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Qu'est-ce qu'être intelligent ?

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« Le grand psychologue contemporain Piéron dit que le mécanicien, le chef, l'homme politique, le mathématicien, le philosophe, chacun dans son domaine, fait preuve d'intelligence, ce En général, affirme Binet, l'intelligence apparaît comme la fonction maîtresse, l'aptitude par excellence.

» De tous temps, les philosophes se sont préoccupés de donner de l'être intelligent une définition adéquate.

Cependant, leurs efforts n'ont pas permis d'arriver à une solution qui résoudrait le problème dans sa totalité.

La psychologie contemporaine a voulu se dégager des conceptions de la philosophie spéculative et cerner le problème par des approches expérimentales.

Binet disait en plaisantant : « Être intelligent, c'est répondre à mes tests ».

La psychologie scientifique a retenu a priori, un certain nombre de critères d'intelligence et a entrepris ses recherches sur cette base. Les travaux les plus anciens et les plus célèbres à ce sujet sont ceux du Professeur Binet et de son collaborateur Simon.

Ils s'étaient donné pour tâche de dépister dans les écoles primaires de Paris, les enfants, qu'une faiblesse intellectuelle empêchait de poursuivre leurs études au même rythme que leurs camarades du même âge.

Ils établirent donc une série de questions allant de la plus simple à la plus compliquée.

A l'aide de ces « tests », ils construisirent une échelle d'intelligence.

Si par exemple, un enfant de cinq ans ne répondait qu'aux deux tiers des questions destinées aux enfants de cet âge, ils le considéraient en retard d'environ deux ans.

En dessous d'un cinquième des réponses exactes, il était considéré comme anormal.

Aux yeux mêmes des auteurs, cette première échelle comportait des imperfections auxquelles ils remédièrent.

La première amélioration fut de grouper les « tests » par âge, ce qui amena le concept d'« âge mental ».

Un enfant a l'âge mental fixé par la réussite aux tests relatifs à cet âge.

Si par exemple, un enfant de cinq ans, réussit seulement aux tests étudiés pour trois ans, il a trois ans ; si au contraire, il réussit aux tests de six ans, il a six ans.

Cette idée nouvelle d'âge mental, introduit la notion de niveau mental.

Mais on ne peut pas dire qu'un individu est intelligent ou non sans savoir si sa performance est au-dessus ou au-dessous de la moyenne statistique.

Pour combler cette lacune, une nouvelle notion a été introduite : La notion de quotient intellectuel.

C'est le rapport entre l'âge mental donné par la réussite aux tests et l'âge chronologique. Les travaux de Binet-Simon ont ainsi mis en évidence le rapport existant entre le développement physique et le développement intellectuel.

Cependant lorsqu'on a voulu appliquer ce système de cotation aux adultes, il a perdu toute valeur.

En effet, l'échelle de Binet-Simon est une échelle de développement qui devient sans objet pour l'adulte, chez qui le niveau mental « baisse » lentement mais de façon régulière et constante à partir de 20 ans environ. Pour voir donc, si un adulte peut être dit « intelligent », on ne fera pas appel à l'échelle de Binet-Simon mais on mesurera le niveau intellectuel.

Pour cela, on construira les batteries de tests à partir d'épreuves relatives aux différentes facultés reconnues aux gens dits intelligents. On étudiera soit la démarche effectuée : compréhension, invention, organisation, logique, soit l'objet auquel elle s'applique : idées, mots, relations spatiales ou mécaniques. Quelle que soit la démarche expérimentale effectuée et les résultats obtenus, il ressort des travaux des psychologues expérimentaux, que ce soit Binet, Piéron, Charkes, Therndike, que l'homme ne naît pas « aussi intelligent », qu'il le sera à 18 ou 20 ans et qu'il se spécialisera dans une ou plusieurs formes d'intelligence. L'enfant dans son jeune âge est incapable d'organiser d'emblée un système de rapports entre lui, l'objet et l'instrument.

A un moyen inefficace pour la fin qu'il convoite, il en substituera un autre au hasard.

Ce n'est que vers 7 à 8 ans, qu'il prend conscience du rapport entre le but à atteindre et les moyens qu'il possède.

Puis son intelligence ira en se développant jusqu'à sa majorité, sous l'influence du milieu social, guidée par les tendances et soutenue par l'exercice de ses facultés et l'ensemble de son comportement.

Non seulement, l'intelligence se développe, mais elle peut se diversifier, se spécialiser et se présenter sous plusieurs aspects. On ne peut d'ailleurs isoler définitivement chez tel ou tel sujet, une forme précise de l'intelligence, on peut tout au plus, essayer d'en découvrir chez lui, le profil grâce à une série d'épreuves appropriées.

Plusieurs facteurs d'intelligence ont été ainsi mis en lumière.

On peut en fait, classer les formes d'intelligence, selon différents points de vue. Intelligence pratique nécessaire à l'utilisation des outils ou instruments, intelligence logique dans le domaine des idées.

On peut aussi considérer l'opération intellectuelle nécessaire à la réussite de l'épreuve : compréhension d'une relation, invention d'un moyen.

On peut aussi étudier les genres d'intelligence : Possibilité d'abstraction, relation verbale, numérique, intelligence concrète, mécanique, sociale.

On peut aussi, comme l'a fait Therndike, envisager les modalités de l'intelligence en étudiant la rapidité apportée à la solution, la profondeur de la recherche, l'extension ou possibilité pour un même individu de vaincre des épreuves de tous ordres. Tous ces aspects sous lesquels l'intelligence se montre à l'observateur et à l'expérimentateur ne sont en fait que les différentes faces d'une même aptitude.

Les psychologues modernes, comme leurs prédécesseurs, ont eu du mal à se mettre d'accord pour donner de l'être intelligent ou de l'intelligence, une définition donnant satisfaction totale et résumant en une formule synthétique, toutes les richesses d'une telle faculté.

Cependant, les résultats de la psychologie appliquée, confiante dans les théories de la psychologie philosophique éclairent le problème d'une lumière plus vive. Les définitions des anciens sont en général, trop partielles et ne cernent qu'un aspect du problème.

On ne peut nier qu'être intelligent, c'est résoudre un problème, mais ce n'est pas toute l'intelligence.

On dit aussi qu'être intelligent, c'est saisir le rapport existant entre deux termes d'un raisonnement, mais c'est rejeter du domaine de l'intelligence, l'invention, l'intelligence pratique.

Ceux qui lient l'intelligence et le langage réduisent son pouvoir au seul domaine des relations symboliques.

Mais être intelligent, c'est encore savoir manipuler les outils, conduire des engins.

Être intelligent, c'est savoir patienter. Faire preuve d'intelligence, c'est savoir faire au bon moment, l'acte qui conduit à la réussite — c'est aussi mettre en oeuvre, toutes ses connaissances pour comprendre, et tous ses moyens pour réussir.

C'est arriver à une forme supérieure d'organisation, et d'équilibre. C'est rétablir sans cesse cet équilibre entre soi-même et le monde qui nous entoure, et ce non pas grâce à une faculté particulière, mais par l'activité de notre être tout entier.

Et cette activité plus ou moins souple, plus ou moins mobile, liée au développement de l'individu, et qui a sa place dans la hiérarchie du monde animal fait de lui, un être plus ou moins intelligent, car au fond, l'intelligence est adaptation, et être intelligent, c'est adapter son comportement, ses acquisitions, en vue d'une saisie du milieu qui nous entoure. Si être intelligent, c'est s'adapter en mettant tout en oeuvre, pour y parvenir, en saisissant le rapport qui existe entre le but à atteindre et les moyens disponibles, il semble bien que l'intelligence, comme le voudraient certains, ne soit pas réservée au seul humain et qu'au lieu de reléguer l'animal dans le domaine de l'instinct, on est en droit de le faire participer à l'intelligence universelle.. »

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