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qu'est-ce que la dialectique

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« INTRODUCTiON.

— Le terme de dialectique est devenu si équivoque qu'il convient, chaque fois qu'on l'emploie, de préciser ses diverses significations.

D'après l'étymologie, la dialectique est l'art de conduire une discussion.

Utilisant cette définition provisoire comme point de départ, nous pourrons tout d'abord faire une phénoménologie du dialogue; inférer ensuite, de cette description, des règles propres à assurer la découverte du vrai; enfin, si nous pensons que le mode de connaissance de la vérité se confond avec le mode d'organisation du réel, nous pourrons conférer aux choses la structure dialectique découverte dans le processus discursif, c'est dire que la dialectique peut être examinée du triple point de vue de la psychologie, de la logique et de la métaphysique. I.

— ASPECT PSYCHOLOGIQUE. Examinons tout d'abord ce qui se passe dans le dialogue extérieur ou intérieur. 1.

Dans le dialogue extérieur, ou discussion sur les idées, chacun parle à son tour, mais il n'y a de discussion possible que si les avis diffèrent.

L'un est pour; l'autre, contre.

Au terme de la discussion, la thèse et l'antithèse se sont mutuellement éclairées et se situent plus exactement l'une par rapport à l'autre.

La dialectique suppose donc une opposition mais une opposition qui ne se bute pas : qui, au contraire, engendre le progrès dans la connaissance.

L'antithèse n'est pas une simple figure de pensée; elle correspond à la structure de notre entendement. 2.

C'est ce qui paraît encore lorsque nous examinons le dialogue intérieur, ou réflexion, dans lequel le sujet se dédouble en quelque sorte pour peser le pour et le contre; suscite lui-même les objections, dans le but de définir plus exactement sa position.

Il n'y a pas de vraie réflexion sans cette attitude critique.

La raison elle-même n'est-elle pas le sens des relations ? 3.

Mais c'est petit à petit que se précisent ces relations.

Dire que notre vie intellectuelle est nourrie par le dialogue, c'est mettre l'accent sui; la démarche discursive de notre esprit.

La vérité ne nous est pas donnée une fois pour toutes.

Dieu seul connaît simultanément toutes choses dans une intuition parfaite.

L'esprit humain, limité, n'acquiert la vérité qu'à travers une succession de confrontations, voire de contradictions, qui constituent beaucoup moins des menaces que des promesses.

D'où l'importance du dialogue. II.

— ASPECT LOGIQUE. C'est précisément l'usage du dialogue qui est, selon GOBLOT, à l'origine de la logique. 1) La dialectique peut donc, à ce point de vue, être d'abord considérée comme « un art de raisonner méthodiquement et avec justesse » (LAROUSSE).

PLATON a montré comment, par la dialectique ascendante, on peut remonter inductivement vers l'universel; comment, par la dialectique descendante, aller déductivement vers le particulier.

Chez ARISTOTE, la dialectique devient la logique du probable, « l'art des raisonnements qui portent sur de simples opinions ».

Enfin, par, extension, après toutes les finesses de la scolastique, on en est venu à utiliser le terme dans un sens péjoratif, où dialectique devient synonyme de discussion subtile, mais stérile. 2.

Si, de la logique du raisonnement, on passe à la logique du concept, on voit encore la place de la dialectique.

En effet, dans la définition, le concept n'est posé que dans une opposition au moins implicitée à un autre concept, du moins quand il s'agit de réalités abstraites.

Ainsi, on ne pose le concept de chaud qu'en l'opposant au concept de froid.

Il en va de même de toutes les notions philosophiques, qui s'opposent deux à deux, à certains points de vue, comme l'un et le multiple, le temps et l'espace, le sujet et l'objet, l'esprit et la matière, de telle sorte que la définition de l'un de ces concepts implique celle du concept qui lui est opposé. 3.

L'opposition dialectique que nous rencontrons au niveau des concepts marque aussi les doctrines qui les mettent en valeur, si bien que l'histoire de la philosophie se présente comme une histoire de la contradiction, ce qui ne va pas sans émouvoir le philosophe en herbe, scandalisé de ces antagonismes.

Pourtant, le scandale n'est qu'apparent.

En effet, l'opposition de la thèse et de l'antithèse n'a de valeur constructive qu'autant qu'elle stimule la recherche et fait aboutir à un plan supérieur où thèse et antithèse sont incorporées et dépassées par la synthèse. Dans cette perspective, la philosophie du Non, dont parle BACHELARD, philosophie de l'antithèse, est une condition de progrès. En disant non aux positions acquises, fussent-elles confortables, l'esprit élargit le domaine du savoir, à condition d'englober dans le dernier système les acquisitions anciennes et les faits nouveaux.

Ainsi, par exemple, en disant non à EUCLIDE, RIEMANN et LOBATCHEVSKY ont fait progresser la géométrie, mais — voici la synthèse — chacune des trois géométries devient un cas particulier de la Pangéométrie. L'opposition de la thèse et de l'antithèse n'est donc pas irréductible et définitive; elle n'est due qu'à une vision isolante de la réalité.

En prenant de la hauteur, on élimine des contradictions qui ne paraissaient telles qu'au niveau des apparences et de l'opinion.

C'est pourquoi, en aboutissant à la synthèse, la dialectique sauvegarde en réalité le principe de non-contradiction.

Les parties d'un tout organisé ne sauraient être que complémentaires.

Mais, si nous voulons maintenant considérer la réalité ù connaître, et non plus les lois de la connaissance, il nous faut entrer dans le domaine de la métaphysique, où le terme de dialectique acquiert une nouvelle signification.. »

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