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L'homme n'est il qu'un animal civilisé ? ?

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Incipit : Vouloir donner une définition de l’homme est pratique courante dans l’histoire de la philosophie, en partant du bipède sans plumes de Platon (rallié par Diogène) jusqu’à l’animal raisonnable des classiques, héritiers d’Aristote. Mais progressivement, la question de la définition correcte se réduit à n’être qu’exemple de logique et perd de sa teneur ontologique essentielle, ou essentialiste. Aujourd’hui, tenter une définition de l’homme, individu ou genre, tend à se faire sur le mode privatif (c’est le cas de l’énoncé : “ n’est que quelque chose [et rien de plus] ”). On sait que tout vivant est réduit, ou du moins réductible à de la matière, séquençable en ADN, c’est-à-dire biologisable. L’état de fait du vivant réduit à son statut biologique, on attribue des prédicats spécifiques et différentiels : “ être civilisé ” en est exemplaire. Il s’agit de se distinguer, en tant qu’homme, par différenciation d’un tout biologique auquel l’homme appartient.

 

Thèmes : L’analyse successive des deux thèmes principaux de l’énoncé, articulés sous forme de complexes de notions, doit assurer l’explicitation de sa problématique. Le premier est constitué du rapport définitionnel de l’homme à l’animalité, tandis que le second repose sur la définition de l’acception à donner à l’état “ être civilisé ”, et au terme de civilisation. (i) L’homme et l’animal : le recours à l’étymologie est ici d’une utilité non négligeable. Au niveau étymologique en effet, être animal c’est d’abord être animé, et être animé, c’est être en état de possession d’une âme, principe de vie. L’animalité est ainsi le principe définitoire du règne vivant. A ceci près qu’une précision doit être alors apportée, et ceci en référence à l’acception aristotélicienne de la notion d’âme : cette dernière connaît en effet une structure hiérarchisée selon quatre types (comprenant le règne végétal). Le critère distinctif de l’âme humaine, au regard des autres vivants appartenant au règne périssable de la nature, est définitivement son caractère rationnel. (ii) La civilisation et l’état civilisé : Tenter ici une définition est beaucoup plus complexe, et la réduction étymologique est bien sûr insatisfaisante (tendant plus à rapprocher le terme de la civilité au sens d’un état de société normé et conventionnel structuré par des pratiques politiques). Il faut donc procéder à une analyse du terme de civilisation, c’est-à-dire à sa décomposition en termes de signification. Afin d’en simplifier la signification, retenons deux dimensions (ou champs de la réalité) comme composants de la notion de civilisation : société et culture. Conjonction ou addition de la société et de la culture égale à civilisation. La culture n’est bien sûr pas ici à entendre au sens d’un ministère, mais plutôt au sens de la culture d’un peuple ou d’une population, bref d’un ensemble d’individus définis par le partage commun d’un patrimoine constitué d’un ensemble de pratiques et de savoirs. Tandis que la société se définit, au sens le plus général, par l’institutionnalisation normée de pratiques et d’attitudes politiques. Société et culture ont en partage le trait commun d’être concevables comme des architectures rationnelles structurellement organisées. La structure apparaît comme le principe définitoire de l’état de “ civilisé ”.

 

Problème : Maintenant que sont éclairés ces deux complexes notionnels (animalité humaine et civilisation) qui forment les thèmes principaux de l’énoncé, faisons retour à la formulation problématique de ce dernier. Le problème est d’ordre prédicatif, c’est-à-dire définitionnel : la question consiste en effet à se demander si la prédication “ être un animal civilisé ” épuise la définition de l’homme, ou mieux encore, en procédant selon la méthode aristotélicienne de la définition par genre et différence spécifique, si “ être civilisé ” est un prédicat distinctif (différence…) de l’homme comme espèce (…spécifique) appartenant au genre animal. Donc : “ être civilisé ” constitue-t-il, ou non, un critère prédicatif nécessaire de l’animal humain – où par nécessaire nous indiquons dudit prédicat qu’il opère sur le genre (animal) une détermination, c’est-à-dire une restriction, qui permette l’identification spécifique (homme). En outre, il faut se demander : “ être civilisé ” constitue-t-il, ou non, un critère prédicatif suffisant de l’animal humain – où  suffisant que prédicat le prédicat doit satisfaire aux conditions ontologiques d’identification, c’est-à-dire ne convenir qu’à un seul type ou ensemble d’individus et convenir à l’intégralité de l’ensemble (rien d’autre que l’homme ne doit être dit civilisé ; tout homme doit être dit civilisé). Ceci revient à se demander s’il est ou non satisfaisant (en termes définitionnels) de réduire l’homme à l’animalité civilisée.

« Incipit : V ouloir donner une définition de l'homme est pratique courante dans l'histoire de la philosophie, en partant du bipède sans plumes de Platon (rallié par Diogène) jusqu'à l'animal raisonnable des classiques, héritiers d'A ristote.

Mais progres sivement, la question de la définition correcte s e réduit à n'être qu'exemple de logique et perd de sa teneur ontologique essentielle, ou essentialis te.

A ujourd'hui, tenter une définition de l'homme, individu ou genre, tend à s e faire s ur le mode privatif (c'es t le c a s de l'énoncé : “ n'est que quelque chose [et rien de plus ] ”).

O n sait que tout vivant est réduit, ou du moins réduc tible à de la matière, séquençable en A D N , c'est-à-dire biologisable.

L'état de fait du vivant réduit à son statut biologique, on attribue des prédicats spécifiques et différentiels : “ être civilisé ” en est exemplaire.

Il s 'agit de s e distinguer, en tant qu'homme, par différenciation d'un tout biologique auquel l'homme appartient. Thèmes : L'analyse suc cessive des deux thèmes principaux de l'énoncé, articulés s ous forme de complexes de notions, doit assurer l'explicitation de sa problématique.

Le premier es t constitué du rapport définitionnel de l'homme à l'animalité, tandis que le sec ond repos e sur la définition de l'acception à donner à l'état “ être civilisé ”, et au terme de c ivilisation.

(i) L'homme et l'animal : le recours à l'étymologie est ici d'une utilité non négligeable.

A u niveau étymologique en effet, être animal c'es t d'abord être animé, et être animé, c'est être en état de possession d'une âme, princ ipe de vie.

L'animalité es t ainsi le principe définitoire du règne vivant.

A ceci près qu'une précision doit être alors apportée, et ceci en référence à l'acception aristotélicienne de la notion d'âme : cette dernière c onnaît en effet une struc ture hiérarchisée selon quatre types (comprenant le règne végétal).

Le critère distinc tif de l'âme humaine, au regard des autres vivants appartenant au règne périssable de la nature, est définitivement son caractère rationnel.

(ii) La civilisation et l'état civilisé : T enter ici une définition est beaucoup plus complexe, et la réduction étymologique est bien sûr insatisfaisante (tendant plus à rapprocher le terme de la c i v i l i t é a u s e n s d ' u n é t a t d e s o c iété normé et conventionnel structuré par des pratiques politiques).

I l faut donc procéder à une analyse du terme de civilis ation, c'est-à-dire à sa déc omposition en termes de signification.

A fin d'en simplifier la signification, retenons deux dimensions (ou champs de la réalité) comme composants de la notion de civilisation : société et culture.

C onjonction ou addition de la société et de la culture égale à civilisation.

La culture n'est bien sûr pas ici à entendre au sens d'un ministère, mais plutôt au sens de la culture d'un peuple ou d'une population, bref d'un ens emble d'individus définis par le partage c ommun d'un patrimoine constitué d'un ens emble de pratiques et de savoirs.

Tandis que la soc iété se définit, au s ens le plus général, par l'institutionnalisation normée de pratiques et d'attitudes politiques.

Société et culture ont en partage le trait commun d'être c oncevables comme des arc hitec tures rationnelles structurellement organisées.

La structure apparaît comme le principe définitoire de l'état de “ civilisé ”. Problème : Maintenant que sont éclairés ces deux complexes notionnels (animalité humaine et c ivilisation) qui forment les thèmes principaux de l'énoncé, faisons retour à la formulation problématique de ce dernier.

Le problème est d'ordre prédicatif, c'est-à-dire définitionnel : la ques tion consiste en effet à se demander si la prédication “ être un animal civilisé ” épuis e la définition de l'homme, ou mieux encore, en proc édant selon la méthode aristotélicienne de la définition par genre et différence spécifique, si “ être c ivilisé ” est un prédicat distinctif (différence…) de l'homme comme espèce (…spécifique) appartenant au genre animal.

D onc : “ être c ivilisé ” constitue-t-il, ou non, un critère prédic atif nécessaire de l'animal humain – où par nécessaire nous indiquons dudit prédicat qu'il opère sur le genre (animal) une détermination, c'es t-à-dire une restriction, qui permette l' identification spéc ifique (homme).

En outre, il faut se demander : “ être civilisé ” constitue-t-il, ou non, un c ritère prédicatif suffisant de l'animal humain – où suffisant que prédicat le prédicat doit satisfaire aux conditions ontologiques d'identification, c'est-à-dire ne convenir qu'à un seul type ou ensemble d'individus et convenir à l'intégralité de l'ensemble (rien d'autre que l'homme ne doit être dit civilisé ; tout homme doit être dit civilis é).

C eci revient à s e demander s'il est ou non satisfaisant (en termes définitionnels) de réduire l'homme à l'animalité civilisée. * I.

L'animalité humaine Deux tendances peuvent être opposées à une limitation de la définition de l'homme par son état d'animal civilisé.

Si nous avons ins isté sur la dimension struc turellement organisée de la civilis ation, tant sur le plan culturel que sociétal, c'es t pour y souligner le caractère fondamentalement rationnel.

Tout dans la civilisation intègre un ordre fondé en raison (ce qui n'implique pas qu'une telle fondation soit connais sance de la vérité, ou s avoir scientifique positif). T out, dans la s tructure civilisationnelle humaine a s a raison d'être et peut être justifié et expliqué – pensez au struc turalisme anthropologique de LéviStrauss.

A ussi, s'opposer à la définition stricte définition de l'homme par son état d'animal civilisé doit précis ément insister son animalité, et l'irrationalité de cette dernière.

D eux voies donc peuvent se présenter : d'une côté, insister sur la réductibilité de l'homme a son statut biologique, voire à son patrimoine génétique (l'homme n'est qu'un être naturel dans la nature) – ceci implique une réduc tion : avant d'être animal civilisé, l'homme est d'abord et avant tout animal ; d'un autre côté, faire valoir l'irrationalité individuelle et collective de l'homme, en dévoilant ce qui semble échapper à la raison, par exemple les struc tures de l'inconscient, l'importanc e des affects primitifs dans la comportement des hommes, etc.

– il y a ici augmentation de la définition de l'homme : en plus d'être animal civilisé, l'homme est également pathos.

Il est à noter que les deux branches de cette alternative reproduis ent l'universalité qui pourtant est le trait définitionnel fondamental des produc tions de la rationalité.

C ette remarque est d'importance.

C ar c e qui par elle se montre est que la définition de ce qui en l'homme se soustrait à sa dimension civilisée est le produit d'institution propre à la civilisation elle-même : pouvoir dire de l'homme qu'il est avant tout un être biologique, ou plus simplement un animal, suppos e d'avoir une conception de l'animalité humaine, et donc de l'animalité (à l'aide des s c i e n c e s de la nature, ou de mythes relatifs à la détermination c onceptuelle de la nature), pouvoir révéler la part irrationnelle de l'homme exige l'exercice de la rationalité (par la constitution d'un savoir psychologique, psycho-physiologique ou psychanalytique, par exemple).

En bref, la définition de ce qui en l'homme n'est pas civilis é repose sur l'existence même de la civilis ation : c'est un produit d'une structure cognitive rationnelle, et donc culturelle. II.

L'état civilisé de l'homme L'état civilisé de l'animal humain paraît en épuis er ainsi la définition.

L'homme est strictement identifiable à s on état civilisé.

Seul l'homme peut, parmi les êtres animés, s e voir attribuer le prédicat “ civilisé ”, et à tous les hommes convient ce même prédicat.

Il y a dès lors deux sens à donner au terme ‘état' dans ‘état civilisé' : dans un premier s ens, il est le fait de l'individu en tant qu'il partic ipe et appartient à un tout collectif qui l'englobe et le dépasse ; dans un second sens , il marque la disposition de l'homme en état d'être civilis é, c'est-à-dire ayant intégré un c ertain nombre de contenus structurels de pensées qui détermine son activité pratique, son comportement.

Dans les deux cas, il s'agit d'un état de fait.

Et contrairement à l'état de nature, il n'est pas un fiction, serait-elle heuris tique (comme c'est le cas chez Rousseau et ses contemporains théoric iens du contrat civil (à noter : la fait que l'état de nature ne soit qu'une fiction théorique dont la finalité est de servir d'instrument à la réflexion sur l'état politique de l'homme démontre à nouveau qu'il n'y a pas pour l'homme d'extériorité à la civilisation)).

L'état de civilisé est, pour l'animal humain, total et intégral.

A ussi la prédic ation “ être un animal civilisé ” épuise la définition de l'homme, “ être civilisé ” est un prédicat distinctif de l'homme comme espèce appartenant au genre animal.

D onc : “ être civilisé ” constitue un prédicat nécessaire et suffisant de l'animal humain : l'homme n'es t qu'un animal civilisé, et c'est tout ce qu'il peut être, ou plutôt, ce qu'il est toujours déjà de fait. * Conclusions - - ‘C ivilisé' est le prédicat nécessaire à la détermination de l'animal humain (par différence spécifique avec les autres es pèces du genre animal), et donc une condition de l'être homme, sa condition.

Il en définit l'état individuel.

S'il n'y a pas civilisation, il n'y a pas homme – l'homme individuel ne peut exister, et n'existe pas.

C eci tient au fait que nous avons adopter une conception extrêmement large de la notion de ‘civilisation'. ‘C ivilisé' est un prédicat suffisant de l'animal humain (par identification spéc ifique tout être participant de l'es pèce humaine), et donc une c ondition de l'être homme en collectivité, sa condition. Le problème consis te dans la poss ibilité de donner un acception plus res treinte au terme de ‘civilisation'.

C eci peut se produire en l'investissant, par exemple, de connotations axiologiques (valeurs morales, etc.).

Et alors, il y aurait distinction et opposition entre civilisation et barbarie.

A uquel cas bien sûr, la définition de l'homme c omme animal civilisé ne saurait être ni suffisante, ni nécessaire.. »

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