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Qu'est-ce que la raison d'Etat ?

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« Définition des termes du sujet: ÉTAT: 1) Avec une minuscule, manière d'être, disposition (un état d'esprit). 2) Avec une majuscule, un ensemble d'individus soumis à une même autorité politique, ou plus précisément cette autorité politique elle-même.

L'État c'est le gouvernement et l'ensemble des structures par lesquelles il manifeste son autorité. 3) État de droit: tout État qui s'applique à respecter la personne et à garantir les libertés individuelles. 4) Raison d'État: motif d'intérêt public invoqué par l'État pour justifier une action contraire à la loi ou à la morale. RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). Raison d'État sonne le plus souvent comme une formule sacramentelle destinée à mettre fin à toute discussion. On invoque la raison d'État sur un ton impérieux et péremptoire. On se réclame d'elle pour faire admettre ou pour justifier certaines décisions impopulaires.

Il arrive également que ces choix se fassent dans le plus grand secret sans que le peuple ne soit tenu informé.

C'est d'ailleurs là l'expression première de la raison d'État, c'est en son nom que des vérités ou des faits sont maintenus dans la plus grande confidentialité. En ce sens, raison d'État signifie que l'on se réfère à une raison supérieure qui correspond à l'intérêt de l'État. L'intérêt général prévaut sur tout autre considération ou motif, et il impose de fait même, de sacrifier d'autres intérêts.

D'où précisément l'impact formidable de cette formule â€" raison d'État â€" qui semble nous interdire par avance toute contestation.

Car l'intérêt national détermine, dans notre esprit, tous les autres. Mais la raison d'État, c'est aussi la raison de l'État, c'est-à-dire la raison ou le motif invoqué par le souverain.

Dans un régime tyrannique, la raison d'État ne serait qu'un vain mot.

Et personne ne s'y tromperait, car il n'y aurait de raisons déterminantes que celles du tyran.

C'est au contraire dans un État républicain que l'existence de la raison d'État fait problème.

Car elle est brandie par les représentants du peuple, le plus souvent contre la volonté générale.

Comme s'il existait, au-dessus de l'avis des membres de l'État, la raison d'État.

Paradoxe donc de la démocratie qui repose sur la prédominance de la volonté générale, mais qui tolère tout à la fois le principe supérieur d'une raison d'État.

Au nom de l'intérêt transcendant de l'État, le prince pourrait, l'instant d'une décision, contourner la volonté du peuple. Il y a là un dilemme important pour la démocratie : doit-elle chercher à réduire le plus possible le principe de la raison d'État, en accroissant la transparence dans les mécanismes de décision, ou bien peut-elle concéder que l'État a ses raisons que le peuple ne connaît pas toujours, auquel cas il faut accepter de s'en remettre en certaines occasions à la prudence du Prince? En outre la raison d'État porte sur des motifs politiques.

Elle se veut souveraine et éminente.

De sorte qu'elle entre en conflit avec la sphère morale.

Invoquer la raison d'État, c'est admettre que la politique est au-dessus de la morale.

On agite l'étendard de la raison d'État pour justifier d'entretenir des relations cordiales et commerciales avec des pays qui violent outrageusement les droits de l'homme.

Cette attitude, aux yeux de la morale, apparaîtra comme inadmissible. Dans cette question donc de la raison d'État, se décide le rapport que la politique doit entretenir avec la morale.

La politique doit-elle être conciliable avec la morale? (On parlera alors avec Kant de «politique morale»), ou bien sécrète-t-elle sa propre morale qui la rend autonome ? (Kant utilise le terme de «moraliste politique» pour désigner les partisans de cette conception.

Projet de paix perpétuelle, Appendice I.) 1.

Les moyens et les fins â–º 1.

La raison d'État peut n'avoir d'abord aucun caractère de cynisme politique.

S'il est en effet démontré que le sacrifice d'un individu est absolument nécessaire à la survie de la communauté, un simple calcul suffit à emporter la décision.

Le tout vaut mieux qu'une de ses parties.

Et le sacrifice n'a rien de scandaleux.

On ne fait qu'appliquer au corps social la règle élémentaire de médecine selon laquelle il faut préférer l'amputation d'un de ses membres à sa propre mort. La logique sacrificielle relève alors de la recherche du moindre mal.

Rien ne semble pouvoir la remplacer.

Nul ne rougira de reprendre à son compte cet adage bien connu qui veut que la fin justifie les moyens.

S'il est attesté que la fin est juste, et si de plus il est prouvé qu'il n'existe pas d'autre moyen que le sacrifice d'un intérêt particulier, il n'y a pas à hésiter.

La fin rachète ou fait oublier la valeur des moyens employés.

Un moindre mal est préférable au mal tout court. Cette manière de raisonner postule que l'on ne saurait vouloir une fin sans vouloir également les moyens qui la produiront.

Qui veut la fin, veut les moyens.

Ce qui signifie que le choix des moyens est comme absorbé dans celui de la fin.

Dans ce cas de figure, on ne peut dissocier la fin des moyens. Si la raison d'État se borne à ce que nous venons d'en dire, il n'y a rien que la démocratie ou la morale puissent lui. »

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