Quel est le fondement de la vérité ?
Extrait du document
«
? Reformulation
« Fondement » signifie: condition de légitimité d'une chose (cf.
cours sur la morale).
Le sujet est alors: A quelles
conditions pourra-t-on dire légitiment qu'il y a vérité? Mais nous avons déjà la réponse: à conditions qu'il y ait dévoilement du réel
(= objectivité = universalité).
« Fondement » signifie aussi: condition pour qu'existe une chose, le sujet devient: Comment est-ce possible un
dévoilement du réel?
Voilà notre question...
? Analyse du problème
Si la vérité consiste en un dévoilement de ce qui est, le problème de fond apparaît facilement: Quel rapports avons
nous avec l'être? Comment sortons nous de l'imaginaire, du rêve, de l'apparence, du subjectif, du relatif, du préjugé, de
l'hypothèse, du faux pour atteindre l'être et la vérité?
? Enjeux
L'enjeux majeur d'une réflexion sur le fondement de la vérité est le suivant: la vérité étant universelle, elle n'est pas
compatible avec la tolérance.
La détention de la vérité permet de rejeter en toute légitimité toute affirmation contraire.
La vérité
ne tolère par définition qu'elle-même.
Or c'est du droit de la vérité que s'autorise nombre de fanatisme ou d'extrémisme.
Le philosophe Alain résume ceci en
une formule: « Le fanatisme, ce redoutable amour de la vérité.
»[1]
Mais il s'agit d'un amour intéressé, irrespectueux de l'exigence propre de la vérité.
Le fanatisme ne s'intéresse pas à la
vérité pour elle-même, il ne se pose pas la question philosophique de fondement.
« Le fanatisme n'est pas l'amour de la
vérité: c'est l'amour de la vérité qu'on croit connaître, c'est donc l'amour de la croyance et de soi! » C'est ce qu'écrit le
philosophe contemporain André Comte-Sponville.
Le fanatique aime un préjugé, c'est à dire sa propre croyance, sa propre
subjectivité.
L'amour de la vérité oblige à sortir du culte de soi-même, c'est à dire de ses opinions, de ses croyances, de sa
culture, etc.
pour aller vers l'universel, l'objectif, l'être en soi.
L'amour de la vérité est, lorsqu'il n'est pas trahi un anti-fanatisme (il
n'y a pas de fanatisme du théorème de Pythagore ou des lois de Newton bien comprises).
Remarquons l'attitude que nous « conseille » (Kant) la sagesse spinoziste: l'honnêteté, c'est à dire la tolérance des
croyances et des ignorances au nom du primat de l'amitié (calculée bien sur, il y a des limites).
Mais Spinoza nous dit aussi qu'il
faut développer l'instruction et la connaissance.
La tolérance n'est pas l'indifférence.
AVANT-PROPOS
La question du fondement de la vérité est à l'origine d'une science: la métaphysique.
La philosophie[2] est née en Grèce avec Socrate puis Platon.
Elle a le sens étymologique d'amour (phélia) et de la
sagesse (sophia).
Comprenons bien, le sage, c'est celui qui s'attache à distinguer la vérité de la fausseté, le philosophe, au sens
grec, celui qui aime les hommes en général: « Celui qui veut toute science, qui se met joyeusement à l'étude et s'y révèle
insatiable, celui-là, nous l'appellerons à bon droit philosophe.
»[3] Ce sens très général restera usuel jusqu'au 18e s..
Ensuite, les domaines de la recherche « philosophique » au sens grec (c'est à dire de la recherche de la connaissance vraie) vont
se spécialiser.
Newton caractérise cette spécialisation en matière de connaissance.
La philosophie va désigner un champ plus
restreint d'étude (cf.
tableau du début d'année).
La philosophie est donc née il y a 2500 ans contre les savoir coutumiers, traditionnels, donc universels.
La découverte
des mathématiques (Thalès, VIIe s.
av.
J.C.) a ouvert un besoin de dépasser les croyances traditionnelles pour accéder en toute
chose à la vérité.
« C'est [...] à bon droit que la Philosophie est appelée la science de la vérité.
»[4]
Une part de l'effort philosophique consistera donc nécessairement à étudier les fondements de la vérité.
Or sur quoi
repose la vérité? Nous l'avons vu, sur le réel, l'être.
« Il y a une science qui étudie l'Etre en tant qu'être [...].
Elle ne se
confond avec aucune des sciences dites particulières car aucune de ces sciences ne considèrent en général l'Etre en
tant qu'être mais découpant une certaine partie de l'Etre, c'est seulement de cette partie qu'elles étudient l'attribut
(les propriétés) »[5] Aristote baptise cette science la philosophie première.
Un éditeur, Andronicos de Rhodes (50 av.
J.C.)
nommera l'ouvrage d'Aristote qui en traite: la « Métaphysique ».
Ce nom est resté pour désigner la science de l'être en général.[6]
Abordant la question de la vérité, nous allons donc devoir passer par des questions métaphysiques.
« Sans un petit grain de métaphysique, il n'est pas possible à mon avis de fonder une science de ce qui exacte.
La métaphysique telle que je la conçois est la source de ce qui est, c'est à dire de ce qui existe, donc du monde tel.
»
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