Aide en Philo

Qu'aime-t-on quand on aime ?

Publié le 27/03/2024

Extrait du document

« « Qu’aime-t-on quand on aime ? C’est la question à laquelle je vais tenter de répondre dans les prochaines minutes en abordant plusieurs pistes de réflexion sur ce sujet, qui divise dans la sphère des penseurs.

J’ai décidé de me focaliser sur l’amour romantique, avec le couple pour schéma, mais mes propos peuvent aussi s’adapter à un amour familial ou amical.

Dans la réponse à cette question, plusieurs camps s’opposent : ceux qui jugent qu’on aime autrui pour l’intérêt qu’on trouve à cet amour, abordant alors la notion de volonté, et de l’autre côté ceux qui traitent l’amour comme un sentiment incontrôlable, nous poussant parfois à agir à l’encontre de toute raison.

D’autres sous questions se posent : aime-t-on l’autre pour ses qualités, pour l’image qu’on se fait de lui, ou pour ce qu’il est vraiment, (ce que Pascal appelle la personne et le personnage) ? Et également, aime-t-on finalement pour soi-même plus que pour l’autre ? Ce sont les questionnements auxquels je vais tenter d’apporter une réponse partielle. Tout d’abord, abordons la notion de volonté en amour : certaines personnes, pour des raisons ou d’autres, s’efforcent de chercher le meilleur parti pour partenaire.

Elles sont indécises dans leur quête de la bonne personne à aimer, comparent les qualités de l’une et de l’autre, leurs points forts et faibles respectifs, et passent à côté de la seule condition à remplir pour trouver la bonne personne: le fait d’aimer, tout simplement.

S’il y a questionnement quant au mérite de telle ou telle personne à être aimée par nous plutôt qu’une autre, alors il n’y a pas l’évidence de l’amour, il n’y a pas l’amour.

Dans cette idée, il n’y a de raison d’aimer que pour ceux qui n’aiment pas, et expliquer pourquoi on aime serait vain, car toutes les raisons qu’on pourrait trouver à cet amour n’auraient pas plus de raison de s’appliquer à telle personne plutôt qu’à une autre.

L’inclination supplémentaire propre à l’amour nous est étrangère. C’est à cause de cette évidence propre à l’amour, extérieure à la raison que l’on aurait d’aimer, qu’il nous arrive d’aimer sans rien connaître de l’autre, voire d’aimer en dépit de toutes les raisons qu’on aurait de ne pas le faire.

Il existe un nombre incalculable d’histoires d’amour interdites qui impliquent un risque qui ferait pâlir n’importe quel individu doté de raison, et pourtant, ces histoires racontent presque systématiquement la façon dont ces personnages sont prêts à braver toutes les tempêtes, simplement pour vivre cet amour irraisonnable.

C’est la thèse que défend Kant, qui affirme, je cite, que : « l’amour est une affaire de sentiment et non de volonté.

» Il ajoute dans la Critique de la raison pratique, je cite: « il n’est au pouvoir d’aucun être humain d’aimer quelqu’un simplement par ordre.» Ainsi, si l’amour était guidé par la raison, par un choix logique et réfléchi, alors chacun aurait sans doute, au moins une fois dans sa vie, fait le choix d’aimer ou de cesser d’aimer.

Pourtant, il est une expérience quasi universelle qui consiste à se trouver piéger par ses sentiments ou leur absence.

Certains diront qu’aimer relève du choix, d’autres qu’aimer dépend de quelque chose sur lequel nous n’avons pas la main.

Montrer son amour, l’accepter et l’entretenir est peut-être un choix, mais le ressentir, il est compliqué de l’envisager comme objet de notre volonté. Tout comme il nous serait impossible de réprimer une soudaine vague de colère, l’amour nous contrôle plus que nous le contrôlons, que ce soit en terme d’intensité, ou vis-à-vis de la personne envers qui nous le ressentons. La thèse de Proust, dans son roman Les horreurs de l’amour, consiste à dire que l’amour que nous portons à une personne ne peut être révélé que par la souffrance de la voir loin de nous.

Ce que nous aimons alors, c’est le soulagement que nous éprouvons à ne plus souffrir de son manque.

L’être aimé ferait office d’analgésique, et ce ne serait pas notre amour, qui nous ferait ressentir de la jalousie à son égard, ou du manque en son absence, mais cette jalousie et ce manque seraient plutôt la cause du réveil de notre amour.

Selon Proust, si l’absence d’une personne est une telle souffrance que sa présence devient un besoin, alors nous l’aimons.

Notre amour serait constamment ravivé par l’absence de l’autre, et le jour ou ce manque ne se ferait jamais plus sentir, cela signifierait que l’amour s’en est allé.

Là ou nous pensons aimer la présence de l’autre, nous aimons en réalité le soulagement que nous procure la fin du manque que son absence suscitait.

L’amour serait ainsi toujours lié à la douleur de l’attente. D’un point de vue plus pragmatique, on aime aussi par besoin. L’Homme est, par nature, destiné à évoluer auprès d’un partenaire, comme toutes les autres espèces animales, dans un but de perpétuation de sa lignée.

Il lui est naturel, peut-on même dire instinctif, d’être en recherche de la personne qui l’accompagnera.

Cependant, la conception que l’on se fait de l’amour n’est pas seulement influencée par la biologie, mais grandement par l’environnement social et culturel dans lequel nous évoluons.

L’amour romantique est partout, depuis toujours, si bien que chacun s’en fait une certaine représentation.

Certains placent alors ce sentiment sur un piédestal et s’imaginent que s’ils ne ressentent pas précisément l’amour comme il leur a été décrit et représenté depuis leur enfance, alors il ne s’agit pas d’amour.

C’est ce qui peut pousser certaines personnes à penser qu’elles sont incapables d’éprouver des sentiments.

Pour une infime partie, c’est la vérité, mais dans la plupart des cas, ces personnes se sont simplement créées une image erronée du sentiment amoureux, au point de se penser incapables de l’éprouver, seulement parce qu’il ne correspond pas exactement au modèle qu’on leur a toujours inculqué.

Elles finiront par accepter les sentiments de la première personne qui voudra d’elles, par peur de la solitude, parce qu’on leur a toujours répété qu’il leur fallait trouver quelqu’un, que ça devait être un des objectifs, si ce n’est l’objectif principal de leur vie.

Ces personnes aiment alors leur partenaire pour leur statut de partenaire, mais pas pour lui-même.

Je pense notamment aux femmes auxquelles on apprend d’autant plus que le plus important devrait être de faire des enfants, plutôt que tout autre plan d’avenir. Ensuite, certains penseurs conçoivent l’amour comme soit bon, soit mauvais. Le philosophe Nicolas Grimaldi différencie deux formes d’amour : l’une égoïste, et l’autre idéaliste. La première, d’abord, consiste en la volonté d’absorber l’autre, dans un désir narcissique de ne le voir vivre que pour et par soi, si bien que toute forme d’indépendance de sa part serait perçue comme une trahison.

La seconde, en revanche, signifie aimer l’autre pour sa singularité.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles