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Qu'est-ce que la raison d’Etat ?

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« Raison et déraison d'Etat. Introduction. « L'Etat le plus froid des monstres froids » se plaisait à affirmer Nietzsche. Ainsi définit l'État exige une étude capable de substituer la réflexion au spectacle, l'analyse "froide" et rationnelle aux passions et aux fanatismes. Tant il est vrai qu'en s'interrogeant sur la "raison et la déraison d'Etat" c'est aussi l'anthropologie que l'on questionne, et, plus largement la finalité de l'exister humain. Même si une perspective factuelle, nous présente le triste tableau d'une déraisonnabilité étatique dont les formes polymorphes se nomment tyrannie, despotisme ou arbitraire; nous est il permis de concevoir l'Etat comme autre chose qu'un fait sans droit, qu'une autorité sans autorisation ou encore qu'une légalité sans légitimité? On l'aura compris, il s'agira de savoir si l'État subordonne son action à un ordre de valeur ou encore à une éthique dont les maîtres mots seraient: raison et liberté ou, au contraire, si son fonctionnement rime avec opacité et aliénation? Qu'est ce qui différencie la "raison d'État" de "la raison dans l'Etat''? Tel semble être le problème: distinguer et caractériser le bon du mauvais Etat, comme le grain de l'ivraie et de montrer à quelles conditions, la « raison » d'Etat (définie comme dérogation aux lois établies et pouvant être l'élégant et abscons masque d'une volonté d'arbitraire) ne sombre pas dans une déraison de l'Etat. Première partie : l'avertissement anti étatique Nietzsche peut être considéré comme un penseur de l'anti étatisme, en ce qu'il considère l'Etat (socialiste notamment) comme le grand corrupteur des volontés et des créateurs.

Il normalise, aplanit la volonté de puissance pour lui substituer une "morale du troupeau'' avilissante. Friedrich Nietzsche: « L'Etat est le plus froid de tous les monstres froids, il ment froidement et voici le mensonge qui sort de sa bouche : moi l'Etat, je suis le peuple.

» Le fait que l'Etat veuille se présenter comme la manifestation de la souveraineté populaire n'est pas suffisant pour en assurer la légitimité : il y a toujours un écart entre le discours et les faits, entre les projets et leurs réalisations. Nietzsche se livre ici à une critique de l'Etat sous forme métaphorique en insistant sur sa monstruosité et sa froideur et, à cet égard, il pressent les dérives totalitaires que le XXème siècle à pu connaître aussi bien dans le système soviétique que dans le fascisme ou le nazisme par exemple.

Dans les deux cas, c'est au nom du peuple que l'on assiste à la corruption de la politique qui se compromet avec le mal.

"Ein Reich, ein Volk, ein Führer" disaient les Nazis : un Etat, un peuple, un chef, comme si ces trois entités étaient effectivement confondues.

Les communistes visaient à établir la "dictature du prolétariat" en U.R.S.S., et le résultat de ces deux idéologies se réclamant de la volonté populaire a donné lieu aux plus grandes tragédies de notre histoire.

L'Etat peut donc à tout moment être instrumentalisé pour être mis au service du totalitarisme, et la perversion est d'autant plus efficace qu'elle passe pour l'expression de la volonté populaire.

Il ne faut donc pas perdre de vue le fait que l'Etat n'est pas le peuple et rester vigilant face à la tentation de confondre un parti, une idéologie ou un système, avec le bien commun dont il serait comme l'expression nécessaire.

A ce titre, l'éducation des citoyens est fondamentale pour qu'ils soient capables de ne pas tomber dans les pièges du populisme ou de la démagogie.

Dans la même optique, il est capital que les institutions équilibrent les pouvoirs en les divisant (législatif, exécutif, judiciaire) et qu'il règne dans l'espace publique une vraie liberté d'expression.

Quoique Nietzsche ne soit pas un démocrate, il dénonce ici un travers inhérent à la politique et à l'Etat en particulier, travers que la démocratie doit admettre comme une menace qui n'est jamais vraiment écartée de son horizon.

Pour autant, il serait dangereux de contester systématiquement la valeur de l'Etat et faire l'apologie de l'anarchie, par exemple, parce que la société ne peut subsister sans institutions. Une critique quelque peu différente marque les pensées anarchistes de Proudhon et de Bakounine.

Reprenant l'image hobbésienne du "Léviathan", ce "Dieu mortel qui sur terre n'a pas de maître", ils considèrent l'Etat dans son essence comme despotique.

Pour Proudhon, la vie sociale, première chronologiquement et logiquement, se caractérise d'emblée comme un ordre harmonieux et immanent entre les différents acteurs socio économiques. L'Etat ne survient que secondairement et impunément, en ce qu'il trouble cette bonne entente originelle et tend à broyer les individus en étendant sa mainmise sur la vie sociale.

Que l'on songe ici aux rapports de subordination et de hiérarchisation.

C'est donc bien une inique volonté d'emprise qui caractérise l'Etat. Aussi, pour Proudhon et Bakounine, le seul remède (révolutionnaire) est la suppression de toute forme étatique, toujours déjà envisagée comme mauvaise.

Eradiquer l'État, "là est la révolution" affirme Proudhon.

"L'individu contre L'Etat'' (Bakounine), tel est le mot d'ordre de tout projet anarchiste.. »

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