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Qu'est-ce que dialoguer ?

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« Termes du sujet: DIALOGUE : Discours à plusieurs voix cherchant la vérité universelle, et présupposant, entre ceux qui parlent et se répondent, une raison commune. Du grec dia, « à travers », et logos, « parole ».

Le dialogue n'est pas uniquement échange d'informations utiles, il est aussi échange d'idées.

Il fait accéder à la représentation abstraite, il est, par conséquent, le propre de l'homme. Platon écrit toute son oeuvre sous forme de dialogues.

Cette tradition littéraire propre à la philosophie, née avec la démocratie grecque, s'est prolongée au moins jusqu'au XVIIe siècle (Leibniz, Berkeley, Hume ont écrit des dialogues philosophiques), et il n'est guère de philosophe pour ne pas reconnaître la vertu éminemment philosophique de tout dialogue véritable. Pourquoi accorde-t-on cette vertu au dialogue ? 1 – Il suppose l'égalité des interlocuteurs.

La relation qui passe par le dialogue est par nature contraire à la relation d'autorité, car c'est une relation fondée, comme à l'Assemblée démocratique d'Athènes, sur l'échange d'arguments : si je me plie aux arguments de l'autre, je ne lui obéis pas. 2 – Le dialogue exclut la violence pour lui préférer la raison.

La décision même de dialoguer indique que l'on a refusé le recours à la force ou à l'intimidation pour s'imposer et qu'on fait confiance à la seule « force » des idées et à l'examen de la validité des raisons avancées. 3 – Le dialogue interdit de décider du vrai pour les autres.

Il manifeste que penser est penser avec autrui, en se confrontant à autrui : penser par soimême ne doit pas se confondre avec le refus du commerce de la pensée des autres. 4 – Enfin, le dialogue récuse la figure archaïque du maître de vérité.

La vérité recherchée en commun dans un dialogue dépend des raisons qu'on avance ; elle n'est ni une vérité révélée, ni un dogme. C'est à la lumière de ces vertus philosophiques du dialogue qu'il faut comprendre le prestige de Socrate, père de tous les philosophes, bien qu'il n'ait rien écrit, et peut-être justement parce qu'il n'a rien écrit et a passé sa vie à dialoguer avec ses concitoyens sur la place publique.

En se prétendant lui-même ignorant, Socrate ne délivre pas de vérité : il interroge et, grâce à son « ironie », démonte les opinions toutes faites de ses interlocuteurs.

Il incite ainsi chacun à une recherche authentique de la vérité. Mais tous les dialogues se valent-ils ? Platon oppose la dialectique philosophique, dialogue véritable, à l'éristique des sophistes qui n'en est que le faux-semblant. La première se fonde sur la possibilité d'un accord entre les interlocuteurs et, surtout, elle organise la confrontation en vue de la recherche sincère de la vérité.

La seconde, au contraire, est polémique et ne cherche qu'à réduire l'adversaire au silence.

En ce sens, pour Platon, la pratique sophistique du dialogue n'est au fond qu'une forme déguisée de violence.. »

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