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Que peut la raison pour exclure la violence ?

Publié le 22/01/2023

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« Que peut la raison pour exclure la violence ? Corrigé Introduction Que peut la raison pour exclure la violence ? Avant de tenter de répondre à cette question, il paraît nécessaire de s’entendre sur l’expression « ce que peut la raison ».

Elle peut évoquer soit les effets de la raison (au sens où l’eau a comme effet d’éteindre le feu), soit le pouvoir qu’elle représente (au sens où l’on peut faire appel aux pompiers pour lutter contre un incendie).

Dans le premier cas, il s’agit de propriétés immanentes ; dans le second, d’une possibilité d’actions ou de productions. En quel sens la raison s’oppose-t-elle à la violence ? La raison étant, comme le témoigne son étymologie (du grec logos : « parole », « langage », « calcul »), une pratique de dialogue et de discours, elle se distingue par sa capacité à régler les différends entre les hommes, par son aptitude à rendre ces derniers plus raisonnables.

Par nature donc, la raison serait pacifiante. Mais l’anticipation rationnelle est aussi ce qui permet le calcul d’intérêts, l’élaboration des plans de guerre, les ruses contre l’ennemi.

La raison peut donc aussi se mettre au service de la violence.

Aussi ne va-t-il pas de soi que la raison soit plus du côté de la paix que de celui de la rage destructrice. 1.

La raison ne veut rien A.

La raison comme moyen de calcul Raisonner, c’est combiner des signes, articuler des mots, des phrases ; bref, c’est enchaîner des pensées.

Le raisonnement permet de passer d’un constat à la représentation de ses conséquences, ou d’une idée à ses implications logiques.

L’homme rationnel dispose donc de moyens pour ne plus vivre enfermé dans l’immédiateté du présent et pour avoir prise sur l’avenir.

Il pourra renoncer par exemple à certaines décisions en considérant les conséquences qu’elles pourraient entraîner et qu’il ne souhaite pas.

Mais ce n’est pas parce que nous pouvons raisonner que nous le faisons.

La raison ne guide pas nécessairement l’action des hommes.

Aussi est-il erroné d’envisager la raison comme douée de pouvoirs.

Ce que peut la raison, elle n’en est capable qu’à la condition que la volonté le veuille bien.

En elle-même, la raison ne veut rien ; elle n’est qu’un moyen pouvant servir une cause comme son contraire. B.

Une alternative à la violence : dans quelles mesures ? Il est vrai toutefois que le choix de la raison n’est pas sans effets sur les relations entre les hommes.

Là où chacun suit aveuglément, dans l’impulsivité, son instinct ou son intérêt, aucun accord durable n’est possible.

À la moindre opposition, le règlement du litige sera violent. Chacun tentera de faire jouer en sa faveur la loi du plus fort.

Au contraire, dès lors que des individus raisonnent, ils peuvent comprendre qu’ils n’ont pas toujours intérêt à recourir à la force et qu’ils peuvent tirer profit de l’union et de la coopération.

Les compromis ne sont possibles qu’à la condition que les partis en présence puissent balancer les avantages et les inconvénients de l’accord.

Plus l’humanité parle, plus elle s’affirme selon des relations © Hatier 2002-2003 fondées sur la parole, plus elle s’humanise.

C’est la raison qui civilise les hommes et leur permet de ne pas se laisser emporter par le cycle infernal de la violence. 2.

Violences de la raison A.

Les prétentions égocentriques de la raison Mais cette conception pacifique et irénique (terme d’origine grecque : « qui réconcilie ») de la raison n’est-elle pas un peu naïve ? Non seulement parce que la raison peut se mettre au service d’intentions malfaisantes, mais aussi parce qu’elle tend par elle-même à aiguiser la prise de conscience des intérêts individuels et à développer une conception individualiste de l’existence.

Tandis que les élans irrationnels de sympathie peuvent rassembler les hommes et les empêcher de devenir impitoyables les uns envers les autres, la raison au contraire peut enfermer chacun sur lui-même et réduire l’autre au statut d’objet extérieur.

Or la violence commence là où autrui est ravalé au rang de chose : corps, sexe, type ethnique, couleur de peau… À l’horizon de toute chosification de l’autre s’annonce déjà celle, radicale, par laquelle il est réduit à son masque mortuaire, à son cadavre : le meurtre.

Est-ce un hasard si c’est au sein d’une civilisation idolâtrant la science et la technique que le projet d’extermination méthodique d’un peuple s’est élaboré ? Les camps de concentration sont en effet des institutions rationnellement conçues et gérées.

L’enfermement égocentrique du raisonneur porte donc en germe une violence devant laquelle celle du déchaînement brutal des instincts animaux paraît bien moins inquiétante. B.

Cruauté des valeurs rationnelles La violence de la raison ne se mesure pas seulement dans les relations humaines.

Elle s’exerce également en chaque homme.

Qu’est-ce qu’être raisonnable en effet, sinon être capable de contrarier ses désirs et de s’imposer une discipline ? L’homme rationnel est par définition en proie à un conflit intérieur entre ce que les élans de la vie le poussent à vouloir et ce que ses calculs et ses raisonnements lui commandent de faire.

L’autorité intérieure de la raison est d’ailleurs souvent.... »

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