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Prendre conscience de soi. Est-ce que cela exige de se perdre ?

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« Être conscient implique la possibilité pour le sujet de prendre ses états de conscience comme objets de conscience, autrement dit de faire retour sur lui-même.

Cette capacité d'un retournement de la conscience sur elle-même caractérise d'ailleurs la réflexion, et on est amené à distinguer la conscience immédiate ou directe( qui accompagne les actes du sujet) de la conscience réfléchie, dans laquelle le sujet se ressaisit lui-même comme conscience.

Ces deux formes de conscience sont deux moments différents et le passage entre les deux est appelé "prendre conscience".

La prise de conscience permet généralement à l'homme de mieux saisir ce qui se passe en lui ou audehors.

Pourtant pour se retourner sur soi-même, il faut se dédoubler et instaurer une distance entre moi et moimême? La prise de conscience entraîne-t-elle une étrangeté à soi-même? La prise de conscience de soi permet de mieux se connaître et de mieux agir - La conscience est un critère qui permet de distinguer l'homme de l'animal.

L'animal agit instinctivement alors que l'homme par sa réflexion, prend conscience de la situation pour agir plus efficacement. Étymologiquement, la conscience se définit comme présence à mon savoir : cum scienta( avec savoir). - Prendre conscience de soi signifie connaître lucidement ses propres qualités et capacités et ainsi agir en fonction de mes propres compétences.

C'est à cela que renvoie le "connais toi toi-même" de Socrate. - La prise de conscience du sujet lui permet de se placer par rapport au monde - Le modèle du cogito cartésien nous montre que c'est en m'examinant moi-même que je peux atteindre à une certaine transparence, à une certaine vérité. La prise de conscience m'éloigne de moi-même - Pour prendre conscience de soi-même, il faut se dédoubler, prendre de la distance avec soi-même.

En effet, en posant ma conscience comme objet, je le pose comme extérieur à moi.

Pour Nietzsche, cette distance perd le sujet. Il existe une différence entre ce que je suis spontanément et ce que je suis quand je prends conscience de moimême : dans le premier cas, je coïncide avec ce que je suis, dans le second, je prends un point vue extérieur qui interrompt cette coïncidence. - Pour Nietzsche, toute prise de conscience demande l'utilisation du langage. Prendre conscience de soi revient à se dire.

Or le langage est une convention non pas universelle, mais collective.

Il ne transcrit pas l'originalité de ma personnalité et de mes sensations.

Tel est aussi le point de vue de Bergson : pour lui, les mots sont distincts, juxtaposés, généraux et ils ne peuvent rendre compte de toute la vie de nos pensées, sa continuité et son originalité.

« Chacun d'entre nous a sa manière d'aimer et de haïr et cet amour, cette haine reflète sa personnalité tout entière.

Cependant, le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine et des mille sentiments qui agitent l'âme ». Toute prise de conscience se fait donc d'un point de vue autre que le sujet, puisque c'est celui du langage communautaire. La médiation de l'autre - Pour Paul RIcoeur, la transparence à soi-même ne peut que se solder par un échec.

C'est pourquoi il faut faire intervenir un autre pour nous aider dans notre propre réflexion, autre qu'il trouve en la personne du psychanalyste : "Si la conscience ne peut faire sa propre exégèse et ne peut restaurer son empire, il est légitime de penser qu'un autre puisse l'expliquer à ellemême."(Philosophie de la volonté) - Il faut en plus voir, que la conscience ne constitue pas la totalité du psychisme humain.

Depuis la découverte de l'inconscient de Freud, prendre conscience de soi reviendrait plutôt à explorer son inconscient, puisque nos actes, pensées résultent de processus complexes inconscients. - Il faut alors voir que dans la prise de conscience de soi, dans le retour de soi à soi, le sujet ne se perd, mais il se transforme, il se modifie.

En effet, tout nouveau savoir affecte le sujet et certaines connaissances des raisons de ses actes, certaines compréhensions des conflits internes amènent le sujet à évoluer et à agir autrement.

C'est en tout cas le but et l'hypothèse de la psychanalyse. La prise de conscience traditionnellement, renvoie à une prise de pouvoir par le sujet.

En prenant conscience de ce qu'il est et de son savoir, il est plus à même d'agir dans le monde, en harmonie avec sa nature.

Pourtant toute prise de conscience implique un dédoublement, un extériorité à soi qui oblige le sujet à perdre ce qu'il est à travers le langage, mais aussi de son point de vue.

La médiation d'un tiers peut permette au sujet de réfléchir sur lui-même.

Le sujet se perd dès lors pour mieux se retrouver, mais se retrouver transformer par le savoir acquis.

Le moi d'avant la prise de conscience ne sera jamais effectivement identique au moi postérieur à cette prise de conscience.

Mais cela n'a rien de négatif..... »

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