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Qu'est-ce que perdre son temps ?

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« Définition des termes du sujet: TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements. Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé. Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée). Introduction • Un paradoxe surgit du contraste entre trois points de vue possibles « perdre son temps » est inévitable puisque le temps se perd en tant que présent devenant passé irréversible ; il est « perdu » du point de vue ontologique ; mais du point de vue psychologique, c'est à une qualité de mémoire que revient la perte ou non du temps : il peut être retrouvé et conservé (Proust).

Enfin du point de vue éthique, le temps perdu est le temps vide stérile, et improductif quand aux valeurs existentielles directrices. • Perdre son temps, n'est-ce pas tomber dans une frivolité stérile, sans conséquences sur le futur ni sur l'enrichissement spirituel du moi ? N'est-il pas un présent fugitif et disparaissant sans effets sur l'avenir et sans créativité réelle ? La question ne renvoie-t-elle pas à une évaluation existentielle, au souverain bien des stoïciens ou au devoir kantien, bref aux valeurs fondamentales d'une éthique ? • Perdre son temps, n'est-ce pas méditer le contraste entre la disparition ontologique du présent, son anéantissement, et le sentiment de propriété attaché à la temporalité ? Ne faut-il pas corriger la catégorie de l'avoir (perdre et gagner) par la catégorie de l'être : être digne de son temps ou non, sans nourrir l'illusion que le sujet est propriétaire de sa temporalité ? I - Le point de vue ontologique : le temps perdu. a) La perte traduit : 1.

l'unicité des instants vécus 2.

l'irréversibilité. 3.

L'indisponibilité du passé. L'irréversibilité de la flèche du temps aboutit à une perte ontologique.

La perte est l'indisponibilité des événements passés.

Ceux-ci sont anéantis, mais ne sont pas des purs inexistants puisqu'ils ont été.

Paradoxe : le sujet vit la temporalité sur le mode de l'avoir « prendre du temps à quelqu'un » dans les registres économiques, financiers, commerciaux alors que le temps est un universel englobant.

Solution : on ne perd pas son temps, mais le réel évoluant dans un temps donné, c'est-à-dire un segment de vie. Sous le sentiment de l'avoir et de la perte, l'idée que le moi est aussi soumis à l'irréversibilité : je ne serai plus jamais celui que j'ai été.

Ce qui est perdu est donc l'être lui-même comme évolution historique indisponible à la perception, à l'action, à la modification en tant qu'être. b) Cette irréversibilité est inséparable de l'évolution irréversible du vivant : naissance, croissance, vieillissement et mort.

Le temps est perçu et pensé à travers ces stades biologiques.

La répétition est donc impossible ; on ne peut que copier imparfaitement un passé ou le caricaturer, sombrer dans le ridicule de la répétition existentielle ou encore exorciser ce « jamais plus » par des ritualisations de l'existence. c) Critique : Le point de vue stoïcien : on ne perd que le présent et le sentiment de perte de la totalité du passé vécu ou du futur (en cas de mort prématurée) est une erreur de perspective car on ne perd que ce que l'on a (Sénèque).

L'avoir correspond donc au présent en acte, mais c'est un avoir provisoire, un prêt soumis au caractère fugitif et disparaissant de notre durée.

Importance de cette constatation pour mesurer la part « d'imagination combleuse » (Simone Weil) dans la pensée de la durée.

Il y ici à l'horizon la question des attitudes par rapport à la mort : perdre son temps c'est, à la limite, perdre sa vie.

N'oublions donc pas que la clé de cet usage du temps réside dans l'éthique.

Le souci (cura) existentiel de la valeur qui établit un sens détermine la qualité du temps et la situation du sujet dans la temporalité.. »

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