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Peut-on parler d'une philosophie contre nature ?

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« Introduction : Le but apparent de la nature semble être la perpétuation et l'achèvement des espèces vivantes.La maïeutique socratique, élément fondateur de la tradition philosophique, consiste en un accouchement de l'âme, plus exactement en l'exercice légitime et l'expression de la raison.

Rien de plus naturel, rien de plus nécessaire au premier abord, pour l'épanouissement de l'individu.

De prime abord, la philosophie est cette activité qui entreprend une réflexion profonde en vue de l'accomplissement du sujet humain, dans ses dimensions individuelle et collective.

Mais la philosophie doit se montrer critique d'elle-même, afin de garantir le bien-fondé de ses intentions et de ses actions.

Car on peut soupçonner tel discours, qui par son artificialité, son absence de fondements, son ton péremptoire, de vouloir se dresser en obstacle entre l'individu et son accomplissement.

Quelle philosophie peut-on qualifier de contre nature ? Dans un premier temps, force est de constater que la philosophie veut se construire avec la nature et non contre.

Mais un examen plus approfondi de différents discours doit pouvoir être possible, afin d'isoler ce qui pourrait sembler contre nature, ce qui, alors, n'est peut-être plus philosophie. I.

La légitimité « naturelle » de la philosophie - Que semble chercher toute philosophie ? Si la référence à la philosophie grecque est toujours légitime, c'est que les visées d'alors restent inchangées : exercice de la vertu, de la justice, accession à la sagesse.

La finalité de ces objectifs est évidemment politique, et une telle posture est nécessaire à qui souhaite vivre en communauté, en citoyen.

Dans cette perspective politique, la philosophie accompagne le développement naturel de l'individu. - D'autre part, la philosophie est l'exercice des facultés de l'esprit, plus particulièrement de ce que nous pouvons appeler la raison.

Doué d'un corps, et d'une âme, l'individu se doit de soigner l'équilibre des deux.

La philosophie est une perpétuelle éducation, qui met à disposition des outils pour la bonne conduite d'une vie. - Telle qu'elle fut fondée, la philosophie est une nécessité pour la vie en communauté et le libre exercice de la raison.

Cependant, elle n'est pas à l'abri, comme toute science ou tout art, d'outrepasser ses limites, de devenir absurde, ou de s'élever contre ce qu'elle prétend défendre. II.

La philosophie doit rester critique sur ses fins et ses moyens - Ce que la descendance a reproché à un de ses pères, Platon, c'est d'avoir structuré sa philosophie en une dialectique réalité/idée, et d'avoir développé un rapport de copie déficient entre les deux.

La philosophie, en supposant une exclusivité de l'esprit, se risque à légiférer en dépit de toute réalité, en dépit de toute « nature » des choses. - Plus tard, et dans une philosophie qui se spécialisait en plusieurs domaines, l'observation de la réalité n'empêchait pas l'application d'une grille de lecture mécanique, entendons par-là que toute action était mécaniquement fondée, donc mécaniquement démontrable.

Lorsque l'on soutient que la nature est écrite en langage mathématique, on suppose des fins de la nature à la mesure de notre esprit, ce qui est bien présomptueux et qui constitue un pari, une affirmation aveugle. - Les maîtres du soupçon, Marx, Nietzsche, et Freud, ont traqué les discours philosophiques qui, explicitement comme à mots murmurés, étaient contre nature.

Nietzsche, par exemple, a vu dans les philosophies classiques morales, une dévalorisation de la vie, dans sa dimension charnelle, naturelle. III.

Une philosophie peut-elle être contre la vie ? - Pour Nietzsche, la figure du prêtre est cette figure malade, rancunière, mauvaise, qui n'a pas voulu s'adapter à la vie, aux choses dans leur réalité.

Les philosophies qui sont fondées sur des interdits, des devoirs, des négations, sont des philosophies contre nature, car elles ignorent volontairement, ou condamnent ouvertement, la nature des choses, la vie maintenant ici, pour proposer à la place une vie supérieure, acquis à force de souffrance et de négation.. »

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