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Qu'est-ce que la vérité ?

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« Position de la question.

La vérité n'est pas la réalité.

Celle-ci est pure existence, tandis que la vérité est une propriété de la pensée. I.

La vérité selon le Dogmatisme réaliste. Pour le sens commun, le vrai, c'est ce qui est conforme au réel.

Les différentes théories dogmatiques n'ont guère fait que systématiser philosophiquement cette conception en réduisant la vérité à n'être qu'une copie du réel : comme le disaient les Scolastiques, la vérité n'est rien d'autre alors que « la conformité de l'entendement connaissant avec la chose connue ».

— Mais cette conception, sous cette forme du moins, soulève bien des difficultés : — 1° Elle fait de la vérité un pur objet et ne tient pas compte du rôle du sujet dans la connaissance (de fait, chez les Cartésiens, par exemple, réserve faite du rôle de la volonté dans l'attention, l'entendement est caractérisé comme purement passif); or, la psychologie, la philosophie des sciences, etc., nous montrent que l'esprit, dans l'acte de la connaissance, est éminemment actif.

— 2° La définition en question convient difficilement à certains types de vérité, tels que la vérité mathématique où il s'agit moins de conformité au réel que de cohérence logique, ou, à plus forte raison, la vérité morale où il s'agit, non de ce qui est, mais de ce qui doit être.

— 3° Même pour les autres cas, le critère que nous fournit le Dogmatisme est bien précaire : si la vérité est dans la conformité à l'objet, il faudrait, pour que ce critère fût utilisable, savoir ce que l'objet est en soi; comment l'esprit pourrait-il sortir de lui-même pour comparer ses propres représentations avec cet objet transcendant ? II.

La vérité selon Kant. Le Relativisme kantien nous propose une autre définition de la vérité.

Nous ne pouvons atteindre la chose en soi; car ce n'est pas la chose qui s'imprime dans l'esprit, c'est l'esprit qui impose ses lois (ses formes et ses catégories) aux choses.

Nous ne pouvons donc connaître que les « phénomènes ».

Mais la Science, qui nous les fait connaître, est objective et vraie en tant qu'elle est conforme aux lois universelles de l'entendement.

La vérité se définit par cette forme de l'universalité.

— Mais : 1° ce critère purement formel de la vérité ne conviendrait, tout au plus, qu'à la vérité mathématique; 2° en conservant le dualisme absolu du sujet et de l'objet, KANT n'a pas expliqué comment les deux termes peuvent se rejoindre, comment par suite la connaissance vraie est possible; 3° en maintenant la notion d'une chose en soi qui échappe à la connaissance, il aboutit à un agnosticisme qui est fort proche du scepticisme, ce que justement il voulait éviter. III.

La vérité selon W.

James. Faudrait-il donc, avec le Pragmatisme de William JAMES, définir la vérité par la réussite, en entendant ce terme au sens le plus large, incluant aussi bien la réussite morale, spitituelle, que la réussite matérielle, technique ? — Le Pragmatisme a eu certes le mérite de s'élever contre la conception de la vérité-copie pour y substituer celle d'une vérité qui se fait, qui se construit peu à peu.

Mais il n'a pas su dégager l'authentique activité de l'esprit dans cette construction de la vérité, ni donner de celle-ci une définition acceptable.

En effet : — 1° II se ramène, comme l'a montré DURKHEIM (Pragmatisme et Sociologie), à un « utilitarisme logique » qui fait trop bon marché de la correspondance entre le vrai et le réel et il aboutit ainsi à un « amorphisme de la vérité » (Ouv.

cité, p.

146), c'està-dire à une conception selon laquelle la vérité n'a aucune consistance propre puisqu'elle pourrait être telle ou telle selon qu'elle répond à tels ou tels besoins, d'ailleurs mal définis.

— 2° Rien de plus vague en effet que cette notion de réussite — ou d'utilité — surtout avec le sens large que lui donne JAMES : « Tout est utile par rapport à certaines fins et même les choses les plus mauvaises ont, d'un certain point de vue, leur utilité.

Inversement, même les meilleures, la science par exemple, ont leurs désavantages et peuvent causer des souffrances » (DURKHEIM, OUV.

cité, p.

155-156).

— 3° Le Pragmatisme en vient ainsi à nier le caractère désintéressé de la connaissance et la valeur de la pensée spéculative.

Il a eu raison de mettre en lumière les rapports de la pensée et de l'action; mais il a trop subordonné celle-là à celle-ci.

Ainsi « on pourrait dire qu'à l'origine les sciences sont pragmatiques; mais plus on avance dans l'histoire, et plus on voit la recherche scientifique perdre ce caractère...

La science devient de plus en plus étrangère aux préoccupations purement techniques » (DURKHEIM).

Même les mythes des sociétés primitives sont tenus par celles-ci pour vrais parce qu'elles leur attribuent un caractère objectif (DURKHEIM, ouv. cité, p.

175).

Si donc c'est l'action qui éveille la pensée, c'est, à son tour, la pensée vraie (ou réputée telle) qui, parce qu'elle a une valeur par elle-même, dirige et commande l'action.. »

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