Peut-on prendre conscience de tout ?
Extrait du document
«
Dans le cogito, la pensée se saisit comme pensée, la conscience se saisit comme conscience, cad comme substance
indépendante du corps pour exister.
Saisie ainsi dans sa pure signification, il suffit à la conscience de s'analyser
pour saisir ses propres qualités.
Ces qualités de la conscience atteste que l'on puisse prendre conscience de tout ce
qui se passe en son esprit.
Les qualités de la conscience.
1) La transparence de la conscience.
Ce qui est présent dans la conscience semble directement accessible.
Un simple regard, une simple introspection
suffisent.
De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité.
Avec la conscience, on
est donc de plain-pied dans la signification.
Bref, la conscience est transparente à elle-même.
Et ce qui se
présenterait comme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante.
En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.
L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.
Quand je m'engage dans la connaissance du monde extérieur, je
quitte le domaine de la certitude.
Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.
Autrement dit, je lis dans
ma conscience à livre ouvert.
La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue par
elle avec évidence comme telle.
2) L'immédiateté de la conscience.
D'autre part, ce qui fait l'originalité du rapport de la conscience à elle-même, c'est l'immédiateté.
Nul intermédiaire,
nulle médiation, la conscience se donne immédiatement.
Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus
précisément dans l'instant.
En effet, c'est au moment où je prononce « je suis, j'existe » que cette proposition est
vraie.
C'est dans l'instant où elle se donne que je l'éprouve dans sa vérité.
Le présent est la seule chose qui
échappe au doute.
Il se distingue du passé qui, en tant qu'il suppose la mémoire, dépend de la fiabilité de cette
dernière et de la reconstruction qu'elle implique.
Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté.
Le
présent est le temps de la vérité de la conscience.
3) L'unité de la conscience.
Par-delà la multiplicité de ses affections, la conscience est ce qui se présente comme quelque chose d'unique.
Le
vécu peut se présenter sous des formes multiples, les réactions devant des situations diverses, voire identiques,
peuvent être différentes, mais en dépit de ces différences, il s'agit de mon expériences, de mon vécu.
La multiplicité
ne prend sens que sur fond d'unité de la conscience.
Ainsi Descartes, dans la « Deuxième Méditation » reconnaît
qu'il existe des facultés diverses et multiples : l'entendement, la volonté, l'imagination, la sensibilité.
Mais ces
facultés sont toutes déduites à partir de l'unité du cogito.
La conscience s'apparaît donc à elle-même comme
fondamentalement unique & identique.
Elle joue comme pouvoir unificateur.
C'est cette unité de la conscience qui
assure l'accès à la personne.
Kant écrit : « Posséder le JE dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme
infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par là, il est une personne ; et grâce à l'unité de
la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, cad un être
entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses, comme le sont les animaux sans raison, dont on peut
disposer à sa guise.
» (« Anthropologie du point de vue pragmatique »).
4) Le pouvoir de la conscience.
Immédiateté et transparence de la conscience à elle-même assurent la présence du sens.
L'unité de la conscience
permet d'assigner un pôle d'identité à une multiplicité d'actes pourtant différents.
De cela et sur cela on peut fonder
le pouvoir de la conscience.
Car la possibilité de référer des actes divers à un même sujet exclut la possibilité de
renvoyer la faute sur autrui.
En outre, la claire transparence de la conscience à elle-même exclut la possibilité d'un
acte dont le sens échapperait au sujet..
»
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