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Que peut la pensée contre le malheur des hommes ?

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« La pensée a-t-elle une efficacité face à la souffrance, aux malheurs ? Peut-elle être un remède ? L'attise-t-elle ? Ou n'est-ce pas se tromper sur son rôle ? La pensée serait par essence "stérile" ; elle n'aurait aucun pouvoir, aucun effet sur le monde qu'elle décrit et analyse.

Il convient de donner tout son sens au terme "contre", pour interroger les pouvoirs réels ou supposés de la pensée.

Si la pensée est définie comme connaissance, que peut donc la connaissance contre le malheur des hommes ? Si la pensée est compréhension et explication, agit-elle contre le malheur ? Suffit-il alors d'expliquer le malheur, d'en rendre raison (ainsi de certaines analyses sociologiques), ou de lui donner un sens pour le faire disparaître en quelque sorte, pour le combattre au sens strict, pour lutter contre (voir livre I de l'Éthique de Spinoza, ou livre IV de l'Émile de Rousseau, ou encore La Religion dans les limites de la simple raison de Kant (I, 4)) ? Hannah Arendt écrit : "Celui qui ne connaît pas le rapport de soi à soi-même (Arendt reprend ici la définition classique de la pensée comme dialogue intérieur de l'âme avec elle- même) — par lequel nous examinons ce que nous faisons et disons — ne verra aucune difficulté à se contredire lui-même, ce qui signifie qu'il ne sera jamais capable de — ni ne voudra — rendre compte de ce qu'il fait ou dit ; il ne pourra non plus s'inquiéter de commettre quelque crime puisqu'il peut être sûr qu'aussitôt il l'oubliera.

L'incapacité de penser n'est pas la "prérogative" de tous ceux qui manquent d'intelligence, elle est cette possibilité toujours présente qui guette chacun — les scientifiques, les érudits et autres spécialistes de l'équipée mentale — et empêche le rapport à soi-même dont la possibilité et l'importance furent découvertes par Socrate..." (Considérations morales).

Le mal en tant qu'il est une forme du malheur des hommes, une cause du malheur des hommes, est selon elle lié au refus de penser. Maintenir la pensée, c'est maintenir une dignité ; c'est un rempart parfois un peu léger certes mais rempart malgré tout contre le mal.

Si la pensée peut comprendre le malheur des hommes, l'expliquer, elle peut aussi à son échelle — et parfois cela peut sembler vain — le combattre par l'analyse, en le mettant en lumière.

Alors que d'aucuns préféreraient qu'on l'ignore. Introduction : La pensée est une activité de l'esprit.

Le malheur est la conscience d'un élément désagréable qui se prend comme une contrainte dans l'accession au bonheur.

Si le malheur des hommes semble inscrite dans l'histoire comme l'a dit Freud dans Malaise dans la civilisation.

Pourtant on peut se demander quel lien entre la pensée et le malheur des hommes ? Or le primat de la raison et la toute puissance de la pensée peut se comprendre comme un moyen voire un remède aux malheurs de l'homme (1ère partie).

En effet, la pensée peut nous permettre de prendre du recul sur les choses de la vie mais aussi nous faire comprendre que nous ne pouvons pas tout contrôler ni tout éviter. Néanmoins, il faut bien remarquer que la pensée ne peut pas tout (2nd partie) notamment parce que son extension n'est pas totale et qu'il y a nombre de domaines qui lui échappent.

Bien plus, la pensée est réellement entrée en crise voire elle a perdu de sa superbe et de sa domination en tant que la pensée ne serait plus apte à nous amener vers un dépassement de notre malheur.

Pourtant, si la pensée peut quelque chose, il est nécessaire de remarquer que cela ne peut se faire qu'au prix de son utilisation et d'une conversion du regard qui seul permet de soulager l'homme même si elle ne peut outrepasser ses prérogatives et laisse alors une place nécessaire à la croyance et à la religion comme au-delà de la pensée (3ème partie). I – La pensée comme remède a) La pensée peut se définir comme le meilleur remède contre les malheurs et les vicissitudes de la vie de l'homme. Ainsi, on peut dire que la pensée apporte des solutions à la misère de l'homme et tend à le calmer ou à le consulter en lui montrant les moyens d'éviter ses malheurs ou lui en montrant le caractère futile.

La philosophie, par exemple, comme exercice de la pensée pourrait nous prémunir contre les pires maux comme on peut le voir chez Epicure dans la Lettre à Ménécée à l'occasion de ce que l'on appelle le « tétrapharmacon » : Ainsi il ne faut pas craindre les dieux : « D'abord, tenant le dieu pour un vivant immortel et bienheureux, selon la notion du dieu communément pressentie, ne lui attribue rien d'étranger à son immortalité ni rien d'incompatible avec sa béatitude.

Crédite-le, en revanche, de tout ce qui est susceptible de lui conserver, avec l'immortalité, cette béatitude.

» Ensuite il ne faut pas craindre la mort : « Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, puisque tout bien et tout mal résident dans la sensation, et que la mort est l'éradication de nos sensations.

Dès lors, la juste prise de conscience que la mort ne nous est rien autorise à jouir du caractère mortel de la vie : non pas en lui conférant une durée infinie, mais en l'amputant du désir d'immortalité.

» Ensuite, il faut régler ses désirs : « Il est également à considérer que certains d'entre les désirs sont naturels, d'autres vains, et si certains des désirs naturels sont contraignants, d'autres ne sont...

que naturels.

Parmi les désirs contraignants, certains sont nécessaires au bonheur, d'autres à la tranquillité durable du corps, d'autres à la vie même.

Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix et rejet à la santé du corps et à la sérénité de l'âme, puisque tel est le but de la vie bienheureuse.

C'est sous son influence que nous faisons toute chose, dans la perspective d'éviter la souffrance et l'angoisse.

» Enfin concernant la douleur : elle n'est que passagère et ne dure pas, elle est violente ; si elle dure c'est qu'elle entraînera la mort et il ne faut pas avoir peur la mort. b) Mais surtout, la pensée nous apprend à discerner ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.

Dès lors, il est possible de concevoir la pensée comme un moyen de prendre du recul par rapport aux choses de la vie.. »

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