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Que pensez-vous de cette remarque de Descartes : "il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, a

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Descartes, au début du Discours de la Méthode, expose les raisons qui l'ont poussé à chercher une méthode en dehors des livres; à peine sorti du collège, il a voulu demander aux voyages une expérience qui fait défaut aux livres et aux savants confinés dans leur cabinet.  Descartes fut un grand voyageur. De 1617 à 1629, sa v¡e se passe en déplacements continuels. Pendant deux ans (1617-19) il fait partie de l'armée hollandaise de Maurice de Nassau. En 1619, on le trouve au Danemark, puis de nouveau en Allemagne, à Francfort où il assiste au couronnement de l'Empereur, à Neubourg, où il reste tout l'hiver à méditer. En I 620, il retourne à l'armée, cette fois dans le camp du duc de Bavière, et prend part à la bataille de la Montagne Blanche. De 1620 à 1629, les voyages sont encore plus fréquents. Avant de s'installer en Hollande, Descartes parcourt la Suisse, l'Italie, l'Allemagne du Sud. On sait que sa santé délicate ne l'empêchera pas de se rendre en Suède, où il mourra.

« Que pensez-vous de cette remarque de Descartes :il est bon de savoir quelque chose des mœurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien vu ? (Discours de la Méthode) Descartes, au début du Discours de la Méthode, expose les raisons qui l'ont poussé à chercher une méthode en dehors des livres; à peine sorti du collège, il a voulu demander aux voyages une expérience qui fait défaut aux livres et aux savants confinés dans leur cabinet. Descartes fut un grand voyageur.

De 1617 à 1629, sa v¡e se passe en déplacements continuels.

Pendant deux ans (1617-19) il fait partie de l'armée hollandaise de Maurice de Nassau.

En 1619, on le trouve au Danemark, puis de nouveau en Allemagne, à Francfort où il assiste au couronnement de l'Empereur, à Neubourg, où il reste tout l'hiver à méditer.

En I 620, il retourne à l'armée, cette fois dans le camp du duc de Bavière, et prend part à la bataille de la Montagne Blanche.

De 1620 à 1629, les voyages sont encore plus fréquents.

Avant de s'installer en Hollande, Descartes parcourt la Suisse, l'Italie, l'Allemagne du Sud.

On sait que sa santé délicate ne l'empêchera pas de se rendre en Suède, où il mourra. Mais ce voyageur n'est pas un simple curieux, c'est un philosophe qui s'intéresse plus aux hommes qu'aux beautés naturelles et qui veut s'instruire plutôt que se divertir.

Il cherche le secret des grandes actions, des réussites militaires : J'employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens de diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences...

car il me semblait que je pourrais rencontrer plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent...

que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet. Déjà au XVIe siècle, Montaigne avait parcouru une partie de l'Europe pour lire le livre du monde.

On sait que son voyage dura plus d'un an et que pour se rendre en Italie, il commença par passer par Paris, les Vosges, la Suisse, la Bavière et le Tyrol : c'est dire que le voyageur n'était pas pressé.

Avant Descartes, il prenait plaisir à la variété des coutumes humaines et loin d'en blâmer la diversité, il cherchait à en expliquer les causes : Je ne sache point de meilleure école, comme j'ai dit souvent, à former la vie, que de lui proposer incessamment la diversité de tant d'autres vies, fantaisies et usances, et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature... Chaque-usage à sa raison.

Soient des assiettes d'étain, de bois, de terre ; bouilli ou rôti ; beurre ou huile, de noix ou d'olive chaud ou froid tout m'est un...

(Essais, livre III, 9) Les avantages du voyage sont triples : 1) Satisfaire sa curiosité, 2) Mieux comprendre les autres hommes, 3) Se mieux connaître soi-même. De nos jours, les voyages sont plus faciles, plus sûr; et plus étendus.

Toutefois, le profit moral et intellectuel reste le même que celui de jadis : rien ne remplace la connaissance directe des hommes.

Comme les rapports entre nations sont de plus en plus étroits et les causes de malentendu et de conflit d'autant plus fréquentes, c'est une nécessité pour l'homme politique que de comprendre dans leur complexité vivante les alliés ou les adversaires éventuels. Il en est de même pour l'homme d'affaires : comment pourra-t-il imposer ses produits à un peuple étranger dont il ne connaît pas à fond la psychologie? Enfin, l'homme de science, lui aussi, doit voyager.

Sans doute, les échanges de livres et de revues permettent une communication constante entre les bons esprits de tous les pays, mais combien est plus féconde la conversation et la collaboration directe : les livres ne peuvent exprimer que le squelette de la découverte, il leur manque l'âme, l'étincelle de vie. Voyager présente pourtant des risques pour l'esprit insuffisamment préparé.

Montaigne et Descartes avaient épuisé la sagesse traditionnelle des livres avant de parcourir le monde.

Leur jugement était armé et sûr.

Ils évitaient la confusion intellectuelle que redoutait déjà Sénèque : Il n'est nulle part celui qui est partout.

Leur esprit, de compréhension et de tolérance était fortifié, mais leur amour de la France n'était pas affaibli.

Ainsi le patriotisme, plus fortement fondé en raison, plus expérimenté, devient plus sincère et plus humain : voyager n'est pas perdre son pays, ni perdre son âme, mais mieux apprécier l'un et l'autre. Voyageons donc, mais sans jamais devenir étrangers en notre pays et après avoir étudié le livre du monde, étudions-nous nous-mêmes : les souvenirs de voyage peupleront notre méditation.. »

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