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Puis-je surmonter la distance entre moi et autrui ?

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« Le fossé entre moi et autrui «Que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts?» Descartes, Méditations métaphysiques (1641), II. • Le doute méthodique qui mène Descartes à remettre en cause l'existence même du monde extérieur permet de bien comprendre la distance qui me sépare d'autrui.

Qu'est-ce qui me prouve, en effet, que je ne suis pas le seul être doué d'une véritable subjectivité, et que les autres ne sont pas tous des automates, ou même des rêves? • Si radicale et paranoïaque qu'une telle hypothèse puisse sembler, c'est bien souvent comme un automate - ou comme un objet, et non comme un sujet digne de ce nom - que je traite autrui lorsque je l'instrumentalise à mes propres fins ou que je le considère comme d'une dignité inférieure à la mienne. Je connais autrui en même temps que moi—même. «Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes [...], nous nous atteignons nous-mêmes en face de l'autre, et l'autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes.» Sartre, L'Existentialisme est un humanisme (1946). • Sartre critique l'hypothèse solipsiste de Descartes.

L'existence d'autrui, pour lui, ne peut pas faire l'objet d'une démonstration car le «moi» qui effectuerait cette démonstration ne se connaît lui-même qu'en même temps qu'il connaît autrui. • En effet pour Sartre, «l'autre est indispensable à mon existence aussi bien qu'à la connaissance que j'ai de moi»: je ne peux parler de moi-même et prendre conscience de moi-même que par rapport au regard qu'autrui porte sur moi.

L'intersubjectivité, c'est-à-dire la structure commune à moi et autrui, est première par rapport à ma subjectivité. • C'est pourquoi je ne peux pas sérieusement mettre en doute l'existence d'autrui.

Ce qui ne signifie pas que je sois toujours d'accord avec lui ou que je ne puisse pas le maltraiter. C'est dans le dialogue que se constitue un terrain commun entre moi et autrui. «Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre moi et autrui un terrain commun [...] Il y a là un être à deux.» Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945). • Par rapport à ce que dit Sartre, une question reste ouverte: c'est qu'il faut bien que cette intersubjectivité se constitue.

Le rapport à autrui n'est pas donné de manière immédiate, pas plus que la conscience de soi.

L'une comme l'autre doivent être construits dans une rencontre effective. • Merleau-Ponty répond à cette question dans l'analyse qu'il fait du dialogue. C'est dans cette communauté de langage et dans l'échange des propos — non pas de manière immédiate mais dans le déroulement du temps et du sens — que j'accède à autrui et à ma propre humanité. • ll ne faut pas confondre l'expérience du dialogue et le fait d'être d'accord: le dialogue constitue un «terrain commun»: ce terrain commun est rarement celui où nous sommes d'accord, car si nous l'étions, nous n'aurions pas besoin de parler.

C'est donc plutôt celui où s'exprime notre désaccord, mais un désaccord dans lequel l'un et l'autre se reconnaissent encore mutuellement la dignité d'interlocuteur. La conscience chez Sartre. Le fait premier est l'existence de la conscience. La philosophie de Sartre est d'abord une philosophie de la subjectivité : Sartre part, comme Descartes, du fait de la conscience. Notre conscience se présente à nous comme un fait, un fait pour nous.

Par exemple, se réveiller, c'est se trouver en face du fait de notre conscience.

Et lorsque la conscience n'est plus ce fait, elle disparaît.

Comme dans l'endormissement, la conscience se défait, nous la perdons.

Mais si l'existence de la conscience est ainsi manifeste, la nature (ou essence) de la conscience reste, elle, problématique: quelle est-elle? La réponse est dans la question : car si l'existence de la conscience est certifiée avant que son essence ne le soit, c'est donc que, dit Sartre, en ce qui concerne la conscience, «l'existence précède l'essence».

La conscience surgit dans l'existence avant que sa nature ne lui soit donnée.

Elle doit donc exister, elle a à être, avant d'être définie par son être, avant qu'une quelconque place lui soit garantie dans l'être. La conscience n'a donc pas de fondement déterminé dans le monde: elle devra donc perpétuellement justifier cette. »

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