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Peut-on se rendre maître de ses idées ?

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« Ma pensée est ce qui m'appartient, car toutes mes idées sont produites par moi.

Mais ce constat ne vaut que dans la mesure où je suis conscient, c'est-àdire dans la mesure où je suis capable de me poser comme sujet de mes pensées.

O r il arrive parfois que des pensées m'arrivent sans que je m'en aperçoive, ce qui prouve que les pensées n'ont pas toujours besoin du M oi pour se manifester.

A insi comment faire pour exercer un contrôle quant à la genèse de nos pensées ? P eut-on se rendre maître de ses idées ? Les idées sont des représentations mentales qui peuvent être fabriquées par moi où provenir de l'extérieur par le biais des sens.

O n peut dire que mes idées m'appartiennent parce qu'elles sont le fruit de ma pensée, il y a donc un rapport d'identité entre la pensée et les idées car penser n'est rien d'autre qu'avoir des idées.

O r l'expression « se rendre maître » signifie une volonté de mettre de l'ordre, d'harmoniser et surtout d'appropriation et de maîtrise ; et le « peut-on » dans la question, fait planer le doute quant à la possibilité de cette appropriation.

Et de cette maîtrise.

En effet « peut-on » renvoie au verbe pouvoir, à l'idée de possibilité.

D'où justement la question de savoir quelle(s) faculté(s) doit être mobilisée(s) pour assurer l'appartenance et l'appropriation de ses idées.

Le sujet semble présupposer qu'une maîtrise de ses idées semble faire problème : mais comment se fait-il que mes idées qui semblent m'appartenir aient besoin d'être maîtrisées ? En quoi mes idées sont-elles susceptibles de m'échapper ? De plus dans quelle mesure suis-je capable de maîtriser mes idées, cette maîtrise est-elle totale où ne peut-elle être que partielle ? I A : Selon Descartes les seules choses qui peuvent être en notre pouvoir sont nos pensées.

Or par le mot pensée, Descartes rassemble toutes les opérations de l'âme.

En effet si toutes nos pensées nous appartiennent alors nous pouvons les maîtriser c'est-à-dire les conduire par ordre afin de parvenir à la vérité.

C 'est pour cela que Descartes élabore une méthode afin de parvenir au vrai..

A insi la maîtrise des pensées qui est aussi maîtrise de ses idées est rendue possible grâce aux quatre préceptes de la méthode ( règle d'évidence, d'analyse, d'ordre et de dénombrement ).

Mais les idées ne sont pas simplement que des concepts que nous manipulons pour parvenir au vrai.

Les idées sont aussi des représentations qui agissent sur l'âme. B : P our Epictète, nos représentations ne dépendent pas de nous en revanche l'usage que nous en faisons et l'effet qu'elles produisent sur notre âme dépend de nous.

Il faut se libérer des représentations pénibles occasionnées par des choses qui ne dépendent pas de nous.

( voir Epictète, Manuel 1 para 5, 6, 10, 16, 18, 20, ).

Ici c'est la représentation dont il faut maîtriser les effets.

La mort n'est pas en elle-même cause de troubles c'est la représentation de la mort qui nous affect. Les idées peuvent faire l'objet d'une maîtrise parce qu'elles appartiennent au sujet qui les pense, mais toute pensée a-telle besoin d'un sujet pour se manifester ? II A : A vec la psychanalyse nous savons désormais que les pensées conscientes sont le résultat de tendances issues de l'inconscient.

C omme le disait Nietzsche, rien n'arrive à la conscience sans avoir été préalablement interprété.

En effet c'est par exemple dans les rêves que l'inconscient se manifeste le plus.

C haque image dans un rêve peut faire l'objet d'une interprétation car il a une haute valeur symbolique. Dans cette perspective les idées présentent dans le rêve ne sauraient faire l'objet d'une maîtrise, et on pourrait même dire que l e s pensées du rêves ne nous appartiennent pas car le sujet n'est pas cause comme moi conscient de ses pensées. Mais justement les idées qui sont présentes dans le rêve sont-elles encore des idées ? Une idée n'est-elle pas inévitablement de l'ordre de la pensée consciente ? Si la formation des idées relève de l'inconscient comment puis-je maîtriser mes idées ? B : T oute idée est toujours idée de quelque chose, mais l'idée est aussi toujours pour une conscience.

Tout ce qui n'arrive pas à la conscience est de l'ordre du préconscient ou de l'inconscient.

En effet une idée provient soit de la sensation soit de la réflexion, or ces deux opérations appartiennent à l'âme.

Il faut donc souligner que les idées sont toujours relatives à un sujet.

A insi l'idée n'apparaît toujours que pour une conscience, ce qui permet de réhabiliter les notions de maîtrise et d'appropriation que la psychanalyse tendait à effacer.

C ependant ce n'est pas parce que je suis sujet de mes pensées que je les maîtrise nécessairement.

En effet je peux être parfois victimes de mes idées quand elles ne s'accordent pas avec le réel C : En effet dans l'amour passion je crois aimer quelqu'un pour ce qu'elle est alors que je me fais des idées à son sujet.

En effet l'amoureux est souvent bien déçu lorsqu'il s'aperçoit que l'aimé ne correspondait pas à l'idée qu'il s'était fait de lui ou d'elle.

En langage spinoziste le passionné a été victime d'une idée inadéquate.

A insi je peux toujours être victime de mes idées quand celles-ci ne correspondent pas avec la réalité.

M ais comment faire pour que mes idées soient conformes au réel ? Une idée non conforme au réel est-elle préjudiciable pour le sujet qui la forme ? III A : La maîtrise des idées semble être la clef pour mener une vie calme et sans troubles.

En effet une idée n'a pas simplement une valeur scientifique, elle a aussi une valeur morale.

O r on a vu qu'une idée fausse pouvait être cause de troubles, mais n'existe-t-il pas des idées dont la véracité ne peut-être prouvée et qui par ailleurs ont une énorme valeur pratique.

C 'est ce que montre Kant en affirmant que les Idées de l'immortalité de l'âme, de Dieu et du monde sont des postulats de la raison pure pratique c'est-à-dire qu'elles n'ont pas de valeur théorique car elles ne correspondent à aucune intuition sensible, en revanche elles ont une valeur pratique c'est-à-dire morale dans la mesure elles nous incitent à obéir aux commandements du devoir et qu'elles nous incitent ainsi à réaliser la moralisation du genre humain qui constitue sa plus haute fin. B : O n peut en dire autant de l'Idée de justice au sens platonicien ou de toutes les Idées chez Platon qui sont des essences immuables et non pas des représentations mentales.

L'apprenti philosophe doit faire en sorte de tendre vers les Idées intelligibles s'il veut être dans le vrai.

L'Idée n'est pas vraie parce qu'elle est conforme au réel mais c'est plutôt dans la mesure où l'apprenti philosophe raisonne à partir des essences qu'il fera advenir la vérité dans le monde. L'apprenti philosophe cherche à s'approprier les Idées intelligibles, il veut s'en rendre maître pour parvenir à la vérité. Conclusion : La maîtrise des idées est nécessaire car elles renvoient à des exigences à la fois théoriques et pratiques.

Il faut maîtriser ses idées c'est-à-dire les conduire par ordre pour parvenir à la vérité.

Il faut savoir user des représentations de ses idées pour ne pas en être victime.

La maîtrise des idées est toujours en notre pouvoir car elle appartiennent toujours à un sujet conscient.

C ependant on peut être victime de ses idées quand elles ne s'accordent pas avec le réel.

M ais une idée peut aussi avoir une valeur morale alors même qu'elle ne s'accorde pas avec le réel c'est en ce sens qu'elle constitue un idéal régulateur.

O r chercher à s'approprier ces idées idéales permet de perfectionner le genre humain.

Enfin la recherche de la vérité est elle-même tributaire d'une possession en un sens métaphorique des Idées intelligible.. »

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