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Quelles sont les caractéristiques de l'art moderne ?

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Il est rupture vis-à-vis des codes esthétiques qui le définissaient mais rupture également vis-à-vis du cadre social dans lequel il s'inscrit. Ayant produit aujourd'hui tous ses effets, cette double rupture semble nous avoir introduit dans une configuration nouvelle du rapport art / société où, pour reprendre le titre de l'un des numéros de la revue Art Press, la mort de l'art semble paradoxalement se conjuguer avec la mode de l'art.  Dans le domaine de l'art moderne, il est particulièrement difficile de s'essayer à une synthèse. Chaque discipline procède de sa propre logique, progresse à son propre rythme: l'art total n'est rien de plus qu'une hypothèse. Du coup, toute transversale, de la peinture à la musique ou de la musique à la littérature, est suspecte. A ne considérer qu'une seule discipline, on ne saisit guère davantage ce qui en ferait l'unité. Au XXe siècle, les courants, les chapelles, les mouvements se sont succédé à une vitesse impressionnante interdisant qu'on les réduise à la rassurante simplicité d'un modèle unique. De plus, chaque œuvre véritable vit d'une vie propre en laquelle se manifeste la singularité de son auteur.  Il n'est donc pas de proposition générale qui ne coure le risque d'être invalidée, pas de définition d'ensemble que ne contredisent une multitude d'exemples. Cependant, à vouloir retenir pour l'art moderne un trait caractéristique, le moins insatisfaisant — car le plus général — est sans doute celui qui consiste à présenter celui-ci comme un art de rupture.  

« L'art moderne peut être défini comme un art de rupture. Il est rupture vis-à-vis des codes esthétiques qui le définissaient mais rupture également vis-à-vis du cadre social dans lequel il s'inscrit.

Ayant produit aujourd'hui tous ses effets, cette double rupture semble nous avoir introduit dans une configuration nouvelle du rapport art/ société où, pour reprendre le titre de l'un des numéros de la revue Art Press, la mort de l'art semble paradoxalement se conjuguer avec la mode de l'art. Dans le domaine de l'art moderne, il est particulièrement difficile de s'essayer à une synthèse.

Chaque discipline procède de sa propre logique, progresse à son propre rythme: l'art total n'est rien de plus qu'une hypothèse.

Du coup, toute transversale, de la peinture à la musique ou de la musique à la littérature, est suspecte.

A ne considérer qu'une seule discipline, on ne saisit guère davantage ce qui en ferait l'unité.

Au XXe siècle, les courants, les chapelles, les mouvements se sont succédé à une vitesse impressionnante interdisant qu'on les réduise à la rassurante simplicité d'un modèle unique.

De plus, chaque œuvre véritable vit d'une vie propre en laquelle se manifeste la singularité de son auteur. Il n'est donc pas de proposition générale qui ne coure le risque d'être invalidée, pas de définition d'ensemble que ne contredisent une multitude d'exemples.

Cependant, à vouloir retenir pour l'art moderne un trait caractéristique, le moins insatisfaisant — car le plus général — est sans doute celui qui consiste à présenter celui-ci comme un art de rupture. Rupture esthétique L'art moderne, en effet, se définit d'abord par le refus clairement affirmé de toute continuité artistique. Sans doute cela n'est-il pas entièrement nouveau.

Comme le souligne le dramaturge Ionesco dans Notes et contrenotes : «...dans l'histoire de l'art et de la pensée, il y a toujours eu, à chaque moment vivant de la culture, une "volonté de renouvellement".

Cela ne caractérise pas seulement la dernière décennie.

Toute l'histoire n'est qu'une suite de "crises" — de ruptures, de reniements, d'oppositions, de tentatives, de retours aussi à des positions abandonnées (mais avec de nouveaux points de vue, autrement les retours seraient "réactionnaires" ou "conservateurs").

S'il n'y a pas "crise", il y a stagnation, pétrification, mort.

Toute pensée, tout art est agressif.

» Jamais cependant, autant que depuis la fin du XIXe siècle, cette «volonté de renouvellement» sur laquelle insiste Ionesco n'avait défini aussi clairement l'activité artistique.

A tel point qu'une œuvre, aujourd'hui, ne semble valoir que d'être à la fois recherche du nouveau et rejet de l'ancien. A cet égard, l'art moderne apparaît bien comme l'exacte antithèse de l'art immobile qui caractérise les sociétés traditionnelles.

Dans ces dernières, la valeur d'une œuvre d'art est jugée en fonction de sa perfection technique, de sa conformité au regard de normes immuables que l'artiste n'a ni vocation à changer ni latitude pour le faire.

A l'inverse, dans les sociétés modernes, l'œuvre doit, pour être reconnue, être le lieu d'un équilibre entre conformité et innovation, le second élément de cet équilibre étant d'ailleurs celui sur lequel l'accent est mis sans ambiguïté. Pour rendre compte d'une telle conception, on a quelquefois introduit le terme de «darwinisme esthétique».

Par lui, on cherche à traduire l'idée que le progrès existe en art et que, comme les formes biologiques se succèdent, doivent se succéder les formes artistiques.

Le rôle de l'artiste ne doit donc plus être de se conformer à une tradition qui est condamnée par le sens même de l'histoire mais d'inventer des formes nouvelles, adaptées à son époque et destinées à périmer les formes artistiques précédentes. Peu de mouvements ont été aussi loin dans cette volonté d'en finir avec l'art du passé que le futurisme.

On lit à cet égard dans le Manifeste de 1909 : «Nous sommes sur le promontoire des siècles!...

A quoi bon regarder derrière nous, du moment qu'il nous faut défoncer les Vantaux mystérieux de l'impossible? Nous voulons démolir les musées, les bibliothèques.

» L'exaltation de la modernité artistique passe par le désir violent de repousser en bloc l'héritage du passé.

Le temps n'est pas loin, où, par dérision, l'on agrémentera de moustaches le portrait de la Joconde. Concrètement, cette volonté de rupture passe par la destruction systématique des codes artistiques sur lesquels reposait l'art traditionnel.

Au tournant du siècle, un nouveau langage s'invente.

Dans le domaine de la poésie, le recours au vers libre, avec Rimbaud puis Apollinaire et Cendrars, fait comme éclater la structure traditionnelle du discours poétique sur laquelle, depuis la Renaissance, avait vécu la littérature française.

En musique, l'école de Vienne, avec Schönberg, Berg et Webern, rompt avec le langage même de la composition musicale afin d'ouvrir à celle-ci de nouvelles voies où se donnent à entendre de déroutantes et fascinantes sonorités. Mais la métamorphose la plus spectaculaire est celle qui se réalise dans le champ de la peinture.

Puisant aux sources les plus diverses — celles-là même qui, comme l'art nègre ou la peinture japonaise, étaient étrangères à la tradition occidentale — les artistes rompent, par étapes, avec l'ambition figurative qui, de tout temps, avait défini leur discipline.

Le peintre découvre qu'il ne s'agit plus pour lui de représenter avec le maximum de fidélité un spectacle qui soit celui du monde.

Il lui faut arranger sur la toile des combinaisons de formes et de couleurs qui, sans. »

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