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Problématique désir et bonheur

Publié le 11/02/2024

Extrait du document

« Problématique désir et bonheur Tout homme cherche à être heureux…C’est là une banalité, une vérité d’ordre anthropologique (qui concerne l’homme - Anthropos en grec) indéniable.

« Tout art et toute investigation et pareillement toute action et tout choix tendent vers un certain bien » nous dit Aristote au chap.

1, livre 1 de l’Ethique à Nicomaque.

Or, le bien suprême, c’est le bonheur.

Concernant la nature du bonheur, tout le monde ne s’accorde cependant pas : « Les uns en effet, identifient le bonheur à quelque chose d’apparent et de visible, comme le plaisir, la richesse ou l’honneur : pour les uns c’est une chose et pour les autres c’est une autre chose ; souvent le même homme change d’avis à son sujet : malade, il place le bonheur dans la santé, et pauvre dans la richesse ; à d’autres moments, quand on a conscience de sa propre ignorance, on admire ceux qui tiennent des discours élevés et dépassent notre portée (…) Passer en revue la totalité de ces opinions est sans doute assez vain ; il suffit de s’arrêter à celles qui sont le plus répandues (…) Les hommes et il ne faut pas s’en étonner, paraissent concevoir le bien et le bonheur d’après la vie qu’ils mènent.

La foule et les gens les plus grossiers disent que c’est le plaisir : c’est la raison pour laquelle ils ont une préférence pour la vie de jouissance (…) La foule se montre vraiment d’une nature d’esclave en optant pour une vie bestiale (…) » (ibid.

chap.

1 à 3). Les désirs de l’homme sont variés et multiples mais chacun d’entre nous, à travers la singularité de son désir, cherche en effet à être heureux.

Le bonheur est la fin ultime de l’homme et toutes les autres fins ne font figure que de moyens (de « fins intermédiaires ») par rapport au bonheur.

Si le bonheur est la fin ultime de tous les hommes, comment se fait-il qu’il y ait tant de voies diverses pur y arriver ? C’est que la conception du bonheur varie en fonction de chaque individu : le héros, par exemple, conçoit le bonheur comme lié à la gloire ; le bourgeois lui préfère un bonheur paisible et familial ; la société de consommation place le bonheur dans le renouvellement incessant des biens, l’écologiste voudra revenir vers une vie plus proche de la nature, etc.

Tel objet n’aura de valeur à mes yeux que parce que je crois qu’il me rendra heureux.

Comme l’écrit Pascal (Pensées, 1670) : « Les uns le cherchent dans l’autorité, les autres dans les curiosités et les sciences, les autres dans la volupté (…) Tous les hommes cherchent à être heureux.

Cela est sans exception, quelques moyens qu’ils y emploient.

Ils tendent tous à ce but.

Ce qui fait que les uns font à la guerre et que les autres n’y vont pas est ce même désir qui est dans toutes les deux accompagné de différentes vues.

La volonté ne fait jamais rien que vers cet objet.

C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre.

» I/ Une introuvable définition du bonheur ? Il y a, comme nous l’avons dit, une multiplicité des figures du bonheur : du bonheur, chacun se fait une image personnelle.Certains le recherchent dans la possession, d’autres dans la gloire, d’autres encore dans le savoir etc.

Mais qu’appelle-t-on bonheur ? ➢ Le bonheur n’est pas le plaisir.

Le plaisir est une sensation liée à la satisfaction d’un penchant du corps (organique): j’imagine aisément le plaisir de boire et de manger, par exemple, mais la représentation d’un état permanent de plaisir est impossible.

Mes jouissances sensorielles étant liées à des organes qui ont une capacité limitée ; elles ne sont pas infinies.

Une vie de plaisirs sera forcément une vie où alterneront la douleur du manque et le plaisir de la réplétion. ➢ Le bonheur n’est pas la joie : la joie est un sentiment (plaisir de l’esprit).

Elle se rapproche du bonheur dans la mesure où elle caractérise la conscience mais elle est d’un degré inférieur.

On ressent de la joie à l’égard d’une situation donnée, par exemple, la réussite à un examen.

C’est une satisfaction partielle et temporaire alors que le bonheur est entier et durable. ➢ Le bonheur est un état de satisfaction complète qui remplit toute la conscience.` Texte : « Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dans leur ensemble empiriques, c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés à l'expérience, et que cependant, pour l'idée du bonheur, un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il est impossible qu'un être fini, si clairvoyant et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissances et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Qui lui garantit que ce ne serait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui le rendrait véritablement heureux : pour cela, il lui faudrait l'omniscience (1).

» Kant, Fondements de la Métaphysique des Mœurs, II, (1785) (1) Omniscience : connaissance totale, complète La plénitude que représente le bonheur ne peut être d’un court moment (il n’y a pas de bonheur « d’un instant »).

Kant le définit comme un « tout absolu, un maximum de bien être dans mon état présent et ma condition future.

» Or, ce qui est absolu, c’est ce qui est parfait, complètement achevé, ce qui ne comporte aucune restriction.

Le bonheur est donc une idée de perfection achevée pour la durée totale de notre vie.

Or, c’est là une idée qui semble difficile à réaliser pour un être fini comme l’être humain (opposition entre idée infinie qu’est le bonheur et finitude, limitation des capacités humaines).

Que représente cette idée de totalité ? Comment pouvons-nous être certains, en recherchant la richesse ou les honneurs que celles-ci nous apporteront pour toujours un état de satisfaction total ?C’est bien entendu impossible : lorsque l’homme prétend rechercher le bonheur, il ne sait pas en réalité ce qui lui procurerait cet état.

Kant donne l’exemple de celui qui recherche la richesse (terme général et abstrait qui désigne la surabondance de biens et d’argent).

Or, ce concept est indéterminé : on ne sait pas ce qu’il contient (ou encore on ne connaît pas les déterminations qui vont avec ce concept) : « Que de soucis, que de pièges ne peut-il pas attirer par-là sur sa tête ! » Et en effet, la richesse va de pair avec le souci de la perdre ou de la conserver, avec la jalousie ou l’envie 1 (on en veut toujours plus que les autres), avec le danger de susciter la jalousie d’autrui (cf.

« pièges »), etc.

Bref, à y regarder de près, la richesse contient un certain nombre d’implications concrètes négatives que nous ne pouvons imaginer (car nous ne sommes pas omniscients) et qui sont incompatibles avec le bonheur.

Idem celui qui veut « une longue vie » ! Qui nous dit que ce ne sera pas « une longue souffrance » ? En effet une longue vie n’est pas forcément une longue vie heureuse.

Idem celui qui recherche le savoir : celui qui a conscience des maux qui l’entourent n’est pas précisément heureux.

Idem celui qui recherche le pouvoir : qui dit que le chemin pour y parvenir ne sera pas semé de pièges et d’embûches ? De plus, celui qui a le pouvoir n’est pas forcément bien entouréComment un être mal entouré pourrait-il être heureux ? En conclusion : le bonheur, c’est l’état que tous les hommes recherchent mais ils sont bien incapables de déterminer à l’avance ce qui les rendrait heureux («Pour cela, nous dit Kant, il leur faudrait l’omniscience.

») Seuls ceux qui ont effectivement atteint cet état pourraient nous dire comment ils y sont parvenus (d’où l’importance des conseils empiriques en ce domaine par opposition aux principes déterminés).

C’est donc un concept empirique (càd connu par l’expérience)..... »

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