Aide en Philo

Pourquoi la nature obéirait-elle à des lois ?

Extrait du document

« Discussion : Relativité générale, mécanique de l'atome, physique quantique, trous noirs : pour dialoguer avec l'Univers, l'homme emprunte presque exclusivement la parole scientifique.

La science est-elle pour autant capable de maîtriser le réel en l'enfermant dans ses équations ? La nature est-elle vraiment soumise aux lois théoriques, comme veulent le faire admettre les chercheurs ? L'Univers n'est-il pas, au contraire, pleinement autonome ? N'assume-t-il pas fort bien, sans le secours d'aucun modèle abstrait, des milliards d'années d'existence ? Ne serait-il pas définitivement « autre », irréductible à des schémas mathématiques ? Suggestion de plan : Première partie : Le concept de loi Le premier effet déconcertant de l'emploi du mot loi appliqué à la nature est que par définition la loi est énonciation elle est donc produit de la réflexion et de la pensée, elle n'a rien de « naturel ».

Les signes sur le papier ou les concepts abstraits de la mathématique ne sont pas assimilables aux planètes qui existent physiquement autour du Soleil par exemple.

Le monde abstrait des idées et des formes créées par notre esprit est totalement différent du monde concret des objets physiques imposés par la nature.

Le réel et la théorie sont deux mondes différents par nature et par conséquent si nous maîtrisons la théorie nous ne pouvons pas en revanche atteindre l'essence du réel.

La réalité, nous n'en effectuons qu'une traduction ; nous ne faisons que l'interpréter.

Ce serait une illusion de croire qu'en parlant science nous parlons réel.

Le langage de la science avec ses mots que sont les concepts et ses règles de grammaire que sont les lois est d'ordre mathématique ; il est donc abstrait ou mieux symbolique.

Le langage de la nature est le jeu des choses dans le concret des situations réelles. Pourtant, si l'on suit Kant : "La nature, c'est l'existence des choses, en tant qu'elle est déterminée selon des lois universelles." Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future.

Que le physicien énonce des lois, c'est son droit le plus strict et c'est même son devoir impératif s'il veut atteindre son but : connaître le réel. Cependant, on constatera que la coïncidence entre le modèle et la réalité n'est jamais réalisée parfaitement. Par conséquent le doute peut s'insinuer : entre le domaine théorique et le domaine expérimental, n'y aurait-t-il rapport plutôt que coïncidence ? Qui nous permet de prétendre que ces lois sont les lois propres de la nature, celles qui la gouverneraient ? Deuxième partie : Nature et obéissance Il est manifeste que la nature refuse toujours de vérifier à la lettre les lois qu'on cherche à lui appliquer.

On peut considérer les lois théoriques comme des structures auxiliaires permettant de comprendre le monde des choses mais sans en faire forcément des règles constitutives de la nature propre de ce monde.

Quoiqu'on fasse il existera toujours un certain degré d'imprécision dans les mesures et donc dans l'accord recherché entre la théorie et l'expérience.

Au contraire de l'expérience théorique tout événement comporte une multitude d'éléments qui le rendent à jamais particulier et impossible à reproduire.

Ainsi le caractère d'unicité essentielle de tout phénomène physique réel s'oppose au dogme de répétitivité des expériences théoriques de physique.

Si cette répétitivité constitue l'hypothèse de base, d'ailleurs indispensable de toute science physique, elle est irréalisable en pratique, c'est-à-dire en réalité.

Alors que la science imagine un monde fait d'éléments identiques (atomes, particules) et de situations identifiables les unes aux autres, le monde réel est indéniablement une collection d'événements absolument particuliers.

Autrement dit, toute expérience réelle possède son lot de circonstances, certaines totalement incontrôlables, qui la démarquent radicalement de l'expérience idéale à laquelle la théorie fait référence.

« Il existe des lois qui ont bonne mine lorsqu'elles sont exprimées dans un certain langage, mais qui ne souffrent pas d'être traduites ; elles ne peuvent pas figurer parmi les lois de la nature.

» ABC de la relativité, Bertrand Russell.

Si donc le monde théorique et le monde expérimental communiquent, ils ne s'identifient pas l'un à l'autre : les lois du premier ne sont pas celles du second.

La science raisonne sur un monde idéal.

Le monde réel n'est pas ce monde idéal. Troisième partie : La loi comme domination par les hommes. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles