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L'HOMME CIVILISÉ EST DÉPRAVÉ - ROUSSEAU

Extrait du document

« L'homme sauvage, quand il a dîné, est en paix avec toute la nature, et l'ami de tous ses semblables. S'agit-il quelquefois de disputer son repas ? Il n'en vient jamais aux coups sans avoir auparavant comparé la difficulté de vaincre avec celle de trouver ailleurs sa subsistance et comme l'orgueil ne se mêle pas du combat, il se termine par quelques coups de poing. Le vainqueur mange, le vaincu va chercher fortune, et tout est pacifié, mais chez l'homme en société, ce sont bien d'autres affaires ; il s'agit premièrement de pourvoir au nécessaire, et puis au superflu ; ensuite viennent les délices, et puis les immenses richesses, et puis des sujets, et puis des esclaves ; il n'a pas un moment de relâche ; ce qu'il y a de plus singulier, c'est que moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire ; de sorte qu'après de longues prospérités, après avoir englouti bien des trésors et désolé bien des hommes, mon héros finira par tout égorger jusqu'à ce qu'il soit l'unique maître de l'univers. Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au' moins des prétentions secrètes du coeur de tout homme civilisé. » ROUSSEAU

« « L'homme sauvage, quand il a dîné, est en paix avec toute la nature, et l'ami de tous ses semblables.

S'agit-il quelquefois de disputer son repas ? Il n'en vient jamais aux coups sans avoir auparavant comparé la difficulté de vaincre avec celle de trouver ailleurs sa subsistance et comme l'orgueil ne se mêle pas du combat, il se termine par quelques coups de poing.

Le vainqueur mange, le vaincu va chercher fortune, et tout est pacifié, mais chez l'homme en société, ce sont bien d'autres affaires ; il s'agit premièrement de pourvoir au nécessaire, et puis au superflu ; ensuite viennent les délices, et puis les immenses richesses, et puis des sujets, et puis des esclaves ; il n'a pas un moment de relâche ; ce qu'il y a de plus singulier, c'est que moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire ; de sorte qu'après de longues prospérités, après avoir englouti bien des trésors et désolé bien des hommes, mon héros finira par tout égorger jusqu'à ce qu'il soit l'unique maître de l'univers.

Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au' moins des prétentions secrètes du coeur de tout homme civilisé.

» ROUSSEAU QUESTIONS 1.

Étudiez méthodiquement la comparaison faite par l'auteur entre l'homme sauvage et l'homme civilisé. 2.

Expliquez et illustrez au moyen d'exemples appropriés : « moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire ». 3.

Expliquez : « Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au moins des prétentions secrètes du coeur de tout homme civilisé.

» 4.

La nature humaine est-elle, d'après vous, responsable de la violence entre les hommes ? QUESTION 1 Rousseau imagine l'homme sauvage.

II dit bien au début du Discours sur l'inégalité que l'état de nature n'a aucun fondement historique.

C'est une hypothèse de travail : « [...] car ce n'est pas une légère entreprise de démêler ce qu'il y a d'originaire et d'artificiel dans la nature actuelle de l'homme, et de bien connaître un état qui n'existe plus, qui n'a peut-être point existé, qui probablement n'existera jamais, et dont il est pourtant nécessaire d'avoir des notions justes, pour bien juger de notre état présent ». Rousseau décrira donc l'homme à l'état de nature sous trois angles : – l'angle physique (la santé), – l'angle métaphysique (la liberté), – l'angle moral (la bonté naturelle). Rousseau fait dans ce texte le tableau moral de l'homme sauvage puis celui de l'homme civilisé : – L'homme sauvage ne connaît ni le bien ni le mal.

Lorsqu'il a satisfait sa faim, il reste calme, arnica].

Son instinct naturel de conservation le préserve des excès.

«L'amour de soi-même est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation » écrit Rousseau. – Alors que l'homme sauvage est moralement neutre, l'homme civilisé connaît le bien et le mal.

II ne se contente plus de l'amour de soi-même mais de l'amour-propre qui « n'est qu'un sentiment relatif, factice et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre ». – De même, l'homme sauvage, guidé uniquement par la bonté naturelle, reste modéré alors que l'homme civilisé, qui connaît la loi morale grâce à la raison, est l'homme de tous les excès.

Cela semble paradoxal. Résumons : D'un côté, l'homme sauvage, sans raison, sans morale, mais naturellement bon, modéré. De l'autre, l'homme civilisé, pourvu d'une raison en acte, moral, mais violent, passionné... QUESTION 2 « Moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire. L'homme civilisé est avide de puissance, méchant, violent.

C'est un calculateur.

Le luxe engendre la décadence.

« Le luxe est un remède beaucoup pire que le mal qu'il prétend guérir ; ou plutôt, il est lui-même le pire de tous les maux, dans quelque État grand ou petit que ce puisse être, et qui, pour nourrir les foules de valets et de misérables qu'il a faits, accable et ruine le laboureur et le citoyen.

Semblable à ces vents brûlants du midi qui, couvrant l'herbe et la verdure d'insectes dévorants, ôtent la subsistance aux animaux utiles et portent la disette et la mort dans tous les lieux où ils se font sentir.

» (Discours sur l'origine de l'inégalité) Rousseau critique le luxe et la propriété qui génèrent la puissance matérielle d'asservir les autres.

Ce qui vaudra, ce qui sera valeur, ne sera plus l'être mais l'avoir : « Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège.

». »

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