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Pourquoi punir ?

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« La punition fait peur.

Qui aime être puni ? Qui ne redoute pas la punition pour une faute qu'il a commise ? Au-delà de cette peur, des questions demeurent.

Qui n'est pas parfois effrayé par la forme que prennent certaines façons de punir ? Celles-ci ne sont-elles pas excessives ? Ne traduisent-elles pas un acharnement suspect ? Jean Valjean, dans Les Misérables de Victor Hugo, est envoyé au bagne pour avoir volé un pain.

Mais qui est coupable ? Celui qui vole pour manger ? Ou un certain système économique qui pousse les plus pauvres à voler pour pouvoir manger ? Le régime des punitions est-il toujours dicté par la justice ? Ne lui arrive-t-il pas de servir la logique de certains intérêts au pouvoir ? Partout à travers le monde, des hommes et des femmes s'efforcent de vivre pour la vérité et la liberté. Ils dénoncent le mensonge et l'oppression, quand ils ne fustigent pas la médiocrité.

On les réprime.

On les fait taire. Souvent par tous les moyens, en les accusant de crimes qu'ils n'ont pas commis.

Comment ne pas voir que les systèmes punitifs mis en place servent à étouffer leurs voix ? Dès lors, comment penser la loi ? Si celle-ci masque des intérêts et parfois une logique de répression partisane, estce parce qu'il y a des crimes qu'elle surgit, ou est-ce parce qu'une certaine loi apparaît qu'apparaissent des révoltes qualifiées de crimes ? On ne saurait éviter ces questions. Et pourtant, il importe de les nuancer.

La punition n'est pas la vengeance, ni la vengeance une punition.

Punir, c'est imposer à quelqu'un de réparer un tort qu'il a commis en payant de sa personne.

C'est donc le considérer comme un être responsable. La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une réparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l'autre est l'oeuvre d'un juge.

C'est pourquoi il faut que la réparation soit effectuée à titre de punition, car, dans la vengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsi troublé.

De plus, la vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif.

Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constitue à son tour une nouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances. 1) Quelle est la thèse de Hegel et comment le texte est-il construit ? 2) Expliquez: a) "un acte de la partie lésée" b) "le droit se trouve ainsi troublé" c) "un mobile subjectif" 3) La punition peut-elle ne rien devoir à la vengeance ? 1. Énoncé de la thèse de Hegel: En tant qu'acte de droit, la punition s'oppose rigoureusement à la logique purement passionnelle de la vengeance. Étude de la construction du texte: Tout le texte constitue une exposition et une justification argumentée de l'opposition de la vengeance et de la punition. • La première phrase explicite l'opposition des deux termes en distinguant leurs sources respectives : la victime et le juge, considérés comme auteurs des actes envisagés. • Les deuxième et troisième phrases mettent en place la punition comme acte de droit, et désolidarisent la réparation de toute implication passionnelle, donc de la vengeance, rattachée à l'arbitraire. • La dernière phrase récuse toute confusion entre le droit et la vengeance, et en indique les conséquences intenables (logique de la violence). 2. a) « un acte de la partie lésée » : une réaction de la victime qui, ayant subi un préjudice, veut obtenir réparation elle-même ; b) « le droit se trouve ainsi troublé » : le droit, défini comme ensemble de règles qui rend possible la cohésion et la concorde d'un groupe, ne peut s'affirmer que dans le silence des passions : en tant que détermination rationnelle des normes de la vie commune, il requiert l'avènement, en chaque individu, de la raison, faculté de saisir les exigences ultimes de l'organisation commune, et de les mettre en oeuvre ; l'assujettissement aux impulsions, à la passion d'un intérêt particulier exacerbé, ne peut que perturber cette mise en oeuvre ; c) « un mobile subjectif » : le mobile, c'est ce qui pousse à agir, à mettre en mouvement ; le mobile peut relever de l'affectivité, de la subjectivité personnelle, ou d'un examen réfléchi et rationnel ; est subjectif un mobile qui relève de la subjectivité, c'est-à-dire de l'affectivité propre à chaque homme, considéré dans la particularité de son existence et de ses réactions.. »

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