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Pourquoi s'incliner devant la loi civile ou politique ?

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« Pourquoi s'incliner devant la loi civile ou politique ? Tout comme la loi scientifique et la légalité éthique, la loi politique paraît m'enchaîner bien davantage qu'elle ne me libère.

Pourquoi donc s'incliner devant elle, alors qu'elle semble nous contraindre ? Émanant du pouvoir politique, et ce dans le but d'organiser et de régir l'activité d'un ensemble social, n'est-elle pas de l'ordre de la contrainte ? Quand le citoyen se soumet à un ensemble légal qui le dépasse, quand il saisit que la sanction peut suivre toute transgression, alors ne subit-il pas durement le poids des lois civiles, qui commandent pour tous ? Expressions de l'organisation de la vie sociale, les lois civiles humilient et domptent la subjectivité.

Nous retrouvons ici le phénomène analysé à propos de l'impératif catégorique : les lois issues de l'État ne limitent-elles pas nos libres penchants ? Pourquoi donc s'incliner devant elles ? Toutefois, il est permis, avec Montesquieu, de poser la question : être libre politiquement, est-ce bien faire ce que l'on veut ? Est-ce bien se livrer au caprice ou à l'arbitraire ? L'arbitraire pèsera finalement sur chaque citoyen.

Apparemment plaisant, semblant sauvegarder la jouissance, ne conduit-il pas finalement au despotisme ? Si chacun fait ce qu'il veut, alors la crainte s'emparera de l'ensemble de la société.

La liberté consiste donc à obéir aux lois.

Pour quelle raison ultime faut-il s'incliner devant la loi ? Parce que loi et liberté sont liées : « La liberté politique ne consiste point à faire ce que l'on veut.

Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à vouloir faire ce que l'on doit vouloir [...].

La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'y aurait plus de liberté, parce que les autres auraient de même ce pouvoir.

» (Montesquieu, De l'esprit des lois, tome 1, Garnier-Flammarion, p.

292). Grande leçon de philosophie politique, que l'on retrouvera chez Rousseau et Hegel, en particulier : pourquoi s'incliner devant la loi politique ? Parce qu'il n'est point de liberté sans lois, parce que la loi civile est celle de la raison, qui domine les particularités subjectives.

Si toute loi n'affranchit pas, la vraie loi, issue de la raison, libère.

Par exemple, la loi d'un régime totalitaire ne saurait émanciper le citoyen : cette loi n'est pas celle de la raison.

Mais la vraie loi objective, celle de l'État démocratique, met à distance l'arbitraire et fait accéder à la rationalité.. »

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