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Qu'est ce que la tragédie?

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« -La tragédie constitue un genre littéraire particulier, à savoir plus précisément une pièce de théâtre qui exprime des actions tragiques sur scène. -La tragédie n'est telle qu'en tant qu'elle met en scène une action tragique ; il faut donc définir ce qu'est le tragique pour savoir ce qu'est une tragédie. -Or, sous quelle forme se trouve le tragique dans notre existence ? Le tragique existentiel s'accorde-t-il, ou au contraire s'oppose-t-il à la structure même de la tragédie ? La tragédie n'est-elle pas plutôt une conjuration du tragique existentiel ? I.

La tragédie comme genre littéraire. -Aristote, Poétique : la tragédie, c'est la mimèsis d'une action qui met en scène des personnages nobles, aux hautes vertus ; la tragédie est l'art du dramaturge à exprimer sur scène des événements qui s'enchaînent de façon nécessaire, de la scène d'ouverture à la catastrophe finale, en passant par les péripéties. -La tragédie a pour fin la purgation des passions, par la terreur et la pitié : la terreur des souffrances mises en scène, et la pitié envers les personnages qui en sont victimes. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.» Assaisonnement du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de la tragédie réside dans l'action, non dans le récit, action représentée en un temps limité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Tout cela est clair.

Aristote mentionne la cause et les effets. Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assez inattendu: «purgation», catharsis.

On peut dire aussi « purification ».

Ce mot a donné lieu à maints commentaires.

Chez Aristote lui-même, il est l'objet de plusieurs interprétations.

On croit comprendre qu'il y a un rapport entre l'imitation, la mimésis, et la purgation, la catharsis: devant un spectacle représentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmes émotions que l'on cherche à provoquer en moi.

La représentation de sentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié, bien que mimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, des sentiments analogues. Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels, effrayants ou affligeants, suscitent des émotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes. Mais ce phénomène est plus surprenant lorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces.

Il suppose une identification avec un personnage et non plus avec une personne.

Certes, cette identification a ses limites, car il ne s'agit pas d'imiter, de copier ni de transposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène.

Et l'on imagine mal un jeune homme, influencé par l' "Œdipe" de Sophocle, décidant de tuer son père, de commettre un inceste avec sa mère et de se crever les yeux. Ce transfert de la fiction à la réalité est-il toutefois tellement inconcevable? Pour nous, malheureusement non.

Mais, pour Aristote, certainement.

En éprouvant des sentiments analogues à ceux que la tragédie provoque en moi, je me libère du poids de ces états affectifs pendant et après le spectacle.

J'en ressors comme purgé et apaisé.

Ces émotions préexistaient-elles en moi à l'état latent et le spectacle s'est-il contenté de les éveiller? Ou bien les a-t-il d'un bout à l'autre provoquées? Le spectateur est-il prédisposé, par sa nature même, à réagir en fonction d'une représentation spécialement conçue pour le troubler en des points sensibles de sa personnalité ? Aristote ne le dit pas. La "Poétique" ne répond pas vraiment à l'attente de la "Politique".

Aristote, là aussi, avait évoqué la catharsis, mais uniquement à propos de la musique «Nous disons qu'on doit étudier la musique, non pas vue de l'éducation et de la purgation - ce que nous en vue d'un avantage unique, mais de plusieurs (en nous en reparlerons plus clairement dans un entendons par purgation, terme employé en général, traité sur la poétique - et, en troisième lieu, en vue du divertissement, de la détente et du délassement après la tension de l'effort).

» Certes, il en reparle, mais si peu ! En revanche, la "Politique" donne quelques précisions qu'on ne retrouve pas dans la "Poétique": à la crainte et à la pitié s'ajoute l'«enthousiasme».

A propos de cet état d'exaltation, Aristote fait référence explicitement au sens thérapeutique du terme: «certains individus ont une réceptivité particulière pour cette sorte d'émotions [l'enthousiasme], et nous voyons ces gens-là, sous l'effet des chants sacrés, recouvrer leur calme comme sous l'action d'une cure médicale ou d'une purgation.

» Est-ce pour lui, une manière de retrouver le lieu commun selon lequel «la musique adoucit les mœurs» ? Il y a sans doute un peu de cela, mais il faut aller plus loin dans l'interprétation. Dans la "Politique", Aristote suggère lui-même que la catharsis concerne également la tragédie, c'est-à-dire la vue, et non pas seulement l'écoute de ce qu'il appelle des chants éthiques, dynamiques ou exaltants.

Il n'y a pas à s'en étonner puisque la tragédie, à l'époque, réalise une certaine forme d' «art total» harmonisant le texte, les chœurs et la danse.

Mais, en outre, elle consiste à mettre en scène une action, une intrigue où des personnages. »

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