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Peut-on reprocher a l'art de se mettre au service d'une cause juste ?

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« Analyse du sujet : Art : Chez les grecs, l'art (techne) s'oppose à la nature (phusis).

Il met en jeu l'intervention d'un agent et d'un savoir faire, dans la production d'un objet alors que la nature à l'inverse, les objets de la nature se reproduise d'eux même : le chien vient d'un autre chien, le lit par contre vient de l'ouvrage de l'homme d'art.

L'art, tel que nous l'entendons depuis le 18ème siècle, se distingue de l'artisanat (terme sous lequel on range à peu près ce que les grecs entendait par techne).

L'artisan est celui qui applique une technique, un savoir faire (enseignable à un apprenti), l'artiste celui qui crée une oeuvre d'art originale, ne saurait transmettre son génie (son activité se rapproche de la poiesis grecque).

Il cherche à donner à son oeuvre, une harmonie qui touche universellement tous les hommes. Servir/Se mettre au service de : Ce terme peut signifier plusieurs choses : être utile (servir un intérêt), être en servitude (esclave).

Il est intéressant de noter qu'une chose peut servir à une action dont l'entendement qui en concevait le plan comptait sur elle a priori ou bien servir par accident, sans que l'aide soit elle même englobée a priori par l'entendement qui tentait de prévoir les conséquences de son action.

Dans le premier cas le service est intéressé, il est sollicité en vue d'une fin, dans le second, il arrive, s'impose par accident, selon la fortune ou la chance.

Se mettre au service c'est en un premier temps se rendre utile, ce service peut se muer en servitude, asservissement quand il devient forcé. Juste : Être juste, c'est agir selon le bien, et en vue du bien.

Être juste c'est être équitable, moral, pour Kant, c'est être humain (c'est-àdire raisonnable). Cause/ Cause juste : Une cause ici, c'est une raison d'agir, la finalité d'une action volontaire.

Il y a donc deux types de « causes » : les causes bonnes et les causes mauvaises, celles qui ont pour but un bien et celles qui ont pour but un mal.

Les causes justes se sont celles qui sont dignes d'être embrassées par l'homme juste, celles qui à la fois ont une fin juste et bonne, et demandent pour les servir des moyens justes pour les atteindre. Problématisation : Nous nous interrogeons sur l'art et sur sa possible vocation à embrasser des causes justes.

Peut-on reprocher à l'art de se mettre au service d'une cause juste ? On pourrait à n'en point douter lui reprocher de se mettre au service d'une cause injuste mais dans le cas d'une cause juste, la justice même, manifestée par cette revendication, peut-elle être servie par l'art sans en même temps l'asservir ? L'art peut-il rester lui-même s'il sert une cause ? Ne se trouve-t-il pas aliéné dès lors qu'il est utile ? Pour autant, la philosophie a souvent identifié le beau et le vrai.

Ne faudrait-il considéré, dans cette perspective, que l'art ne vaut que par le message qu'il véhicule ? Et dans ce cas ne faudrait-il reconnaître que l'ont ne pourrait reprocher à l'art de se mettre au service d'une cause juste si le juste est le vrai ? Il semble qu'il remplirait alors sa fonction.

Mais alors, qu'est-ce qui permettrait de déterminer l'oeuvre comme oeuvre d'art ? Ne serait-ce l'idée qu'elle défend ? Dans ce cas, n'est-ce pas le concept d'art lui même que nous perdons au profit de l'idée ? N'apparait-il pas alors intuitivement que l'art ne peut se mettre au service de quoi que ce soit sans en même temps perdre sa fonction esthétique ? Le sentiment du beau, le sentiment esthétique par excellence, pourrait-il se résumer à la reconnaissance du vrai sans en même temps nous apparaître comme purement intellectuelle, comme le contraire d'un sentiment en quelque sorte ? Ne pourrait-il se mettre au service de quoi que soit sans en même temps devenir un sentiment factice ? C'est ce que nous essaierons de comprendre en dernier lieu. Proposition de plan : 1 .

Il semble en première analyse que l'on ne puisse reprocher à l'art de se mettre au service d'une cause juste quand il aurait pu se mettre au service d'une cause injuste. a) Qu'on se souvienne de la propagande au sein des dictatures communistes (De Joseph Staline à Kim Jong Il (Corée du Nord)).

L'art dans ces dictatures est condamné à servir le régime en place et à tout faire pour que ses sujets le conservent.

L'art y est donc mis au service d'une cause injuste. Dans ces conditions comment lui reprocher à certains artistes dissidents de mettre leur art au service d'une cause juste comme par exemple la libération de ses mêmes sujets, ou l'effondrement du régime. b) Il faudrait donc reconnaître que du point de vue morale, il pourrait paraître tout à fait légitime, et donc irréprochable, que l'art et les artistes se mettent au service d'une cause juste. Problème : Mais pour autant ne faudrait-il reconnaître que du point de vue de l'art lui même, une cause injuste et une cause juste mettent dans la même servitude sa dimension esthétique ? Transition : Qu'en est-il si la cause que l'art embrasse est le vrai ? 2 .

Si on identifie le beau et le vrai, l'art semble légitimement pouvoir se mettre au service du vrai. a) En posant l'identité : beau=vrai, on fait de l'art un outil spirituel de connaissance.

Dans l'oeuvre ce qui importe ce n'est plus sa beauté mais la quantité de vérité qu'elle nous rend visible. b) Une oeuvre belle est donc dans cette optique une oeuvre édifiante.

Une oeuvre qui éduque l'esprit, l'élève, lui donne à penser. Problème : Qu'est ce qui dans ce cas déterminerait de manière spécifique l'oeuvre d'art et distinguerait l'art de la science ? Transition : L'art au fond peut-il être simplement utile, peut-il servir une cause ? 3 .

Même au service du vrai, l'art est asservi par les fins qui lui sont extérieures, sitôt utile il se perd lui même. a) L'art donne à son spectateur, parfois, le sentiment du beau.

Ce sentiment se passe de la référence à une chose qui lui est extérieur pour être doté d'une valeur en soi.

Il n'a pas besoin de la référence au vrai, à la nature, au désir pour avoir une valeur pour l'homme. b) L'art ne peut être au service de quoi que ce soit sans en même temps perdre son sens pour spécifiquement humain. c) L'art ne sert à rien sinon à l'humain, il est une activité spécifiquement humaine en laquelle l'homme peut parfois, devant un chef d'oeuvre reconnaître la marque conjointe de son espèce et de la nature : la marque de l'humanité, le symbole du Bien c'est à dire la beauté. Conclusion : On ne peut donc pas reprocher à l'art de se mettre au service d'une cause ou de quoi que ce soit d'autre parce que sitôt qu'il est asservi à une fin utilitaire il n'est plus l'art.. »

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