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Peut-on tirer un bien d'un mal ?

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« INTRODUCTION Définition des termes et problématisation : Le mal et le bien sont deux notions opposées.

Il semble difficile de prime abord de trouver un terrain d'entente entre les deux.

Comment par exemple le mal physique, la souffrance, peut-il servir un bien, la santé ? Comment la guerre peut-elle être mise au service de la paix ? Après l'opposition immédiate apparaît une complémentarité possible.

Bien souvent le politique utilise des instruments violents pour servir ses fins légitimes.

Le mal peut être un moyen d'obtenir un bien.

Le risque de cette instrumentalisation du mal au profit d'un bien résiderait dans la conception suivante : tous les moyens sont bons pourvu que la fin soit bonne. Or cette conception a des limites.

La violence humaine même si elle est mise au service d'une fin bonne peut ne pas trouver de légitimation.

La justification du mal par le bien ou du moyen par la fin peut être périlleuse.

Afin d'établir si oui ou non une telle harmonie entre le bien et le mal est possible, nous allons étudier trois hypothèses.

La première prend le parti de concevoir le bien et le mal comme compatibles.

La deuxième souligne les limites de cette conception.

Enfin la troisième hypothèse tend à confronter les valeurs que sont le bien et le mal à la contingence des faits. Première partie : L'harmonie entre le bien et le mal est-elle possible ? 1.1 Tableau : ombres et lumières. L'harmonie picturale est due non seulement aux lumières mais aussi aux ombres.

C'est grâce au contraste que l'harmonie se dégage.

Leibniz dans La profession de foi du philosophe utilise cette image afin d'expliquer la présence du mal en ce monde.

« La dissonance chaotique rentre comme par enchantement dans l'ordre de l'harmonie la plus exquise, que la peinture des objets est rendue distincte par les ombres, que l'harmonie due aux dissonances s'équilibre en transformant les dissonances en consonances.

» 1.2 Le meilleur des mondes possibles. Le mal selon Leibniz a sa place dans le monde créé par Dieu, celui-ci ne pouvant être parfait doit comporter des zones d'ombre.

Cependant même si ce monde n'est pas parfait il est le meilleur des mondes possibles, Dieu suivant, lors de la constitution de son ouvrage, la règle du meilleur.

« On peut dire du mal physique que Dieu le veut souvent comme une peine due à la coulpe [faute], et souvent aussi comme un moyen propre à sa fin, c'est-à-dire pour empêcher de plus grands maux ou pour obtenir de plus grands biens.

La peine sert aussi pour l'amendement et pour l'exemple, et le mal sert souvent pour mieux goûter le bien, et quelque fois aussi il contribue à une plus grande perfection de celui qui le souffre.

» Essais de Théodicée. La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles» apparaît en substance dans un ouvrage de Leibniz (16461716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : La Théodicée (1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelques problèmes classiques posés à la théologie, et qu'il énonce ainsi : « Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on ne laisserait pas de trouver de la difficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet, les pouvant empêcher par sa toute-puissance.» Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ? Comment peut-on concilier la liberté humaine avec la toute-puissance divine ? Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos qui signifie « Dieu » et dikè qui signifie « justice »).

Leibniz est le premier à avoir formé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.

Mais les problèmes qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) en avait déjà donné une formulation vigoureuse, qui tendait à prouver que notre conception du divin est parfaitement erronée.

Le but de Leibniz est tout autre, puisqu'il s'agit de défendre la cause de Dieu. Voltaire a eu beau jeu dans Candide (1759) de se gausser d'une formule qu'il ne comprend pas et qu'il malmène.

Leibniz n'écrit pas «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », mais « L'on a montré que cet univers doit être effectivement meilleur que tout autre univers possible » ou encore : « Il faut dire que Dieu, entre les suites possibles de choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure, et que par conséquent la meilleure est celle-là même qui existe en acte.» Ce qui varie de la formule voltairienne à la formule vraie de Leibniz est l'idée de pluralité.

Dieu conçoit une infinité de mondes possibles, et il choisit suivant le principe du meilleur.

Cela ne veut pas dire que Leibniz nie le mal et que nous vivons «dans le meilleur des mondes », mais que tous les autres mondes possibles, que Dieu a conçus, sans choisir de les faire exister, seraient pires.

Ce qui, avouons-le, n'est guère réjouissant, Leibniz va jusqu'à écrire : « En outre, si Dieu n'avait pas choisi la meilleure suite universelle (suite dans laquelle le péché intervient), il aurait. »

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