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Qu'est-ce qu'un homme civilisé ?

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« Termes du sujet: HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. Problématique: Être civilisé, c'était autrefois affirmer son appartenance à la civilisation par excellence, l'occidentale, par opposition aux peuplades dites primitives.

Si l'ouverture a succédé au mépris, on peut plus sereinement se demander si toutes les cultures ont la même capacité de promouvoir la liberté de l'individu. Introduction Le vingtième siècle nous a appris que le développement technologique et économique n'empêche pas le développement des atrocités et de l'inhumanité : il y a donc visiblement plusieurs critères possibles de la notion de « civilisation », ce qui nous oblige à tenter d'en penser l'unité, c'est-à-dire à rechercher l'essence de la notion. L'adjectif « civilisé » ne fait que renforcer la confusion : dans son sens courant, il est dépositaire d'une valeur, il est laudatif (ses contraires, comme « barbare » et « sauvage » seront alors péjoratifs).

Dans son sens propre, l'adjectif « civilisé » exprime l'appartenance à un groupe culturel donné.

Ce sont ces deux sens du mot qu'il faut articuler, le premier, porteur de valeur et de normativité, et le second, qui désigne un état de fait : la culture est-elle alors une norme ou un fait ? I - Ya-t-il des critères de la civilisation ? a) A partir de quoi ou de quand peut-on parler de civilisation ? Telle est la question qu'il faut d'abord poser.

Le mot de civilisation porte en effet en lui l'idée d'un avancement, d'un progrès, qui fait qu'il ne se confond pas avec le mot « culture ».

Dans la civilisation, il y a quelque chose de plus constitué, de plus sédimenté que dans une culture : on peut, par exemple, parler d'une culture hip-hop, et non d'une civilisation hip-hop, ce qui montre qu'on ne parle de civilisation que pour un ensemble de phénomènes relativement stables et récurrents.

On peut donc partir de l'idée que la civilisation est un ensemble constitué de cultures.

Hegel faisait de la culture une manifestation de l'esprit subjectif là où la civilisation est une manifestation de l'esprit objectif : la civilisation est alors le devenir de la culture, qui n'est que virtuellement civilisation.

Que manque-t-il à la culture pour être civilisation ? Mauss repère une différence de volume entre la première et la seconde, pour aboutir sur l'idée que la civilisation a une aire et une forme.

La question du critère de définition ne s'en voit que redoublée. b) Comment en effet échapper à un critère évolutif ? Si c'est la dimension temporelle qui fait la différence spécifique entre culture et civilisation, il faut bien pouvoir dire à un moment, c'est-à-dire selon un critère évolutif, que l'on est entré dans l'ère de la civilisation.

Or, aucun critère évolutif ne paraît satisfaisant.

Si c'est la possession d'un langage écrit, il faut exclure les Aztèques, si c'est l'urbanisation avancée, il faut exclure les sociétés rurales ; bref, le défaut majeur du critère évolutif est qu'il ne peut être qu'exclusif.

Mais en même temps, il paraît abstrait de renoncer au critère évolutif : quand Freud, dans Malaise dans la civilisation, décèle une agressivité fondamentale en chacun, et présente une civilisation comme une victoire précaire d'une pulsion de vie contre une pulsion de mort, il nous donne certes une clé pour comprendre les soubresauts d'une société, mais il faut tout de même admettre que cette société est déjà constituée, ce qui repose la question de savoir sur quel critère on se fonde.

La question du critère est donc aporétique.

Adopter un critère de civilisation, c'est toujours se promettre d'exclure ceux qui n'y obéiront pas : et c'est là tout le poids du sens courant et laudatif de la notion.

Mais sans ce critère, nous ne pourrions esquisser qu'une typologie disparate d'exemples, sans ligne directrice, et sans répondre à la question posée. II — La notion de civilisation comme notion opératoire a) Dans notre emploi du mot « civilisation » sommeille souvent une bonne conscience occidentale satisfaite d'ellemême.

Nous aimons à penser que le développement technologique et le maniement d'abstractions font de notre mode de vie un modèle de civilisation achevée.

C'est ici le sens opératoire du mot « civilisation » qui joue : cela signifie que nous investissons ce mot de nos certitudes, au risque de tomber dans l'ethnocentrisme.

Lévi-Strauss a dénoncé cet ethnocentrisme, qui repose à ses yeux sur un « faux évolutionnisme » (dans Race et Histoire) d'autant plus insidieux et perfide qu'il tend à présenter toutes les autres civilisations et cultures comme des étapes qui mènent au stade où nous sommes arrivés. «Habitudes de sauvages», «cela n'est pas de chez nous», etc.

Autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères.

Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or, derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire «de la forêt», évoque aussi un genre de vie animale par opposition à la culture humaine.

Dans les deux cas, on refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle; on préfère rejeter. »

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