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Pourquoi l'humanité seule a-t-elle une histoire ?

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« Définition des termes du sujet: POURQUOI: pour quelle raison, quel motif: raison intellectuelle de parler ou d'agir OU pour quel mobile, force irrationnelle qui pousse à parler ou à agir. HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). L'histoire peut désigner l'histoire lue à l'enfant avant d'aller dormir, le récit en général, ou l'histoire comme discipline, celle qu'on apprend à l'école.

À l'origine, le mot histoire signifie enquête.

Mais quel point commun peut-on trouver entre le fictif (l'histoire du Chat botté) et le scientifique (l'histoire comme science humaine, au même titre que la psychologie, la sociologie ou l'anthropologie)? Il s'agit de comprendre pourquoi l'humanité seule a une histoire. L'enjeu est de réfléchir sur le rapport entre l'histoire et la conscience, qui rend l'homme capable d'imagination, de mémoire mais surtout de réflexion. I.

La conscience du temps et la mémoire. La question de l'histoire soulève en premier lieu la notion du temps et celle de la mémoire.

Ainsi c'est parce que nous avons conscience du temps qui passe que nous sommes capables de le retenir un peu, à l'aide d'une faculté qu'on appelle la mémoire.

La mémoire constitue une des modalités de la conscience : elle nous définit aussi bien puisqu'elle désigne la possibilité de répéter et de restituer ce que nous avons déjà vécu, de réfléchir à ce qui nous est arrivé. Ainsi, l'histoire comme récit, mais aussi l'histoire comme discipline scientifique, se fondent sur la mémoire et appartiennent spécifiquement aux hommes.

Ce qui fait notre humanité, c'est notre capacité à faire mémoire de ce qui a disparu, aussi bien les hommes que ce qu'ils ont accompli (les civilisations).

Les facultés de la conscience interviennent encore une fois dans cette manière de transmettre le passé.

Car les hommes ne se contentent pas de répéter à l'identique ce qui a été vécu.

En transmettant une tradition, ils produisent leur histoire, c'est-à-dire qu'ils ne subissent pas le temps de manière impuissante, comme la pierre ou l'animal.

C'est pourquoi on peut dire que l'homme n'est pas seulement un être historique, soumis à l'inexorable passage du temps, mais aussi un être historiai : il peut agir sur le passage du temps, en produisant sa propre histoire. II.

Évolution animale et histoire humaine. On peut distinguer deux notions voisines et cependant très différentes : l'histoire, qui suppose le progrès, et l'évolution.

L'évolution, c'est ce que les hommes ont en partage avec les animaux; elle se produit à l'échelle de l'espèce, comme le biologiste Darwin l'a mis en évidence, et elle est purement passive.

L'homme, comme individu naturel, subit lui aussi une évolution, qui permet par exemple de révéler que sa dentition se modifie sous les effets de son alimentation. Mais on réservera les notions d'histoire et de progrès à la seule humanité, qui engage une action sur la nature et sur les événements, une modification volontaire du simple cours des choses.

L'animal n'a pas accès au progrès; la fourmi fait au bout de mille ans ce qu'elle faisait déjà initialement, et de la même manière, les êtres naturels recommencent éternellement leur existence.

En revanche, l'homme garde les acquis techniques antérieurs à lui, il accumule les découvertes et les savoirs, de sorte que ses conditions de vie connaissent de considérables modifications au fil des temps. Ainsi, parce qu'il est un être à la fois historique et historial, c'est-à-dire soumis au passage du temps et agissant volontairement sur son existence, l'homme est toujours différent, tout en exprimant toujours son humanité.

Il n'y a que peu de ressemblance entre le paysan médiéval et le banlieusard contemporain, et cependant ces deux individus ont en partage une même appartenance à l'humanité, qui les rend capables de faire mémoire de leurs ancêtres et de transmettre à leur tour des savoirs.

Ils sont inscrits dans une histoire dont ils sont les acteurs, et pas seulement dans une évolution dont ils ne seraient que les composants passifs.

Ils sont susceptibles de réfléchir sur leur existence, et pas seulement de la subir.. »

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