Peut-on vivre sans religion ?
Extrait du document
«
[La religion est une illusion dont on peut et dont on doit se passer.
Elle n'est que le substitut, le résidu d'un
explication rationnelle de l'univers.
Le croyant est un infantile qui recherche la protection rassurante d'un
Père]
La religion est le fruit de l'ignorance
En l'absence d'une explication rigoureuse et rationnelle du monde, l'homme exprime par la religion son incapacité
totale à maîtriser la nature.
Aujourd'hui, la science et la technique sont en mesure d'assurer à l'homme cette
maîtrise du monde réalisant ainsi le rêve de Descartes d'un genre humain "maître et possesseur de la nature".
La
religion n'a plus de raisons d'être puisque la science substitue à l'irrationnel et au surnaturel une explication causale
et raisonnée des mécanismes naturels.
Religion et pathologie
Les doctrines religieuses ne sont pas produites par l'expérience ni par la réflexion, mais constituent des formes de
satisfaction de désirs inconscients.
La détresse infantile est génératrice de terreur et d'angoisse qui poursuivent
l'homme toute sa vie.
La religion y répond en fournissant un père - Dieu - substitut tout puissant du père du
nourrisson, ainsi que des réponses aux questions angoissantes sur la mort, les origines, etc.
Dans "L'avenir d'une illusion", Freud affirme que ce serait l'angoisse de l'homme
devant la nature toute-puissante, angoisse analogue à celle de l'enfant, qui
aurait engendré, en quelque sorte, le comportement religieux.
En personnifiant
les forces naturelles sous formes d'êtres supérieurs, parfois terrifiants, mais
pourvus d'une volonté semblable à celle des hommes, en attribuant aux dieux
les caractères que l'enfant attribue au père, les hommes auraient cherché à
exorciser l'angoisse due à la cruauté de la nature.
La première fonction de la religion serait donc d'humaniser la nature, de
protéger l'homme contre celle-ci.
Mais, humaniser la nature, c'est aussi la
tâche de la civilisation.
Or, si celle-ci rend la nature plus supportable, elle
impose néanmoins à l'homme des privations et des souffrances qui, à leur
tour, suscitent l'anxiété et le besoin d'un dédommagement ou d'une
consolation.
La religion aurait donc aussi pour objectif de protéger l'homme
contre « les dommages causés par la société humaine ».
Ainsi la religion serait
une satisfaction de notre désir archaïque d'être protégé et aimé.
Mais la religion apporte-t-elle vraiment une réponse à l'angoisse de l'humanité
? D'où les idées religieuses, qui ne reposent ni sur l'expérience ni sur la raison,
tirent-elles leur force, sinon de nos désirs d'un univers ordonné dans lequel
l'angoisse peut être rendue supportable ? La religion n'est-elle donc pas une
croyance conforme à nos désirs, cad une illusion ? Ne nous enferme-t-elle pas
dans l'infantilisme ? Ne serait-il pas préférable que les hommes affrontent la
réalité sans le secours de la religion ? Ne faut-il pas, en particulier,
désacraliser les interdits sociaux de manière à ce que les hommes, comprenant les nécessités de la vie sociale,
supportent mieux « la pression qu'exerce sur eux la civilisation » ? L'essai d'une éducation non religieuse ne vaut-il
pas la peine d'être tenté ?
Religion et infantilisme
La religion, selon Freud, satisfait bien en nous le désir archaïque d'être protégé et aimé.
Mais, d'un point de vue
psychanalytique, il apparaît qu'elle nous enferme dans l'illusion et l'infantilisme.
On peut, on doit travailler à prendre
conscience de la réalité, si dure qu'elle soit, pour l'affronter lucidement, en adulte.
Freud conçoit la religion comme une illusion, cad comme une croyance fondée sur la réalisation d'un désir (et non sur
la connaissance objective de la réalité).
Elle est une réponse à une situation de détresse : lorsque l'enfant constate
que ses parents, qu'il croyait parfaits, s'avèrent faillibles, son désarroi l'incite à projeter dans l'au-delà les attributs
de toute-puissance et de toute-tendresse qu'il désirait (et donc croyait) les voir assumer jusqu'alors.
La religion a
donc pour effet de reproduire à l'échelle sociale les relations de l'enfant à l'autorité parentale, dans leur double
fonction de protection et de répression.
Plus précisément, Freud assimile la religion à une névrose obsessionnelle, cad à l'expression symbolique d'un conflit
psychique, en l'occurrence à un mécanisme de défense contre l'angoisse par la pratique répétée de rites et de
prières.
C'est ainsi que le psychisme gère ses propres tensions internes, nées de la déception, de la culpabilité et de
la souffrance.
La religion permet au croyant de sublimer la figure du père..
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