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L'art fait-il perdre son temps ou le retrouver ?

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« Discussion : Selon l'opinion commune, l'art ne sert à rien, l'art ne correspond à aucune nécessité matérielle ; à partir de là, l'artiste représente l'oisiveté, incarne la figure du temps perdu, c'est l'homme de la marge, de la superfluité, bref l'art nourrit un rapport au temps qui, selon un jugement hâtif, correspond à une perte de ce temps. Suggestion de plan : Première partie : l'art est inutile. Dès les premières pages de la Critique du Jugement, le philosophe Kant dit précisément que ce qui caractérise l'art c'est son caractère inutile, puisque l'art est l'objet d'une satisfaction qui renvoie au pur plaisir, qui renvoie au jugement de goût. Critique du jugement : « L'art ne veut pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose ». Dès lors le rapport à l'œuvre d'art est avant tout un rapport de plaisir qui se rapporte non pas à l'entendement mais uniquement à la faculté imaginative.

Or c'est précisément parce que l'objet d'art ne sert à rien -en tout cas qu'il est uniquement au service du plaisir et du beau- qu'il est incontournable.

L'homme ne peut pas ne pas utiliser la faculté d'imagination qui est justement celle par laquelle il est en rapport avec les choses d'une manière purement esthétique, ce qui enrichit son plaisir ce n'est pas l'utilité de l'objet mais justement sa gratuité son inutilité.

Ainsi le temps perdu à contempler un œuvre, à se satisfaire du plaisir donné par l'art, est celui du divertissement, est celui par lequel la vie ellemême gagne en puissance et en valeur.

L'œuvre d'art est un enrichissement par le type de fonction qu'elle introduit dans la linéarité du temps. Deuxième partie : le temps de l'art Il faut penser un temps propre à l'art.

Ce n'est pas par hasard que Proust intitulait son œuvre capitale par le titre suivant A la Recherche du temps perdu, et nous savons que le dernier volume de l'œuvre s'appelle Le temps retrouvé.

Ainsi l'artiste utilise l'art, ici, l'écriture pour remonter le temps afin d'obtenir par l'imaginaire un point originel à partir duquel se trouvait données certaines émotions particulières.

Ainsi le temps dans l'art est un temps émotionnel, affectif.

C'est pour cela que chaque type d'art construit son temps et donc son rapport à l'espace, puisqu'il n'y a pas d'espace sans temps.

On le voit bien pour la musique, car la musique n'est rien d'autre que le temps reconstruit à partir de l'imaginaire, à partir de l'émotion qui parcourt ce temps.

« Celui qui s'ennuie en écoutant une belle musique laisse à penser que les beautés du style et les enchantements de l'amour n'auront sur lui que peu de puissance.

» Kant, Essai sur les maladies de la tête. D'autre part le temps de l'art ou le temps dans l'art participe aussi de la mémoire puisque participer d'une œuvre c'est projeter une grande part de son passé dans celui-ci c'est le façonner selon sa sensibilité c'est donc le rapporter à sa personnalité, au contenu du moi qui l'aborde. Troisième partie : le temps retrouvé. Si l'art nous fait perdre du temps, si cette perte est un gain, et donc un enrichissement, il faut penser la nature de celui-ci. Un retour à la musique nous permet de montrer comment selon une tradition bien enracinée dans l'esthétique musicale qui va de Shakespeare à Hegel- la musique adoucit les mœurs.

Hegel, Esthétique : « Ce qu'un chef d'oeuvre suscite en nous, c'est, en même temps qu'une jouissance directe, un jugement portant aussi bien sur le contenu que sur les moyens d'expression et sur le degré d'adéquation de l'expression au contenu ».

De manière plus générale cette fonction n'est pas dévolue à la musique, dans celle-ci l'effet de l'art est plus immédiat, plus spontané, mais la capacité de l'art à transformer le sujet est transitif à l'art lui-même.

C'est l'opinion du poète latin Ovide qui disait dans les Portiques « Une formation solide dans les arts libéraux adoucit les mœurs et ne leur permet pas d'être sauvages ». Conclusion : L'art est pour toute société le moyen par lequel celle-ci se découvre elle-même, se déploie selon sa mémoire, sa sensibilité, c'est ce que montre la psycho-sociologie de l'art à la fois chez les peuples dits primitifs et les peuples dits civilisés.

Du coup, il n'y a pas de société humaine sans art, c'est-à-dire sans cette capacité à vivre dans un temps différent que celui rythmé par les nécessités matérielles fondées sur les fonctions vitales.

Le rôle de l'art dans toute société c'est permettre de déployer un autre régime du temps qui soit en consonance avec l'imaginaire, avec les mouvements secrets cachés de l'âme humaine.. »

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