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Qu'y a-t-il de naturel dans l'art ?

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« VOCABULAIRE: Art: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. NATURE : 1° L'inné par opposition à l'acquis (nature opposée à culture, ou chez les anthropologues anglo-saxons nature opposée à nurture); 2° Essence, ensemble des propriétés qui caractérisent un objet ou un être (la nature de l'homme par exemple); 3° L'ensemble des phénomènes matériels, liés entre eux par des lois scientifiques.

En ce sens, le naturel peut s'opposer au surnaturel qui désigne une intervention transcendante de la divinité; 4° Spinoza distingue la nature naturante, c'est-à-dire la substance infinie et la nature naturée, les divers modes par lesquels s'exprime cette substance.

Le mot nature est ambigu.

Le naturalisme du xviiie siècle par exemple est contradictoire. D'une part son épistémologie réduit la nature à un mécanisme (des faits soumis à des lois nécessaires) indifférent aux valeurs humaines.

D'autre part, sa morale prétend se fonder sur la nature, c'est-à-dire sur des tendances spontanées, supposées bonnes; la nature devient alors la Mère-Nature, une sorte de providence bienveillante. L'art naît-il d'un processus naturel, ou répond-il à des normes, culturelles etc.

? L'intuition, ou même l'inspiration, peuvent-elles être considérées comme des manifestations de la nature par lesquelles l'art advient ? Pour les Grecs, il était courant d'envisager que la voix du dieu parlait directement par l'artiste ; l'art était donc purement intuitif, l'artiste n'en avait aucun mérite, et l'on pouvait ainsi renvoyer l'art, par des voies cependant un peu détournées ( la voie du dieu, cela renvoie-t-il vraiment à la nature ?), à un processus naturel.

Cela n'empêche pas qu'il existe chez Platon des attaques virulentes contre la peinture (à l'époque, les arts nobles étaient surtout la poésie ou la danse), considérée comme un miroir déformant et amenuisant de la réalité, le peintre lui-même étant souvent assimilé dans son intention au trompeur.

La distinction platonicienne entre copie et simulacre permet de remettre en question le statut de la nature dans l'art, ainsi que le principe de la mimesis d'Aristote.

Pour la philosophie plus contemporaine, L'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique de W.

Benjamin permet une réflexion plus technique sur l'artifice. C'est une question à plusieurs tranchants.

On peut se demander ce qu'il y a de naturel dans l'art du point de vue des matériaux qui sont directement extrait de la nature, comme la pierre, la terre, le marbre, et dans une autre mesure ce que l'art fait de la nature, des plantes dans l'art des jardins.

D'un autre côté, ce qu'il y a de naturel en lui, dans l'optique que l'art imite la nature, et se demander ce qu'il reste de la nature dans l'imitation de celle-ci, si le reflet de la nature dans l'art est fidèle.

Aussi, on peut se poser la question s'il est « naturel » à l'homme d'utiliser les procédés de l'art, si l'art n'est pas justement « anti-naturel » à l'homme comme pourrait le penser Rousseau.

L'art par définition, c'est ce qui est artificiel, ce qui a recours aux artifices pour recouvrir la nature.

L'art peut être aussi coextensif à l'homme et naturel à l'homme, comme son moyen d'expression le plus naturel et habituel. 1) L'art comme continuation de la nature. La comparaison de l'art avec la nature a été utilisée par Karl Friedrich Schinkel (1781-1841), qui associe le gothique aux arbres dont les formes se dressent vers le ciel et à la musique pour incarner l'Occident.

En architecte, pour qui « L'architecture est la continuation de la nature dans son activité constructive », Schinkel voyait également dans les formes gothiques, une analogie cosmique.

Dans ses aphorismes, il établit un parallèle entre les socles et les rocs, entre les piliers et les troncs d'arbres, entre les réseaux et les planches, entre les voûtes et le ciel.

Plus tard, le Modern Style rejettera toutes références historiques et académiques issues de l'antiquité au profit d'une imitation de la nature, ce qui entraînera un goût pour les lignes sinueuses et pour les modèles gothiques et japonais.

Le Modern Style sera cette volonté d'embellir l'univers quotidien en supprimant les frontières entre arts majeurs et mineurs. Cette décoration très végétale rejoint par certains aspects l'imitation de la nature telle qu'ils imaginaient que les artistes de l'époque gothique pouvaient la réaliser.

Comme on l'a vu, le style des cathédrales gothiques est plus proche de la nature que le style néo-classique.

Les nervures gothiques imitent les troncs élancés des sapins.

Cet amour du végétal mouvant correspond au rejet de toute esthétique classique et académique et à la recherche de l'expression de la nature telle qu'elle est en vérité, c'est-à-dire en mouvement.

En ce sens, des penseurs comme Ruskin se font les défenseurs de la vérité dans l'art, en lui assignant le but de décrire ce qui est.

Cette reproduction de la réalité engage l'artiste qui s'y prête, et l'oblige à ne pas mentir, à ne pas céder aux modes de la société capitaliste.

En comparant la nature et la reproduction qu'en donne l'art, Ruskin fait apparaître qu'une bonne partie de l'art nie la diversité de la nature pour la ramener à une forme unique qui ne cherche qu'à montrer la Beau en soi. L'Art Nouveau prendra pour modèle les végétaux autrefois jugés insignifiants comme motifs principaux de ses ornements et de son architecture.

Friedrich ajoute : «L'objet le plus infime, voire le plus anodin de la nature ou de la réalité, peut, une fois peint, plaire à l'œil sous cette forme de tableau.

» Rien n'est anodin dans la nature et tout mérite d'être étudié ou reproduit dans l'art. 2) L'imitation de la nature comme l'artificialisme. Les productions de l'Art Nouveau seront essentiellement du domaine de l'architecture et des arts décoratifs.

Cette pétrification, cette immobilisation de ces végétaux ou formes vivantes dans la matière solide semble étrange pour l'amateur d'art.

Il y a comme une dissonance entre la matière et la forme.

A-t-on déjà vu une fleur de trois mètres de haut en métal, comme les entrées de métro d'Hector Guimard ? Ce penchant paradoxal du kitsch pour les formes. »

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