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Pourquoi sommes-nous sensibles à la beauté ?

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« Analyse : • La sensibilité est ce qui fait le lien entre la perception et l'aperception.

Par les cinq sens externes, nous percevons le monde à travers ses sons, ses couleurs, ses odeurs etc...

L'aperception nous renseigne sur l'état de notre conscience.

Elle répond à ces questions : qu'est-ce que je ressens en ce moment ? Suis-je apaisé, triste ou en colère ? Quelles sont mes pensées, mes centres d'intérêts ? Or la perception extérieure et l'aperception intérieure sont interdépendantes.

Les objets, les personnes, les situations m'émeuvent et sollicitent ma réflexion. Réciproquement, mes émotions et mes pensées influent sur le monde extérieur.

C'est un tel mécanisme que l'on nomme la sensibilité. • En tant qu'acte de liaison entre la perception et l'aperception, la sensibilité nous fait le don de l'état de notre conscience dans le monde.

Or ce don se fait sur le mode de la différenciation.

Nous sommes sensibles au rouge, au bleu, au droit, à l'anguleux etc... • L'intitulé du sujet, en demandant les raisons de notre sensibilité à la beauté, présuppose que la beauté est singulière par rapport à tout ce qui nous est donné dans le monde.

Ne semble-t-il pas incongru, d'un point de vue philosophique, de s'interroger sur notre sensibilité au rouge ou à l'anguleux ? Cette singularité de la beauté est justifiée par deux opinions courantes.

La première souligne la difficile homogénéité du concept de beauté.

Si tout le monde s'accorde sur la couleur d'un objet, il n'en est pas de même pour un jugement sur la beauté.

Des goûts et des couleurs, on n'en discute pas.

Tel concerto de Mozart me transporte tandis qu'il ennuie profondément mon meilleur ami.

La seconde voit dans la beauté un signe de supériorité.

La beauté a le privilège de capter toute notre attention et parfois d'emporter notre dévotion à tel point que nous sommes prêts à faire de grands sacrifices pour se l'approprier et d'exiger des autres qu'ils partagent notre enthousiasme. • On voit que ces deux opinions créent une tension.

D'un côté, elle est jugée relative à un individu ou une culture, de l'autre elle implique une exigence d'universalité.

D'où une première interrogation pour amener la problématique. La beauté est-elle la projection idéalisante d'un individu et d'une culture ou bien est-elle l'expression d'une perfection ? Problématique : • Ne sommes-nous pas sensible à la beauté parce qu'elle éveille une idée de perfection en accord avec la réalité de notre âme ? Mais cette sensibilité n'est-elle pas produite historiquement, rendant alors nos jugements esthétiques relatifs ? Néanmoins, par delà les cultures, n'existe-t-il pas un esprit commun à l'humanité qui fonde l'universelle sensibilité à la beauté ? Plan : 1-Nous sommes sensibles à la beauté parce que sa perfection purifie notre âme. • La beauté semble d'abord l'objet d'une satisfaction désintéressée puisqu'elle nous détache de l'agréable et de l'utilité.

S'il est admis qu'une belle œuvre procure une satisfaction, on ne peut la réduire au simple plaisir immédiat.

Il suffit de penser à un poème de Baudelaire, un tableau de Goya ou une fugue de Bach pour se persuader que la beauté met parfois notre sensibilité à dure épreuve.

Les images peuvent être cruelles ou les sons très austères.

La beauté nous détache également de l'utilité.

En effet, la satisfaction qui accompagne la consommation d'un aliment ou la manipulation d'un outil implique une destruction de l'objet utilisé.

Or tel n'est pas le cas d'une composition musicale et d'un poème qui demeurent eux-mêmes après une écoute ou une lecture, ni des peintures et des sculptures soustraient, dans les musées, au monde des préoccupations. • Comment expliquer un tel pouvoir de détachement suscité par la beauté? Lorsque nous faisons une expérience forte de la beauté, nous sommes l'objet d'un ravissement qui nous transporte dans un monde idéal.

Là nous sommes éveillés à une idée de perfection qui reflète notre propre nature.

C'est une telle expérience que Platon met en scène dans le Phèdre.

Pour Platon, au contact de la beauté, l'âme voit des ailes lui pousser.

Grâce à elles, elle peut se transporter vers cette patrie céleste, lumineuse et bienheureuse.

Platon souligne que « dans la lumière pure, nous étions purs ». • D'après une telle conception, qu'est-ce qui est beau ? Dans l'œuvre de Platon, deux classifications donnent une idée de ce qui est beau.

Le Banquet classent par ordre croissant de valeur les beaux corps, les belles actions, les belles sciences et le beau en soi.

Le Phèdre, par ordre décroissant, établit une hiérarchie des incarnations en fonction de la contemplation de la beauté : philosophe (« l'homme qui aspire au savoir »), roi, homme politique, gymnaste, devin, poète et imitateur etc... On voit que les œuvres d'art jugées par nous plus aptes à rendre sensible la beauté sont exclues de la première classification.

De plus, ceux à qui est attribué le privilège de créer la beauté, les poètes, les peintres, les sculpteurs ne sont qu'au sixième rang de ceux qui ont vu le beau absolu. • En quoi nos critères d'évaluation divergent de ceux affirmant que la beauté transporte l'âme vers un monde idéal ?. »

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