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Profiter de l’instant, est-ce la clé du bonheur ?

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« En quoi consiste le bonheur ? Qu'est-ce que le bonheur ? Les anciens appelaient cela l'ataraxie : l'absence de trouble.

Mais alors comment atteint-on cette tranquillité parfaite ? Si l'on en croit les anciens, il faut devenir sage, c'est-à-dire avoir une grande volonté, n'être que vertu et avoir de grandes connaissances rationnelles.

Mais puis-je être heureux ici et maintenant ? Il semble que sans aller jusqu'à la sagesse, je puis parfois ressentir le bonheur. Dois-je pour cela profiter de l'instant : carpe diem ? Mais comment peut-on profiter de l'instant ? En effet l'instant par nature est fugitif, le temps de le nommer, le voilà déjà partit, un autre instant lui a succédé qui s'est échappé lui aussi.

Comment le bonheur qui est l'absence de trouble, donc qui a une certaine durée, peut-il tenir dans l'espace d'un instant ? De plus, profiter de l'instant pour lui-même, signifierait que nous sommes capables de nous couper du monde, de notre vie, de notre temps, et de l'histoire dans laquelle nous sommes pris pour ‘profiter' et être heureux. Mais comment puis-je me couper de mon histoire ? Nous pouvons donc nous demander si le bonheur ne nécessite pas une élaboration plus profonde et un fondement plus solide.

Le bonheur est le sentiment, la sensation que tout le monde recherche, s'il ne suffisait que de profiter alors tout le monde serait heureux. I. Le bonheur est une construction lente et le fruit d'une volonté libre. Epictète nous montre bien qu'il n'y a qu'une façon de connaître le bonheur c'est de vivre l'ataraxie.

Mais comment la connaît-on ? Nous accédons à l'ataraxie au prix d'un dur labeur.

Il nous faut libérer notre volonté, autrement dit, il faut que notre volonté ne soit plus perturbée par ce qui ne dépend pas d'elle.

Il y a, en effet, des choses qui dépendent de nous et d'autres qui ne dépendent pas de nous.

Si nous nous laissons affecter par des choses qui ne dépendent de nous, c'est-à-dire des choses auxquelles nous ne pouvons rien changer, alors nous serons toujours malheureux, car notre âme ne sera jamais en paix.

Ainsi, si ma fille Sibylle meurt, il ne faut pas que je sois triste, mais je dois me dire que sa vie ne dépendait pas de moi, qu'il ne m'appartenait pas : aussi ne m'a-t-on rien prit, puisque je ne possédais rien.

Seule ma volonté et mes actions dépendent de moi, je dois donc être stoïque et avoir une grande volonté afin de n'être jamais malheureux.

Le bonheur n'est donc pas chose aisée : il nécessite de notre part un vrai travail et de grands efforts.

Il ne tient donc pas dans un instant.

Cependant tout le monde n'est pas stoïcien, et il arrive sans être en ataraxie, de connaître de cours instants de bonheur.

Comment se libérer de tous nos déterminismes, pour s'échapper vers le bonheur le temps d'un instant ? La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver réside strictement dans notre propre volonté.

Nul autre que soi n'est maître de ce qui nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des choses sur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.

Les obstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandis qu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres, libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peut agir.

Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celui des autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nous empêcher de faire.

Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur, chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-même et en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui. Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons de l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.

Nul ne nous oblige à croire ce que l'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenons dépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissons par donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.

Enfin, à l'égard des opinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nos propres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui est requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en temps voulu.

Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté. II. Pas de bonheur sans oubli.. »

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