourquoi cela ? Parce qu'il a plu aux hommes.

La chose était indifférente avant l'établissement : après l'établissement elle devient juste, parce qu'il est injuste de la troubler. Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu'elles consistent dans les qualités réelles et effectives de l'âme et du corps, qui rendent l'une ou l'autre plus estimable, comme les sciences, la lumière de l'esprit, la vertu, la santé, la force. Nous devons quelque chose à l'une et à l'autre de ces grandeurs ; mais, comme elles sont d'une nature différente, nous leur devons aussi différents respects.

Aux grandeurs d'établissement, nous leur devons les respects d'établissement, c'est-à-dire certaines cérémonies extérieures qui doivent être néanmoins accompagnées, selon la raison, d'une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre, mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualité réelle en ceux que nous honorons de cette sorte.

Il faut parler aux rois à genoux ; il faut se tenir debout dans la chambre des princes.

C'est une sottise et une bassesse d'esprit que de leur refuser ces devoirs. Mais pour les respects naturels qui consistent dans l'estime, nous ne les devons qu'aux grandeurs naturelles ; et nous devons au contraire le mépris et l'aversion aux qualités contraires à ces grandeurs naturelles." PASCAL Introduction Être lucide, c'est distinguer ce qui doit l'être pour conduire sa vie librement et sans méprise.

À cette fin, la philosophie appelle une étude critique de notions trop souvent confondues, et cultive la conscience de ce qui fonde leur distinction.

La tendance à confondre réalisme et conformisme, par exemple, n'est peut-être pas spécifique à. »

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