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Pourriez-vous me dire quelles sont les différentes étapes d'une révolution scientifique ?

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« Introduction Le sens commun se représente le progrès scientifique comme étant celui d'une accumulation linéaire de connaissances.

Mais quelques grands noms de l'épistémologie ( Gaston Bachelard ou encore Thomas Kuhn) ont remis en cause cette conception commune du progrès scientifique.

Le concept de "révolution scientifique", introduit en épistémologie par ces hommes, est aujourd'hui largement répandu pour désigner le mode propre du progrès de la connaissance scientifique.

Mais qu'est-ce qu'une révolution scientifique ? Quelle en est la structure ? 1/ Science normale - Paradigme Dans un domaine particulier d'une science particulière (par exemple : la physique astronomique), les théoriciens commencent tout d'abord à s'opposer sur les grands sujets clé de ce domaine.

Ainsi, différents courants apparaissent au sein de la communauté scientifique. Cet état finit toujours par aboutir à ce qu'on appelle un "paradigme".

Thomas Kuhn, dans "La structure des révolutions scientifiques" définit ce mot ainsi : ensemble cohérent regroupant "des lois, de théories, des applications et des dispositifs expérimentaux" répondant aux exigences de l'observation.

Cet ensemble va former une sorte de consensus au sein de la communauté scientifique, c'est à dire qu'il va être utilisé par tous comme un cadre de recherche commun.

Ainsi pouvons-nous dire, par exemple, que la théorie du big bang est actuellement un paradigme scientifique : la majorité des scientifiques s'accordent pour créditer cette théorie. - Citation Le scientifique se soumettant à un certain paradigme "n'a plus besoin, dans ses travaux majeurs, de tout édifier en partant des premiers principes et en justifiant l'usage de chaque nouveau concept introduit." et permet ainsi une plus grande efficacité, et une entente au sein de la communauté scientifique. - La science normale. La science normale est le déploiement de la recherche scientifique au sein d'un paradigme scientifique commun.

Pour reprendre notre exemple du big-bang : tous partent du principe que le big-bang fut, à la naissance de l'univers physique connu, une réalité, et cherchent à partir de là à en expliquer le mécanisme.

Jamais, pendant la science normale, la communauté ne remet en cause un paradigme scientifique.

(même si il y a toujours des courants minoritaires au sein d'un même domaine scientifique : par exemple le darwinisme est considéré comme un paradigme scientifique, mais personne ne nie l'existence au sein de la communauté de défenseurs du créationnisme). - La science normale, soumise au paradigme scientifique. Dès l'apparition d'un paradigme scientifique, la recherche scientifique s'acharne à l'augmenter dans sa précision et dans sa justesse.

Aucune recherche ne vise à le remettre en cause.

Mais, pour le progrès scientifique, ce n'est pas un mal en soi : le scientifique paradigmatique est forcé de pousser ses recherches toujours plus loin dans un domaine donné, d'où une très grande exigence de la science. "le succès d'un paradigme est en grande partie au départ une promesse de succès .La science normale consiste à réaliser cette promesse".

C'est pendant cette période de "science normale" que se font bien des progrès techniques.

Ainsi, c'est en voulant percer à jour les secrets du bigbang que nous avons été forcés de développer nos télescopes, pour observer le rayonnement originaire, à 15 milliards d'années-lumière de nous. - L'activité scientifique normale. a) observation des faits. Cette observation vient augmenter le crédit et la justesse du paradigme.

Aucune observation ne vient remettre en cause celui-ci. b) des travaux de recherche fondamentale visent à améliorer le paradigme, à l'épurer, à le perfectionner, afin de le faire tendre vers la pleine satisfaction avec les faits observés. - Le paradigme relève de l'héritage scolastique. Le scientifique apprend, pendant ses longues études, les théories qui tiennent lieu et place de paradigme.

Durant cet apprentissage, le scientifique se prépare à consacrer sa carrière de chercheur à l'amélioration de ces paradigmes.

Les paradigmes scientifiques constituent la tradition scolastique universitaire. LA NOTION DE PARADIGME SELON KUHN L'histoire des sciences, pour Kuhn, n'est pas constituée par un progrès continu et cumulatif, mais par des sauts, par des crises qui voient des paradigmes se substituer soudainement à d'autres.

Un paradigme, c'est un modèle dominant, faits de principes théoriques, de pratiques communes, d'exemples fondateurs qui soudent une communauté de chercheurs, qui orientent leur recherche et sélectionnent les problèmes intéressants à leurs yeux.

Un paradigme n'est jamais totalement explicite.

C'est pourquoi, selon Kuhn, le questionnement scientifique n'est jamais neutre. Dans la postface à son livre La Structure des révolutions scientifiques (1 962), Kuhn cherche à classer les différentes significations du concept de paradigme : La notion de PARADIGME Explications Désigne une manière d'être et de penser propre à une communauté scientifique. (La communauté scientifique est une société comme les autres, avec ses circuits, ses relations, ses communautés d'intérêt et de discussion.) 1) Un même cursus de formation; dans les matières scientifiques, cette « initiation professionnelle est semblable, à un degré inégalé dans la plupart des autres disciplines » : même enseignement, même littérature technique, mêmes exemples, etc.). 2) Un ensemble d'objectifs communs, « qui englobent la formation de leurs successeurs ». 3) Des réseaux spécifiques de circulation d'informations : périodiques, conférences spécialisées, articles, correspondances officieuses ou officielles. Désigne la matrice disciplinaire de cette communauté. (Le paradigme représente « l'ensemble de croyances, de valeurs reconnues et de techniques qui sont communes aux membres d'un groupe donné.

» C'est ici une communauté technique de pratiques, de gestes et de vocabulaire qui soude le groupe de chercheurs.) 1 ) Des généralisations symboliques : ce sont les éléments formalisables (symboles, concepts, principes, équations de base...) couramment utilisés. Certaines équations fonctionnent à la fois comme lois de la nature et comme définitions conceptuelles.

Par exemple, la formule newtonienne : la force est le produit de la masse par l'accélération, est à la fois une loi de la nature, et une définition de la force. 2) Des croyances en des métaphores, des analogies fonctionnant comme modèles heuristiques (qui aident à la découverte).

Par exemple, l'analogie entre le courant électrique et le modèle hydraulique ; entre des molécules de gaz et des boules de billard élastiques se heurtant au hasard... 3) Des valeurs générales : exactitude des calculs, cohérence interne, simplicité, «beauté» d'une démonstration, efficacité des théories...

Ces valeurs peuvent être communes à plusieurs groupes, mais leur application, leur hiérarchisation diffèrent souvent d'un cercle scientifique à un autre. Désigne au sens strict les exemples communs utilisés fréquemment et qui forment la pensée et la pratique du groupe. ( Les solutions exemplaires sont « les solutions concrètes de problèmes que les étudiants rencontrent durant leur carrière de recherche et qui leur montrent aussi, par l'exemple, comment ils doivent faire leur travail.

») Une partie de l'efficacité opérationnelle d'un groupe de chercheurs provient d'habitudes intellectuelles inconscientes. Ces exemples fonctionnent comme : 1 ) Outils d'initiation pédagogique : « en l'absence de tels exemples, les lois et les théories que [l'étudiant] a déjà apprises auraient peu de contenu empirique.

» 2) Outils d'initiation intellectuelle : l'exemple permet de « voir » les ressemblances mathématiques ou de structures, entre problèmes différents.

« Une fois que [l'étudiant] a vu la ressemblance et saisi l'analogie entre deux ou plusieurs problèmes distincts, il peut établir une relation entre les symboles et les rattacher à la nature d'une manière qui s'est déjà révélée efficace ». Le chercheur s'incorpore des règles méthodologiques à partir de ces exemples, sans même s'en rendre compte. 3) Outils d'initiation sociologique : « dans l'intervalle, [l'étudiant] a assimilé une manière de voir autorisée par le groupe et éprouvée par le temps ». Transition : "La science normale ne se propose pas de découvrir des nouveautés, ni en matière de théorie, ni en ce qui concerne les faits", comment se fait le progrès scientifique en ce cas ? 2/ Crise scientifique - Le dérapage de la science normale. La crise scientifique commence par une observation ou une découverte qui rentre en contradiction avec le paradigme.

Si une telle observation ou une telle découverte est confirmée, alors se répand "l'impression que la nature, d'une manière ou d'une autre, contredit les résultats attendus dans le cadre du paradigme qui gouverne la science normale.". Le paradigme ne tient pas lieu de vérité absolu, mais de cadre de travail consensuel, et relève de la croyance.

Exemple : découverte (par hasard) des rayons X. - La communauté scientifique accepte alors la possibilité de l'éloignement entre le paradigme et la réalité.

Le paradigme commence alors à vaciller, et de nombreux travaux vont dans le sens d'une telle remise en question.

C'est la phase "crise scientifique". Exemple de remise en cause : si la théorie newtonienne est exact, alors comment expliquer l'impossibilité de dépasser la vitesse C (vitesse de la lumière, 300 000 km/s) dans le vide ? (Cette question aboutira sur un nouveau paradigme, celui de la relativité, emmené par Einstein notamment). Transition vers la "révolution scientifique" : De nouvelles théories apparaîtront donc, et toutes prendront en compte, en l'expliquant différemment, l'anomalie responsable de la crise scientifique.

Ces nouvelles théories postuleront alors au poste de paradigme, et viseront à remplacer l'ancien.

Ainsi nous assistons à un radical changement de la vision du monde du scientifique. 3/ Révolution scientifique - La science dans tous ses états.. »

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