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Quels rapports la politique entretient-elle avec la morale ?

Extrait du document

« introduction Le concept de politique comprend l'ensemble des pratiques et des théories qui concernent le gouvernement de l'État.

Il peut donc être lié au concept de morale, puisque celle-ci a pour objet les règles de la conduite, règles habituelles (les moeurs) ou idéales.

Quels rapports la politique entretient-elle avec la morale ? La morale, critique de la politique. En dirigeant leur réflexion vers le monde politique, les « moralistes », qui observent les moeurs des hommes, leurs habitudes, leurs passions, etc., ont souvent souligné le cynisme, les contradictions, les mensonges de ce monde politique.

Il n'est que de penser aux observations de Montaigne ou de La Fontaine : par exemple, sur « la raison du plus fort...

».

Pascal est particulièrement violent, qui s'écrie : « plaisante justice qu'une rivière borne...

» ; « Platon et Aristote [...] : s'ils ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous ; et s' ils ont fait semblant cl' en parler comme d' une grande chose, c'est qu'ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensaient être rois et empereurs » (Pensées, 331). "Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veut gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion ! Sera-ce sur la justice ? Il l'ignore. Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable équité qui aurait assujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands.

On la verrait plantée par tous les États du monde et dans tous les temps, au lieu qu'on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat [...]. Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. De cette confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité du législateur, l'autre la commodité du souverain, l'autre la coutume présente ; et c'est le plus sûr : rien, suivant la seule raison, n'est juste de soi ; tout branle avec le temps.

La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.

Qui la ramène à son principe, l'anéantit." Blaise Pascal, Pensées (1670). Ce que défend ce texte: Ce texte de Pascal s'ouvre sur une question qui s'adresse à tout gouvernant d'un État : sur quel principe celui-ci doit-il fonder l'organisation (« l'économie ») de la société qu'il veut gouverner ? S'agit-il de fonder le droit sur « le caprice de chaque particulier» ? Pascal rejette cette solution qui ne peut aboutir qu'à une confusion, celle qui résulte des désirs changeants et contradictoires de chacun, où nul gouvernement ne peut trouver sa cohérence. S'agit-il de le fonder sur l'idée de la justice et de régler les lois sur ses exigences ? Or, pour Pascal, les princes ignorent ce qu'est la justice universelle, et c'est cette thèse qu'il va tenter de démontrer dans ce texte. S'ils connaissaient une telle justice, en effet, ils n'auraient pas établi cette règle, « la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes », qui consiste à affirmer que « chacun suive les moeurs de son pays » et la conception de la justice que les traditions développent chacune en particulier.

Descartes lui-même, dans le Discours de la méthode, reprendra à son compte une telle règle, lorsqu'il adoptera une « morale provisoire » pour accompagner l'épreuve du doute : suivre les moeurs de son pays et les valeurs qu'elles établissent. Une telle règle, si communément admise, prouve que nul n'a pu déterminer la justice universelle, celle qui se serait imposée à tous les peuples avec l'évidence de la vérité.

Si une telle vérité existait, elle aurait soumis tous les peuples, non par la contrainte qu'imposent les guerres, mais par la seule force de la reconnaissance « de la véritable équité ».

Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur des hommes et dans leurs États, en tout lieu et en tout temps. Or, l'histoire nous montre une « relativité » des conceptions du juste et de l'injuste qui parle d'elle-même.

Ce qui est juste ici est considéré comme blâmable là et réciproquement.

Ce qui est le bien en France (au-deçà des Pyrénées) est une erreur ou un vice en Espagne (au-delà des Pyrénées).

Nous ne pouvons que nous moquer alors d'une justice qui « change de qualité en changeant de climat », justice qui doit être davantage objet de plaisanterie (« plaisante justice ») que de respect. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Pascal ne se contente pas ici de dénoncer l'incapacité de la raison à déterminer les principes de la justice authentique et universelle.

Sur cette impuissance, nous dit-il, les hommes tirent des conclusions sur la nature de la justice, contre lesquelles il s'oppose.

Les philosophes, en effet, au lieu de remettre en cause la relativité des. »

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