Qu'est-ce que l'art ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).
2)
Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à
susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive.
Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté.
Une imitation de la réalité.
• Platon : l'art est imitation et illusion.
L'art est imitation, non de la réalité des Idées, mais de l'apparence de notre monde sensible, qui n'est lui-même
qu'une image du monde intelligible.
C'est donc une copie de copie.
Ainsi, le but de la peinture, relativement à chaque
objet, est de représenter "ce qui paraît tel qu'il paraît" et non "ce qui est tel qu'il est" (l'essence).
L'imitation est
donc éloignée de l'Être, de l'essence.
• Aristote : l'art est imitation et adéquation.
L'art est imitation de la nature, en ce sens qu'il est capable de produire
comme elle des formes, qu'il imite son mouvement producteur.
Ce faisant, l'art peut même dépasser la nature en
accomplissant ce dont elle serait incapable.
Une longue tradition va s'efforcer, en s'appuyant sur l'autorité d'Aristote
dans la « Poétique », de montrer la légitimité de l'imitation en particulier et
de l'art en général.
Aristote ne conteste pas que l'art soit imitation, mais il
réhabilite l'imitation comme « naturelle », c'est-à-dire vraie.
L'art n'est pas pour lui ignorance ou tromperie, mais une activité conforme à
la « nature ».
Le mot « naturel » se trouve constamment répété dans le
passage de la « Poétique » (1448 b) où l'origine de la poésie se trouve
rapportée à deux causes « naturelles » « La poésie semble bien devoir son
origine à deux causes, et deux causes naturelles.
Imiter est naturel aux
hommes [...
] Il est naturel de prendre plaisir aux imitations [...
]» L'art
émerge d'une spontanéité naturelle pré-artistique: de là il produit une sphère
qui lui est propre et qui n'est nullement inférieure à la nature.
Car la formule
célèbre de la Physique: « L'art imite la nature », ne signifie pas que l'art doive
reproduire la nature, la copier, mais qu'il est capable de rivaliser avec elle, de
produire comme elle.
L'imitation artistique constitue un mode de production
autonome, analogue à la productivité créatrice de formes de la nature.
« L'art
imite la nature » veut dire que produisant comme elle, il est même capable
d'aller au-delà d'elle et d'accomplir ce dont la nature serait incapable.
De plus, Aristote ne limite pas l'imitation à une représentation de ce que les
choses sont.
Il est tout à fait légitime d'imiter aussi ce que les choses semblent être, le vraisemblable, et même ce
que les choses devraient être, l'idéal.
L'imitation « réaliste » n'est qu'une des trois manières fondamentales d'imiter :
«Puisque le poète est imitateur tout comme le peintre et tout artiste qui façonne des images, il doit toujours
nécessairement adopter une des trois manières d'imiter : il doit figurer les choses ou bien telles qu'elles furent ou
sont réellement, ou bien telles qu'on les dit et qu'elles semblent, ou bien telles qu'elles devraient être » (1460 b 7).
Il est légitime, dit Aristote, que tel peintre, Zeuxis par exemple, ait peint les hommes plus beaux qu'ils ne sont, car
la ressemblance n'exclut pas l'embellissement.
À plusieurs reprises l'imitation est associée avec l'invention : « Ce
n'est pas de raconter les choses réellement arrivées qui est l'oeuvre propre du poète, mais bien de raconter ce qui
pourrait arriver » (1451 a 9).
Ainsi il y a un possible artistique qui tient à la cohérence de l'imitation, à sa logique
interne, à sa généralité (qui fait que « la poésie est plus philosophique que l'histoire » parce qu'elle s'intéresse
davantage au général qu'au particulier).
L'art doit «imiter » mais sans se soumettre à une exactitude factuelle, d'où
la célèbre règle de la vraisemblance: « Il faut préférer l'impossible qui est vraisemblable au possible qui est
incroyable » (1460 a).
Aristote est le premier philosophe à analyser la nature du plaisir esthétique.
Ce plaisir implique pour lui une relation
de connaissance: c'est une satisfaction née de la reconnaissance de l'objet imité.
« On se plaît à la vue des
images parce qu'on apprend en les regardant et qu'on en déduit ce qui représente chaque chose, par exemple
parce qu'on identifie telle figure avec telle personne » (« Poêtique », 1448 b).
Le plaisir esthétique, naturel,
universel, et partant légitime tient à ce que l'oeuvre d'art appelle un raisonnement (implicite ou explicite) qui nous
fait comparer le portrait à son modèle.
Peu importe que l'objet représenté soit beau ou laid, ce qui nous charme,
c'est de retrouver intellectuellement cette relation mimétique entre l'art et la nature.
Contrairement à Platon, l'art
n'est pas, de ce fait, ignorance, mais élargissement de la connaissance.
« Nous éprouvons naturellement du plaisir
devant les imitations de la peinture, de la sculpture et de la poésie, et en présence de chaque objet fidèlement
représenté, même si cet objet n'est pas attrayant en lui-même.
En ce cas nous n'éprouvons pas de plaisir par ces
choses mêmes, mais parce que nous les identifions par une sorte de raisonnement syllogistique et accroissons de
la sorte notre connaissance » (1 971 b 4).
Le plaisir esthétique n'est pas une sensation, ni une illusion, c'est la
satisfaction qui accompagne le jugement par lequel nous découvrons la conformité, la ressemblance entre l'oeuvre
et ce qu'elle représente..
»
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