Qu'est-ce qui empêche le progrès des sciences ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
Sciences : On utilise généralement le terme « science » pour désigner un certain type de savoir.
Science vient d'ailleurs du latin
scientia, qui est lui-même un dérivé de scire, « savoir ».
Pour les anciens Grecs, la science constitue un savoir supérieur, une
connaissance éminente qui a deux caractéristiques principales : elle porte sur l'universel car elle s'oppose aux opinions particulières et
elle est purement théorique car elle diffère du savoir-faire pratique.
Ils considéraient par ailleurs que la philosophie était la science
suprême.
Depuis l'époque moderne cependant, le modèle exemplaire de la science est plutôt celui d'une connaissance scientifique
positive, basée sur la méthodologie de la science expérimentale.
C'est-à-dire une science qui repose sur des critères précis de
vérification permettant une objectivité des résultats.
Progrès scientifique : Le terme « progrès » vient du latin progressus qui exprime l'action d'avancer.
On caractérise ordinairement par
ce mot une marche en avant, un mouvement dans une certaine direction, un développement.
Cela ne doit pas nous pousser à
considérer que le progrès va nécessairement vers le mieux : on parle du « progrès d'une maladie ».
Ainsi le progrès peut être en bien
comme en mal.
Toujours est-il que notre conception du progrès trouve principalement son fondement dans l'esprit du siècle des
Lumières, qui invoquait le « mythe du progrès » pour caractériser les constantes améliorations de la connaissance et de la maîtrise de
la nature (le progrès scientifique), ainsi que des mœurs, de la politique et des arts (progrès de la civilisation).
On a donc tendance à
penser que le progrès scientifique est à la fois inéluctable, qu'il va vers le mieux et qu'il est un bien.
Le progrès des sciences nous
apparaît alors généralement comme un progrès continu, comme si on accumulait toujours plus de connaissances.
Toutefois, l'histoire
des sciences remet en cause une telle conception, car l'on connaît des « révolutions scientifiques », des ruptures et des retours à
d'anciennes théories.
D'autre part, le concept de progrès scientifique pose question, car la science a pour but de découvrir la vérité, or
la vérité étant atemporelle, elle est la même de toute éternité.
Problématisation :
On a tellement coutume de penser que l'on « n'arrête pas le progrès » que ce dernier nous apparaît intuitivement comme impossible à
empêcher.
Toutefois, l'histoire des sciences nous enseigne que le progrès scientifique n'est pas continu, qu'il arrive que les sciences
stagnent, et même que ce progrès passe par des retours en arrière.
Comment concilier cela avec l'idée d'un progrès qui pousserait les
sciences à se rapprocher toujours plus de la vérité ? Si quelque chose empêchait les sciences de se rapprocher de la vérité, pourraiton encore parler de sciences ?
Proposition de plan :
1.
L'opinion courante : rien n'empêche le progrès des sciences.
a) D'après Descartes, Dieu, étant par essence vérace (un être absolument parfait et puissant ne
pouvant chercher à tromper), il a doté l'homme des moyens de connaître le monde en soi (le
monde tel qu'il est dans l'esprit de son créateur, Dieu).
b) Par suite, Descartes, dans son Discours de la méthode, s'exprime ainsi : « Repassant mon
esprit sur tous les objets qui s'étaient jamais présentés à mes sens, j'ose bien dire que je n'y ai
remarqué aucune chose que je ne pusse assez commodément expliquer par les principes que
j'avais trouvés.
» (Discours de la méthode, sixième partie) Ainsi, d'après ce philosophe, le
progrès des sciences est continu et cumulatif.
Il ne reste plus à l'homme qu'à parcourir à l'aide
de la science « ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont
coutume de se servir, pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations » (Discours de la
méthode, deuxième partie) pour découvrir petit à petit la vérité.
c) Dès lors, rien n'empêche réellement le progrès des sciences, sinon la complexité de la nature
qu'il convient de diviser en problèmes simples.
Mais il ne s'agit jamais que du progrès de la
science lui-même que de parvenir petit à petit à une lecture toujours plus fine de la nature.
Parvenir à la connaissance de l'ensemble de la nature ne serait ainsi pour l'homme de science
qu'une question de temps.
Transition : Cependant, l'histoire des sciences ne remet-elle pas en cause une telle conception
de la science ?
2.
L'histoire des sciences montre que le progrès scientifique n'est pas continu.
a) L'histoire des sciences tend à infirmer l'idée d'un progrès continu de la science.
En effet, si l'on prend par exemple l'astronomie, on
se rend compte que le système qui avait porté ses fruits pendant de nombreux siècles, celui qui plaçait la Terre au centre de l'univers
et qu'on devait à Ptolémée, s'est vu réfuté par un autre système où le soleil était placé au centre de l'univers, celui de Copernic.
b) On parle alors de « révolution copernicienne » pour souligner le fait que ce changement de perspective a opéré une réelle rupture
dans le domaine scientifique.
Il s'agit d'une rupture parce que l'on a dû abandonner la plupart des postulats scientifiques alors en
vigueur pour aller de l'avant.
En effet, les anciennes conceptions scientifiques bloquaient le progrès de la science, elles faisaient
obstacle à l'évolution de celle-ci.
Bachelard parle à ce propos d' « obstacle épistémologique ».
c) Ce concept d' « obstacle épistémologique » illustre le fait que les théories en vigueur favorisent toujours certaines formes de
pensées et en rendent du coup d'autres impossibles.
Les théories encouragent en effet certaines habitudes intellectuelles, et la facilité
pousse alors les scientifiques à s'enfermer dans des thèses qui n'avancent plus.
Dans une configuration théorique donnée, la pensée, à
force d'utiliser certains raisonnements ou certaines images – qui, éventuellement, furent féconds en leur temps –, en vient à trouver
ceux-ci évidents et hautement explicatifs, à leur conférer une valeur toute particulière, à s'attacher à eux, et, du coup, à les invoquer à
tout propos et à les appliquer presque automatiquement aux objets les plus divers.
Bachelard écrit ainsi dans La formation de l'esprit
scientifique que « Notre esprit […] a une irrésistible tendance à considérer comme plus claire l'idée qui lui sert le plus souvent » et
qu'ainsi, « il vient un temps ou l'esprit aime mieux […] les réponses que les questions.
Alors la croissance spirituelle s'arrête ».
Transition : Cela étant posé, y a-t-il encore un sens à parler de vérité scientifique, si ce qui était affirmé par la science un jour peut
être réfuté par cette dernière le lendemain ?
3.
Postuler le progrès des sciences implique de revoir son rapport à la vérité.
a) La science se pose généralement comme objectif de connaître la vérité.
Mais si la science peut être le sujet de « révolution », si ce
qu'elle tenait pour vrai un jour peut être tenu pour faux le lendemain, comment croire encore à ce qu'on nous dit être vrai
aujourd'hui ? Il se peut très bien que survienne demain une révolution qui invalidera totalement nos croyances actuelles.
Si tel est le.
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