Peut-on vouloir être immortel ?
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Termes du sujet:
ÊTRE: Du latin esse, « être ».
1) Verbe : exister, se trouver là.
En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple :
l'homme est mortel).
2) Nom : ce qui est, l'étant.
3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant).
4) Ce qu'est
une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme).
5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait,
Dieu.
VOLONTÉ / VOULOIR: Du latin voluntas, «volonté», «désir», «intention».
1.
Faculté de vouloir, pouvoir de se
déterminer pour des motifs raisonnables.
2.
Acte particulier de la faculté de vouloir (exemple: ses «dernières
volontés»), volition.
3.
Chez Schopenhauer, vouloir-vivre universel, «poussée aveugle et irrésistible» qui vise, en
tout être vivant, la survie de l'espèce.
Un acte est volontaire quand il trouve son principe dans une libre décision du sujet.
À la différence du désir, qui est
une inclination ou un penchant subi, la volonté est un principe actif par lequel l'homme affirme sa capacité à se
détacher de ses désirs et pose ainsi sa liberté.
MORT: Du latin mors, «mort».
Cessation complète et définitive de la vie.
Seul parmi les animaux, l'homme se sait
mortel: cruelle certitude qui limite son horizon et l'oblige à composer avec sa propre disparition, comme avec celle
des êtres auxquels il est attaché.
Pour Platon, la mort est un «beau risque à courir».
Dans le Phédon, Socrate
définit la mort comme la séparation de l'âme et du corps; délivrée de sa prison charnelle, l'âme immortelle peut
librement regagner le ciel des Idées, patrie du philosophe.
Épicure tient la mort pour un non-événement, puisque
jamais nous ne la rencontrons.
Tant que nous sommes en vie, la mort n'est pas; et quand la mort est là, c'est nous
qui ne sommes plus.
Pour Heidegger au contraire, la vie humaine s'inscrit dans la finitude: «Dès qu'un humain vient à
la vie, il est déjà assez vieux pour mourir».
INTRODUCTION
La conscience du devoir mourir apparaît, pour l'anthropologie et la philosophie modernes, comme une des distinctions
radicales entre l'homme et l'animal.
Mais se connaître mortel ne va pas sans difficulté ou douleur.
Aussi n'est-il pas
surprenant qu'il se développe dans l'humanité, et sans doute à toutes les époques, un désir d'immortalité.
Ce désir
est-il cependant assimilable à une véritable volonté ?
I.
Comment échapper à la mort ?
• Mythologies et religions ne sont pas les seules formes de la pensée à avoir proposé à l'être humain un espoir
d'immortalité : dès Platon, la philosophie affirme aussi l'immortalité d'une partie de l'homme (celle qui aurait le plus de
valeur) : l'âme.
La tradition chrétienne prend ensuite la relève pour affirmer que c'est par sa nature même, telle que
Dieu la lui a donnée, que l'homme a en lui une dimension intemporelle : il y a donc pour l'âme la possibilité d'une
survie éternelle.
«Maintenant que nous savons que l'âme est immortelle, il n'y a pas pour elle
d'autre moyen d'échapper à ses maux et de se sauver que de devenir la
meilleure et la plus sage possible.» Platon, Phédon (Ive siècle av.
J.-C).
• La vanité de la vie d'ici-bas impose, si l'on veut pouvoir fonder le sens de l'existence
humaine, de dissocier entre deux modalités d'existence: le corps d'un côté, l'âme de
l'autre.
C'est ce que fait Platon.
Distinguer le corps et l'âme permet de distinguer entre
l'aspect fini (limité) de l'existence humaine, et son aspect infini, qui lui permet de
participer à l'éternité du temps.
• Il ne faut donc pas craindre la mort, mais il faut craindre que l'âme parte mal éduquée
vers l'au-delà, car elle risque alors d'errer indéfiniment au lieu de parvenir rapidement à
la contemplation heureuse des Idées éternelles.
Cette conception de l'au-delà indique
que la seule activité qui ait un sens dans la vie est l'éducation et la recherche de la
sagesse, c'est-à-dire la philosophie.
• Que peut signifier cette immortalité ? Nécessairement elle désigne un séjour et une vie
de l'âme tout autres que ce qu'elle peut connaître dans son existence terrestre.
• Cependant, on peut aussi concevoir une immortalité plus « laïque », qui consisterait à rester vivant dans la
mémoire de l'humanité future.
(C'est d'ailleurs une théorie de ce genre que l'on rencontre chez Auguste Comte,
lorsqu'il affirme la nécessité, pour une société, de conserver la mémoire de ses membres les plus illustres ou les plus
nobles, de ceux qui furent pour l'humanité tout entière des exemples durables.)
II.
Désir et volonté d'immortalité
• Dans son ouvrage classique, F.
Alquié évoque l'existence, dans l'homme, d'un désir, et non d'une volonté
d'immortalité.
Désir qui est à l'oeuvre dans la passion, dès lors que le passionné cherche en effet à nier les limites de
ce qu'il ressent et inscrit l'intensité de ses affects dans un hors-temps..
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