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Pour connaître faut il se détacher de ce que l'on croit ?

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« La problématique en jeu ici est celle de l'opposition entre la croyance et le savoir.

V otre devoir devra tourner autour de cette opposition.

Plus précisément, il vous est demandé si la connaissance exige le détachement à l'égard de la croyance ce qui implique que non seulement, il y a une différence, mais peut-être aussi, une opposition.

En effet, classiquement, on distingue la connaissance et la croyance par leur objet.

La première relèverait de la science et la seconde de la religion.

Il s'agira alors de savoir pourquoi donc la croyance peut-elle éventuellement empêcher le savoir ? Pourquoi croire constituerait même un obstacle (épistémologique) au savoir ? Toutefois, toute croyance est-elle nécessairement à rejeter ? Une existence humaine peut-elle se fonder uniquement sur un savoir pleinement rationnel et positif ? Pour vivre l'homme n'a-t-il pas besoin de croire ? La science est un défi à la croyance V ouloir connaître les secrets de la nature, c'est outrager Dieu.

C 'est dérober le feu des dieux comme Prométhée.

En effet, celui qui croit pouvoir percer le mystère de la création p a r s e s propres lumières tente en fait de s'approprier un savoir qui n'appartient qu'au créateur.

Il se rebelle contre la toutepuissance divine.

Le désir d'une connaissance interdite est la cause de la C hute: c'est pour avoir voulu goûter aux fruits de l'arbre de la connaissance qu'A dam et Eve ont été chassés du P aradis. La science rend athée - Pour connaître, il faut se défaire de toute croyance La connaissance scientifique aboutit nécessairement à l'athéisme.

C elui qui ne se satisfait plus de la Bible pour expliquer la création est amené à rejeter la religion et à préférer les explications rationnelles aux explications irrationnelles.

Force est d'ailleurs de le constater: depuis la Renaissance, à mesure que la science progresse, les gens croient moins.

On pourra se référer ici aux analyses de Freud ou de Marx. P our Freud, par exemple, la religion n‘est pas la compensation illusoire de la misère économique et sociale, mais de la misère psychologique.

Dans « L'avenir d'une illusion », Freud montre que les exigences répressives de la « civilisation » entrent en conflit avec les instincts, les désirs sex ue ls et agressifs qui caractérisent la « constitution animale » de l'homme.

Le « secret » de la force des « illusions religieuses » tient précisément à la force de ces désirs frustrés.

La religion a une fonction consolante parce qu'elle offre la perspective d'un au-delà dans lequel le désir trouvera s a satisfaction.

M ais elle répond aussi au besoin de protection et d'amour de l'homme par l'image d'une Providence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : « Nous le savons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'être protégé –protégé en étant aimé- besoin auquel le père a satisfait : la reconnaissance du fait que l'homme s'est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant.

L'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine.

» A insi, donc, pour Freud, la religion est une illusion engendrée par le désir et c'est de l'image paternelle que provient l'idée de Dieu. Le besoin de croire P ourtant, nous ne pouvons pas dénigrer toute croyance.

C hacun porte en lui de nombreuses croyances et c e l l e s - c i permettent de vivre.

D'une part parce que nous ne pouvons avoir des connaissances sur tous les sujets et d'autre part, parce qu'elles permettent de donner un sens à notre vie. P our Nietzsche, la vérité est un choix.

Nous pouvons vouloir l'erreur, l'illusion parce que nous pouvons aimer d'autres choses que la vérité, par exemple le plaisir, le pouvoir, l'action.

A insi Nietzsche ne condamne ni l'illusion, ni la croyance.

Pour lui, elles remplissent un vide existentiel et elles sont vitales. A insi, nous pouvons décider de croire en Dieu, parce que cela donne un sens à notre existence et nous permet d'agir pour un bien( la charité, l'amour du prochain,...).

Pour P ascal, les sceptiques sont des êtres fous et malheureux et seule la croyance est la marque d'une force d'esprit. La croyance e s t n é c e s s a i r e à la vie individuelle comme à la vie collective.

A insi, pour Schelling, c'est la croyance collective en des idéaux ou en des idées qui permet à un peuple de se fonder et d'être soudé.

de quel autre moyen un peuple dispose-t-il pour se conserver et s'affirmer si ce n'est la mythologie.[...] nous ne pouvons concevoir un peuple s a n s mythologie" Schelling( introduction à la philosophie mythologique) A insi, c ' e s t la croyance en des idéaux qui soudent les individus et les nations. Enfin, il faut bien comprendre qu'aucune action ne serait accomplie si les individus qui les entreprennent ne croyaient pas en leur chance de réussir.

T enterait-on un tour du monde en bateau si on ne croyait pas cela possible. Le scientisme a remplacé la croyance A ujourd'hui, le scientisme s'est substitué à la croyance, e t c ' e s t d e la science qu'on attend des miracles.

O n pense volontiers que grâce aux progrès de la cosmologie, on connaîtra un jour l'origine de l'univers.

De même, médecine et génétique poursuivent un vieux rêve inavoué, celui de l'immortalité.

S'ils ne craignent plus la nature ni la mort, les hommes n'auront plus besoin de Dieu.

C omte décrira l'évolution de l'homme à travers sa fameuse "loi des trois états": Énoncée très tôt dans l'oeuvre de C omte, la loi des trois états est formulée comme suit : « Parla nature même de l'esprit humain, chaque branche de nos connaissances est nécessairement assujettie dans sa marche à passer successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique ou fictif ; l'état métaphysique ou abstrait ; enfin, l'état scientifique ou positif » (P lan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, 1822). À ces trois états correspondent respectivement la prééminence des rois, celle des peuples et celle des savants.

Le premier type de conception est le début nécessaire de l'intelligence humaine ; le deuxième est une transition vers le troisième, qui est l'état fixe et définitif de l'intelligence.

La théologie explique les phénomènes par la fiction d'une volonté divine qui ressemble à celle de l'homme. La métaphysique, qui désigne la philosophie d u X V I I I e siècle, est une crise qui brise la hiérarchie théologique pour proclamer la valeur suprême de l'individu et d e s a liberté : elle engendre l'anarchie scientifique et sociale.

L'âge positif en revanche, en fondant les s c i e n c e s sur l'observation et en réorganisant les croyances humaines, réorganise aussi la société qui repose sur ces croyances. « En étudiant [...] le développement total de l'intelligence humaine dans ses diverses sphères d'activité, depuis son premier essor le plus simple jusqu'à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable [...].

C ette loi consiste en ce que chacune de nos conceptions principales, chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique, ou fictif ; l'état métaphysique, ou abstrait ; l'état scientifique, ou positif.

[...] Dans l'état théologique, l'esprit humain dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot, vers les connaissances absolues, se représente les phénomènes comme produits par l'action directe et continue d'agents surnaturels plus ou moins nombreux, dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l'univers. Dans l'état métaphysique, qui n'est au fond qu'une simple modification générale du premier, l e s agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiées) inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observables, dont l'explication consiste alors à assigner pour chacun l'entité correspondante. Enfin, dans l'état positif, l'esprit humain reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce à chercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s'attacher uniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du raisonnement et de l'observation, leurs lois effectives, c'est-à-dire leurs relations de succession et de similitude.

» C O M T E, « C ours de philosophie positive ».. »

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