Pourquoi vouloir le vrai ?
Extrait du document
«
citations
• Rousseau : « Nous ne cherchons à connaître, que parce que nous désirons de jouir, et il n'est pas possible de
concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner.
Les passions, à leur
tour, tirent leur origine de nos besoins, et leurs progrès de nos connaissances, car on ne peut désirer ou craindre les
choses que sur les idées qu'on en peut avoir, ou par la simple impulsion de la nature ; et l'homme sauvage, privé de
toutes sortes de lumières, n'éprouve que les passions de cette dernière espèce : ses désirs ne passent pas ses
besoins physiques ; les seuls biens qu'il connaisse dans l'Univers sont la nourriture, une femelle et le repos ; les
seuls maux qu'il craigne sont la douleur et la faim.
»
• Nietzsche : « Eh quoi ? notre besoin de connaître n'est-il pas justement notre besoin de familier ? le désir de
trouver, parmi tout ce qui nous est étranger, inhabituel, énigmatique, quelque chose qui ne nous inquiète plus ? Ne
serait-ce pas l'instinct de la peur qui nous commanderait de connaître ? Le ravissement qui accompagne l'acquisition
de la connaissance ne serait-il pas la volupté de la sécurité retrouvée ?...
Tel philosophe considéra le monde comme « connu » quand il l'eut ramené à « l' « idée » : hélas ! n'était-ce pas
simplement parce que l'idée lui était chose si familière, si habituelle ? parce que l'idée lui faisait tellement moins peur
? Ah ! ces pauvres satisfactions de ceux qui cherchent la connaissance !...
Qu'ils sont contents à bon marché !
Examinez donc de ce point de vue leurs principes et leurs réponses aux énigmes que pose le monde ! Quand ils
retrouvent dans les choses, sous les choses ou derrière les choses un élément, hélas, qui leur est bien connu,
comme par exemple notre logique, notre table de multiplication, notre volonté ou notre désir, quelle pure ivresse ! »
plan indicatif
La question pourquoi doit être lue sous un double rapport.
D'abord, elle renvoie à la causalité : pourquoi, à cause de
quoi.
Ensuite, elle renvoie à la finalité : pour - quoi, en vue de quoi, dans quel but.
Or, vous avez là deux axes utiles
pour l'analyse du sujet.
Vouloir le vrai, c'est vouloir dire la vérité parce que celle-ci s'impose à nous.
La cause de la
volonté de vérité, serait donc la nature même de la vérité qui ne se décrète pas mais se constate ou se calcule.
Ainsi nous pouvons vouloir le vrai parce qu'elle a plus de valeur que le mensonge.
Vous pouvez également montrer
que notre volonté de vérité repose sur notre désir de connaissance parce que le secret et l'ignorance sont
insupportables.
Ici, vous pouvez penser à la figure d'Œdipe recherchant sans cesse la vérité même s'il ne parvient
pas vraiment à la connaître puisque le savoir de lui-même lui échappe.
Vous pouvez également penser à l'attitude du
jeune enfant.
Freud, par exemple, dans Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, montre en quoi le jeune garçon
est en permanence en train de poser des question les enchaînant les unes, les autres, parce qu'il voudrait avoir
finalement une réponse sur la question essentielle qui est la question sexuelle.
En interrogeant sans cesse, c'est
donc sur lui-même qu'il interroge et qu'il veut savoir.
La volonté du vrai ne peut-elle pas être aussi alors une volonté
de pouvoir, ne serait-ce qu'un pouvoir sur soi ? Mais par ailleurs, la volonté de vérité sert aussi un but qui est
politique, savant et moral.
Vouloir le vrai c'est rendre possible la vie en communauté (comment fonder une cité juste
et durable sur le mensonge ?), la science et la justice.
Néanmoins, vous pouvez vous demander si nous voulons
toujours le vrai.
En effet, il peut nous arriver de préférer l'illusion ou le mensonge à la vérité.
Ici, vous pouvez penser
à la situations des prisonniers au fond de la caverne dans l'allégorie de la caverne au livre 7 de la République.
Lorsque le philosophe redescend dans la caverne, ils veulent le tuer et ne sont pas prêts à supporter la vérité,
préférant leurs illusions.
C'est ici que vous pouvez également donner un autre sens à la question qui vous est posée.
En effet, pourquoi vouloir le vrai quand ce que l'on sait ou vit nous suffit ? Remarquez que c'est toujours au nom
d'une valeur de la vérité que nous a finissons par affirmer que nous voulons le vrai.
C'est, en dernière instance cette
valeur de la vérité que vous pouvez interroger.
1.
Savoir et puissance, savoir et pouvoir.
Comprendre de façon rationnelle, c'est maîtriser..
»
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