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Peut-on reprocher a l'art d'etre inutile ?

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« 1 ) On peut reprocher à l'art d'être utile: l'art est un luxe dont l'homme peut se passer. Une peinture n'est pas utile Magritte a parfaitement raison d'intituler sa toile représentant une pipe: Ceci n'est pas une pipe.

On pourrait en dire autant de toutes les autres oeuvres figuratives.

Elles ne sont que la représentation de la réalité.

Le boeuf écorché de Rembrandt n'a aucune utilité par le boucher, pour l'amateur de viande ou pour un homme affamé.

L'art est un luxe inutile car il n'est pas la satisfaction d'un besoin. Pendant que les artistes créent, les autres travaillent Depuis le xviii siècle, le mot « art » désigne essentiellement la pratique de l'artiste ; auparavant, l'art de l'artiste se confondait plus ou moins avec l'art de l'artisan.

C'est le résultat de la lutte des artistes, que l'art soit considéré à présent comme un art libéral et non plus seulement un art mécanique. L'art de l'artisan a pour fonction de joindre l'agréable à l'utile ; se dissociant de cette tâche, l'art de l'artiste, qui s'est dégagé en même temps de la fonction d'utilité de l'objet qu'il produit, se consacre tout entier à d'autres tâches.

La distinction de l'artiste et de l'artisan est celle du beau et de l'utile. Doit-on placer artiste et artisan l'un au-dessus de l'autre ? Inférieur, selon Platon, à l'artisan, l'artiste se borne à reproduire ce que l'artisan fabrique. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartientelle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il est.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation. L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire de nos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente les Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce qui apparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons le connaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la. »

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