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Que peut la philosophie ?

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« Il est nécessaire de replacer la question dans le contexte historique dans lequel elle est posée : que peut la philosophie, aujourd'hui, pour le monde du 21è siècle, et pour les hommes de ce monde ? Nous le verrons, la philosophie semble détacher ceux qui la pratiquent du monde dans lequel ils se trouvent ; dans cette perspective, que penser d'elle ? Que peut le philosophe, s'il est complètement désarçonné du monde dans lequel il est ? "Rien" serait une réponse trop rapide.

Car si l'on examine ses grandes figures, et ses mutations historiques, nous nous rendons compte que la philosophie a toujours accompagné l'homme dans son élan vers l'émancipation, dans ses quêtes.

Comme nous le verrons, la philosophie, antique ou contemporaine, a plusieurs fois changé la face du monde, en mal ou en bien.

Ainsi, poser la philosophie comme impotente (c'est la thèse que sous entend la question posée) se révèle faux. 1/ La philosophie, en tant qu'elle détache du monde, ne peut pas grand chose pour ce dernier - La vision commune & triviale du philosophe. "Le philosophe a la tête dans les nuages" Le philosophe, dans la représentation commune, est une personne perdue dans ses pensées, dans des questions sans rattachement direct avec le monde.

Le philosophe, égaré dans ses problèmes métaphysiques, est une personne détachée du monde. Un célèbre tableau de Rembrandt illustre parfaitement cette représentation commune du philosophe égaré.

Ce tableau ("Philosophe en méditation") représente un homme barbu, affalé sur sa chaise, à son bureau, dans une pièce sombre à peine éclairée par un feu de cheminé et la lumière qui filtre à travers une fenêtre. Ce tableau est visible à l'adresse : http://remue.net/IMG/jpg/La_meditation_du_philosophe_Rembrandt.jpg Que peut cet homme, pour le monde, dont il ne voit pas les changements, ni les problèmes, du monde ? Dans la mesure ou la philosophie détache celui qui s'y abandonne de la réalité sociale, économique, politique et historique du monde, que peut-elle ? Elle ne peut, au mieux, que faire oublier la réalité problématique du monde ? D'ou l'expression du langage commun : "Prendre les choses avec philosophie", qui consiste à appuyer la thèse qui veut que si la philosophie ne peut rien pour le monde, elle peut au moins permettre à l'homme de l'oublier. - Dans les représentations communes, il y a une part de vérité. Comme souvent dans les opinions du sens commun, il y a des parts de vérité.

Ainsi, la vision commune du philosophe perdu qui, en tant que détaché de lui, ne peut rien pour le monde, n'est pas entièrement fausse.

Car il est vrai que la pratique philosophique, en tant qu'exercice de pensée, nécessite un détachement du monde, une certaine forme d'introspection.

Le philosophe représenté par le tableau de Rembrandt est bel et bien perdu dans ses méditations. Car la philosophie demande qu'on laisse murir nos reflexions, et en ce sens elle demande à qui y répond de porter un regard sur soi. - La preuve par l'anecdote. On dit de Thalès qu'un soir, contemplant les astres, il tomba par mégarde dans un puits. "Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits.

Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu'il s'évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel.

et qu'il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds." (Théétète) On dit de Socrate qu'il passait des heures, immobile, dehors, qu'il pleuve ou non, perdu dans ses pensées, comme isolé de son corps et du monde.

(Platon en parle notamment dans le Banquet). Kant, quant à lui, ne sortait jamais de sa ville Königsberg en Prusse orientale.

Tous les jours il réalisait la même balade, suivant le même chemin, et sa vie était réglée comme une horloge. Heidegger (philosophe contemporain allemand du 20è siècle) s'isolait dans le chalet qu'il avait lui même construit, dans les montagnes surplombant la ville dans laquelle il enseignait, en forêt noire. Ces quatre grandes figures de la philosophie sont là pour en témoigner : la philosophie passe par une certaine forme d'isolation du monde, d'autrui, du vacarme extérieur. - Il y a des philosophes qui préconisaient le détachement du monde comme mode de conduite d'une vie saine. Diogène (3è siècle), dit "le cynique", par exemple, vivait dans un tonneau, vêtu d'une cape, et méprisait le confort et les richesses.

Seul ce refus des moeurs de son époque pouvait lui permettre, affirmait-il, de critiquer celles-ci ouvertement. Les stoïciens rejetaient la recherche incessante du plaisir. Epicure (3è siècle avant JC) rejetait la soumissions aux désirs vains, tels que la gloire, la richesse ou la reconnaissance. - Voir également l'idée qui veut que "pour comprendre le monde, il faut s'en extraire". On pourrait, pour finir, soutenir la thèse que pour comprendre tout système complexe dans lequel nous sommes nous même impliqués, il faut (d'abord) s'en extraire.

Ainsi, la philosophie devrait pousser le philosophe à s'extraire du monde, le rendant incapable d'agir sur lui. - Marx : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières.". Transition : La philosophie se donne-t-elle comme fin de "pouvoir" quelque chose ? Le philosophe a-t-il comme but de "pouvoir". »

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