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Puis-je appeler beau ce qui ne plaît qu'à moi ?

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« Définition des termes du sujet La question « puis-je » interroge deux types de capacités : une capacité de fait – au sens d'une capacité physique par exemple : je ne peux pas voler dans les airs sans aide extérieure – et une capacité de droit – je ne peux pas faire telle ou telle chose car une instance me l'interdit, que cette instance soit un gouvernement, une tierce personne ou encore moi-même.

La seconde acception semble ici plus pertinente : il s'agit de définir un rapport juste, autorisé au beau, qui ne dépend pas de ma propre capacité mais de l'essence du beau lui-même. « Appeler », c'est attribuer une qualité à un objet, que cette qualité soit un nom ou, comme ici, un adjectif : ce sont donc les objets susceptibles d'être pertinemment qualifiés de « beaux » qui sont concernés ici, ou, plus précisément, le jugement que l'on entretient avec eux. La pertinence de l'attribution du beau se rapporte à un objet très précis ici : « ce qui ne plaît qu'à moi ».

Plaire, c'est causer un agrément, un plaisir – l'accent est mis, par l'emploi de ce verbe, sur un rapport totalement individuel et subjectif entre un objet et celui qui l'observe.

Le jugement attribuant la beauté est donc conçu comme complètement subjectif : c'est la pertinence de cette position qu'il va falloir évaluer. Le beau est-il en effet concerné par des critères collectifs ? Y'a-t-il une norme du beau ? (on pourra interroger par exemple le concept de « canons de la beauté ») Ou, au contraire, n'est-il qu'affaire de jugement individuel ? Faut-il distinguer le fait d'être beau et le fait de plaire à ? Le beau se limite-t-il à l'agrément ? Ces questions peuvent se poser dans le cadre de la philosophie de l'esthétique, mais plus généralement aussi dans celui de la philosophie du jugement, que celui-ci se porte sur des objets artistiques ou non. Eléments pour le développement * La valeur relative du beau La différence (...) est très vaste entre le jugement et le sentiment. Tout sentiment est juste, parce que le sentiment n'a référence à rien au-delà de lui-même et qu'il est partout réel où l'homme en est conscient.

Mais toutes les déterminations de l'entendement ne sont pas justes, parce qu'elles portent référence à quelque chose au-delà d'elles-mêmes, c'est-à-dire, à la réalité, et qu'elles ne sont pas toujours conformes à cette norme.

(...) Au contraire, un millier de sentiments différents, excités par le même objet, sont justes, parce qu'aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet.

Il marque seulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit, et si cette conformité n'existait pas réellement, le sentiment n'aurait pu selon toute possibilité exister.

La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit reçoit une beauté différente.

Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté ; et tout individu devrait être d'accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres. Ordre des idées: Hume fait une observation: il existe une différence fondamentale entre un jugement et un sentiment.

Cette différence consiste en ce que un sentiment est toujours juste, tandis qu'un jugement peut être juste ou faux. En effet, un jugement (qui est une "détermination de l'entendement") se réfère à quelque chose au-delà de lui, à une réalité autre que lui-même (par exemple, le jugement "cette feuille de papier est blanche" se réfère, renvoie à cette réalité ou non, que sont la feuille et la blancheur).

Si un jugement correspond à la réalité sur laquelle il porte et qui constitue son critère, sa norme, il est juste, vrai ou faux. Un sentiment, au contraire, ne se réfère à rien d'autre qu'à lui-même: un sentiment ne représente jamais son objet, mais il "marque seul seulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit".

Par exemple, une musique peut m'être agréable, et si elle m'est agréable, c'est du fait d'une "certaine conformité" entre cette musique et ma sensibilité.

Mais cette même musique peut sembler désagréable à un autre. Cependant, ni moi ni cet autre ne pouvons dire que cette musique en elle-même est ou n'est pas désagréable, puisque le caractère agréable ou non n'est pas une qualité en soi de la musique mais n'existe que dans sa relation à une sensibilité.

Mon sentiment est donc juste (je sens bien ce que je sens) mais celui de l'autre est également juste (il sent bien ce qu'il sent). Hume donne un exemple, le sentiment du beau: la beauté n'est pas une qualité des choses (elle n'est pas dans les. »

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