qu'est-ce que prouver ?

« Qu'est-ce que prouver ? Divers types de preuves en usage dans tes sciences. INTRODUCTION.

- STUART MIlL a nommé la Logique la science de la preuve.

C'est qu'en effet les sciences qu'elle a pour but de guider vers la vérité sous ses diverses formes n'ont vraiment atteint le terme de leurs recherches que dans la mesure où elles sont capables de prouver la valeur de leurs affirmations. Que faut-il entendre par là? et quelles sont, suivant les objets et les domaines, les diverses façons de prouver ? I.

— LA PREUVE. Employé dans son sens usuel et courant, le terme prouver a une signification très claire.

Il signifie : amener l'esprit de façon indubitable à regarder comme vraie une affirmation, une proposition considérée d'abord comme douteuse.

C'est ainsi qu'on prouve l'existence d'un fait, la sincérité d'un témoin, l'innocence ou la culpabilité d'un accusé. Dans tous les cas, il suffit, pour donner à l'esprit la possession tranquille de la vérité, de mettre la chose à prouver en relation nécessaire avec un élément qui l'exige et qui resterait inintelligible et sans raison suffisante si cette chose n 'existait pas. Dans le domaine scientifique, ce sens reste le même : la preuve est toujours la démarche de l'esprit qui met fin au doute par la présentation d'un raisonnement ou d'un fait entraînant l'évidence de la proposition présentée et capable de déterminer son acceptation. Mais le genre de preuves varie avec les sciences et les objets; et il est intéressant d'en envisager les diverses nuances. II.

— LES PREUVES. A.

La preuve en Mathématiques, c'est la démonstration.

Son -mécanisme consiste essentiellement, pour établir une proposition quantitative, à montrer, à l'aide d'un ou plusieurs intermédiaires et grâce à des artifices variés son identité avec des principes évidents ou déjà démontrés. Qu'on utilise la voie descendante par synthèse qui progresse en partant des définitions jusqu'aux conclusions les plus complexes, on la voie remontante par analyse qui ramène les solutions les plus éloignées aux éléments les plus simples, c'est toujours un lien logique et rationnel dont l'un des termes entraîne l'autre.

Et, dans la démonstration par l'absurde, c'est encore la même force qu'on utilise, en recourant à l'incompatibilité des contradictoires. B.

Avec les sciences de la nature, la vérification expérimentale nous met en face d'un autre genre de preuve. Pour faire accepter la valeur du rapport présenté comme causal et essentiel par l'hypothèse et le transformer en loi nécessaire et universelle, les sciences expérimentales doivent montrer (en s'aidant du raisonnement expérimental et des méthodes et tables inventées dans ce but), que ce rapport est vérifié par les faits.

Il s'agit, en définitive, d'amener ces faits à mettre en lumière que le phénomène B ne peut avoir d'autre raison suffisante à sa production que l'existence et l'action de l'antécédent A. Les sciences morales (psychologie, sociologie), en ce qu'elles ont d'expérimental, participent à ce genre de preuve, tout en donnant à l'activité de l'esprit un champ nouveau, sous le nom de méthode comparative. C.

Mais l'histoire et les sciences de témoignage prennent une autre voie pour nous amener à la certitude sur leur objet : existence et explication de faits absents et passés de la vie sociale et humaine.

Elles y arrivent par la critique historique des documents, monuments et témoignages dont le râle est de montrer que ceux-ci, dûment constatés, n'ont pas d'autre explication et raison suffisante que l'existence même des faits à prouver. CONCLUSION.

- En résumé, l'on peut dire que la preuve c'est l'utilisation par l'esprit humain, pour donner l'évidence sur un objet, des grands principes essentiels de la pensée : identité et raison suffisante, sous leurs diverses formes. Ce n'est, en effet, qu'en s'appuyant sur ces sortes de « crans de sûreté » que progresse la preuve, qu'elle soit déductive, inductive ou historique.. »