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REFUSER LA NATURE HUMAINE ?

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« Marx Il distingue la nature de l'environnement. Il n'y a pas de nature mais seulement un environnement humain, politique, économique, social.

La nature est le résultat de l'action d'un groupe social donné qui possède les moyens de production. L'écologie, la protection de la nature, est donc toujours un souci politique lié à l'action. S'il y a bien une hérédité biologique indéniable il n'y a aucune hérédité psychique, psychologique.

Telle est la thèse défendue par le marxisme : tout dépend du milieu social (critique du mythe bourgeois du « don » héréditaire). Les existentialistes Comme Sartre, les existentialistes dénieront toute réalité à une essence humaine permanente et universelle : « L'existence précède l'essence.

» L'homme est à construire, il ne vient pas au monde déjà fait.

Il n'est pas déjà déterminé. L'homme est entièrement libre.

Ce qu'il est, c'est ce qu'il se fait être.

Il n'est rien d'autre que son projet (deviens ce que tu es). La psychanalyse La psychanalyse refusera aussi l'idée d'une nature humaine universelle, le moi n'étant qu'une infime partie de l'homme; les traumatismes de l'enfance, les interdits sociaux et les refoulements qui en découlent, font de chacun un individu singulier soumis à des expériences particulières.

Là aussi tout dépend de l'éducation individuelle et collective.

Pourtant, lorsque Freud met au coeur de la vie psychique le conflit métaphysique irréductible entre Éros et Thanatos, ne pose-t-il pas l'hypothèse de l'existence d'une nature humaine caractérisée par l'agressivité? Il est légitime de se demander si culturel et naturel sont vraiment dissociés. En 1739, Hume publiait son Traité de la nature humaine.

Mais aujourd'hui, l'idée que «l'homme n'a pas de nature» mais qu'il ait une histoire - serait, au dire de certains, désormais acquise - ou plutôt conquise.

Qu'en est-il de ce paradoxe ? L'expression « il n'y a pas de nature humaine », parfois formulée étourdiment, trouve sa place argumentée, dans l'existentialisme athée de Sartre, comme conséquence de la négation de l'existence de Dieu : «Au xviiie siècle, dans l'athéisme des philosophes, la notion de Dieu est supprimée, mais non pas pour autant l'idée que l'essence précède l'existence.

Cette idée, nous la retrouvons un peu partout : nous la retrouvons chez Diderot, chez Voltaire, et même chez Kant.

L'homme est possesseur d'une nature humaine ; cette nature humaine, qui est le concept humain, se retrouve chez tous les hommes, ce qui signifie que chaque homme est un exemple particulier d'un concept universel, l'homme; chez Kant, il résulte de cette universalité que l'homme des bois, l'homme de la nature, comme le bourgeois, sont astreints à la même définition et possèdent les mêmes qualités de base. Ainsi, là encore, l'essence de l'homme précède cette existence historique que nous rencontrons dans la nature. « L'existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent.

Il déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept, et que cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine.

Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après.

L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Nagel, 1946, pp.

20-22. Plus loin, Sartre précise : «Il n'y a aucune nature humaine sur laquelle je puisse faire fond.

» Ibid., p.

52. Cette dernière formule éclaire les précédentes : ce qui est nié, en même temps que l'existence de Dieu, ce n'est pas tant l'existence d'une nature humaine que la possibilité, pour l'homme, de connaître sa nature.

Implicitement, ce qui est visé par ces formules, c'est la constitution d'une science de l'homme qui prétendrait le saisir dans sa vérité totale, cerner a priori sa liberté, concevoir l'union essentielle, en lui, du corps et de la conscience.

Nous ne sommes pas si loin de Descartes. En revanche, quant à la nature corporelle, nul ne trouvera naturel qu'un être humain, par exemple, se transforme tout à coup, comme dans les contes de fées, en citrouille ou en souris blanche.

À cet égard, bien loin d'être dans une indépendance absolue à l'égard de la nature, l'homme lui est au contraire, selon Sartre, totalement soumis : « Il n'est (donc) pas vrai que l'homme soit, comme le veut l'idéaliste, en dehors du monde et de la nature, ou qu'il n'y plonge que par les pieds, en rechignant comme une baigneuse qui fait trempette, pendant que son front est dans le ciel.

Il est tout entier dans les griffes de la nature, qui peut l'écraser d'une seconde à l'autre, et l'anéantir, corps et âme....

L'homme est un être en situation dans l'univers, totalement écrasé par les forces de la nature et qui les dépasse totalement par son projet de les capter.

» Sartre, Situations, III, pp.

220-221. Il semble donc bien que, malgré les ambiguïtés qu'elle entretient et les problèmes qu'elle suscite, l'idée de nature ne soit pas de celles dont on puisse aisément faire l'économie.

Mais y aurait-il lieu de penser, si nous ne disposions que d'idées claires et distinctes ?. »

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