Aide en Philo

Puis je exprimer pleinement mon individualité

Extrait du document

« Analyse du sujet : Du point de vue conceptuel : Expression/Exprimer : L'expression implique deux niveaux : une intériorité à révéler dans l'extériorité.

L'expression orale par exemple est la révélation dans l'extériorité de la parole de l'intériorité de l'idée ou de l'opinion.

Exprimer le jus d'un citron c'est l'en faire sortir...Exprimer c'est donc manifester dans la réalité ce qui, avant l'expression, était caché dans l'intériorité : contenu. Pleinement : Signifie avec force, dans son entier, dans sa totalité et pose donc le problème de la limite, faire quelque chose pleinement c'est le faire totalement, sans limite : accomplir cette chose dans toute la plénitude de cet acte. Individualité : L'« individualité » est un terme qui partage avec celui d'« individu » sa racine étymologique latine (individuo) : ce qui ne peut se diviser sans se perdre soi (traduction du grec (atomos) qui a donné atome en français).

L'individualité est donc une unité (comme l'atome est la plus petite unité insécable, que l'on ne peut donc « désunir »). Mais on peut distinguer au moins deux définitions de l'individualité : l'individualité se définit tout d'abord comme subjectivité, libre parce que rationnelle et douée de conscience ; Elle renvoie également à la dimension profonde du soi, qui peut également englober les pulsions, le soi concret de la libido.

Le premier sens lui confère une indivisibilité en raison, sans lui aucune pensée ne pourrait dire « je » ; le second sens lui confère l'irréductibilité dans les faits, on ne peut concevoir aucun homme « réel » qui serait dépourvu d'existence psychologique, dont la raison ne serait jamais mise à l'épreuve par son corps. Du point de vue moral, l'individualité, ou personne, est responsable de sa conscience et de sa liberté individuelle, elle est un sujet moral malgré ses obligations sociales (religieuses ou politique). L'individualité, comprise cette fois-ci comme sujet empirique, est par contre opposée plus précisément à l'ordre que constitue intérieurement la raison, elle représente l'individu en tant qu'il est au prise avec les déterminations psychologiques qui agissent en lui, à son insu, et compliquent sa tâche de personne, ou individualité, responsable. Du point de vue formel : « Puis-je » n'est pas « peut-on ».

S'il s'agit dans les deux cas d'interroger la possibilité, la formule de cet énoncé suggère l'implication du lecteur en tant qu'individualité concrète. Problématisation : Nous nous interrogeons sur l'individualité et les limites de son expression.

Puis-je exprimer pleinement mon individualité ? Si l'individualité n'est que le sujet psychologique en tant qu'il est le siège du combat entre les passions, en tant qu'il est l'esclave des désirs et des pulsions, ne faudrait-il répondre que l'on ne peut exprimer cette individualité sans restriction ? Il semble que oui parce qu'une humanité, dont les individus ne seraient mus que par leurs désirs, y compris le désir morbide, ne pourrait se constituer en société mais seulement se consumer dans la guerre de tous contre tous. Par contre, si par individualité, l'on entend strictement l'unité rationnelle qui dit « je », le cogito cartésien, dès lors il semble que l'on puisse envisager de lui « lâcher la bride ».

Qu'est-ce qui pourrait de toute façon nuire à l'humanité quand chaque homme exprimerait son être profond c'est-à-dire ici, la maîtrise et la responsabilité absolue de ses actions et de leurs conséquences ? P our autant, l'être humain ne peut se targuer d'être ce pur être responsable et raisonnable.

Il demeure comme le disait A ristote, un « animal rationnel », ni tout à fait bestial, ni tout à fait divin... C omment comprendre alors, dans une même réflexion sur l'individu, ce clivage au sein même de l'individualité humaine ? C 'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu. Proposition de plan : 1 .

Si par individualité on entend le sujet des passions, je ne peux lui laisser totalement la liberté de s'exprimer sans me perdre moi-même. a) Si l'individualité est esclave des passions, qui ne sont que momentanées, violentes, multiples, quand elle dit je veux, elle dit en vérité, je veux cette chose absolument, tout de suite, et tant que je ne veux pas autre chose plus violemment et plus absolument. b) De la même façon, la volonté qui veut passionnément n'est pas à proprement parlée Une : elle veut des choses multiples, le plaisir, le bonheur, la mort de tel ou tel, le bien de tel ou tel, elle attend tout de l'extérieur, y compris sa propre détermination. c) C 'est donc que l'individualité passionnée n'est pas une unité compréhensible sous le mode rationnel, elle est une unité de fait, dans la même tête, mais peut vouloir des choses contradictoires, changer au grès des rencontres avec les objets extérieurs, etc.

Elle compromet l'unité du « je » lui même en le soumettant son existence aux choses extérieures.

Elle n'a en tant que « je » aucune consistance. Problème : À ne laisser s'exprimer en moi que ce qui en moi veut, mon individualité concrète et passionnée, je me constitue comme esclave de l'affect.

Or L'homme n'est pas que cela, il se différencie de l'animal justement par la liberté, il n'est pas qu'une individualité empirique, il est un être rationnel. Transition : Si par individualité on entend une « je » dont l'activité principale est de penser, ne faudrait-il le laisser s'exprimer ? 2 .

Je peux exprimer pleinement mon individualité quand elle pense et se pense. a) Descartes par exemple, a mis en évidence que en moi ce qui résiste au doute, c'est le doute lui-même, la pensée.

Pour lui, l'individualité se définie d'abord comme un « je » qui pense. b) A u moment où ce « je » pense il manifeste à son esprit la réalité de son existence et de son individualité, puisque de cette pensée il ne peut douter sans en même temps réduire le doute à néant. c) L'essence de l'individualité pourrait donc être ainsi définie comme l'existence d'une « je » qui pense. Problème : Un être purement rationnel n'est pas réel, il n'a, par conséquent, pas de corps, aucune effectivité (ses actions n'ont aucune conséquence puisqu'elle ne sont que pensée) et par suite aucune responsabilité de lui-même : il est à la rigueur un « je » de grammaire mais pas une individualité. Transition : Dès lors comment résoudre cette contradiction sans en même temps sacrifier la réalité de l'individualité, son incarnation, sa corporéité, qui me permet de dire que moi qui parle (pas seulement qui pense) je suis une individualité concrète, un homme et pas un ange ? 3 .

Comment résoudre ce conflit interne à l'individualité : en ne laissant s'exprimer que la première je me perd en tant que « je », en ne laissant que l'autre « je » n'existe tout simplement pas. a) L'homme, disait A ristote, est un « animal rationnel ».

Il est un composé d'âme et de corps, de raison et de passion.

Ne laisser s'exprimer que l'une ou l'autre de ces tendances c'est nier la nature de l'individualité humaine : se prendre pour une bête ou pour un dieu.

C e qui nous distingue de ces deux êtres c'est la responsabilité : la bête n'est pas responsable parce qu'elle agit en suivant les commandements de sa nature, elle n'est pas en soi une individualité. Dieu ne peut être tenu pour responsable parce que sa nature est de faire le bien, et que le mal existant et toujours (si on considère qu'il existe) le moindre mal. b) Je ne suis responsable de moi-même que dans la mesure où d'une part, je suis libre (j'ai le choix de faire le bien ou le mal), que d'autre part je suis en mesure de reconnaître mon devoir (faire le bien). c) J'ai le choix parce que je ne suis pas un être purement passionnel ou purement rationnel.

Mon individualité est un composé : « j'ai » un corps (« je » a un corps) et je suis un être doué de raison (qui me permet de comprendre mon devoir). Je peux donc pleinement laisser s'exprimer mon individualité, si par là j'entends non pas la bête en moi, ou le dieu en moi mais moi, le composé, l'homme, l'individualité concrète qui pense son action et est capable de lui donner volontairement le sens qui me permettra dans le future de dire « je » sans honte, c'est-à-dire de faire le bien par respect pour moi et pour ma dignité d'homme.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles