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Peut-on ne pas croire au progrès technique ?

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A la lumière de ces observations, nous sommes en droit de nous demander : peut-on ne pas croire au progrès technique ? Si je crois au progrès technique, c'est-à-dire que j'ai une foi, une confiance aveugle en lui, je ne remets pas en question les dangers potentiels si ce n'est accompli ; car progresser est une transformation et en tant que telle, comporte une part d'imprévu. Croire au progrès technique, c'est soutenir que celui-ci ne peut que nécessairement améliorer la condition de l'Homme. Mais cette dernière se traduit-elle nécessairement dans une obsession sécuritaire ou un confort individuel accru ? Dans son Discours sur les Sciences et les Arts, Jean Jacques Rousseau soutenait la thèse que l'homme progressait, certes, mais que les valeurs ne progressaient pas. Inversement, si je ne crois pas au progrès technique, je nie toutes les transformations que l'Homme a appliquée au réel. Ne pas croire au progrès technique, c'est ne pas admettre les potentialités évolutives des conditions de la vie humaine par l'Homme lui-même. Ainsi dans quelle mesure la technique, procédé aux conséquences potentiellement imprévisibles et donc incontrôlables, fait-elle évoluer l'Homme vers un progrès nécessairement mal défini car jusque-là inconnu ? Nous conviendrons d'étudier ce problème selon l'analyse de la technique comme moyen d'affirmation de l'Humain d'une part, mais un moyen potentiellement dangereux et imprévisible d'autre part pour enfin terminer sur une certaine réglementation de celle-ci, soit une légalisation dans le but d'une légitimation.

« Dans notre société de consommation, basée sur un idéal du résultat immédiat, on a l'habitude de considérer le progrès technique comme le parachèvement continu de notre quotidien.

Pourtant dans ses Pièces de Guerre, Edward Bond nous présente l'avatar hypothétique de notre société, accentuant la désocialisation de chacun et surtout l'extrême tension qu'a provoqué la pluralisation de l'arme atomique.

De même dans son Meilleur des mondes, Aldous Huxley fait le portrait d'une société fondée sur l'exacerbation de la technoscience à tel point que l'Homme ne peut se substituer à tout type de technique, en toute passivité.

Or selon la définition d'André Lalande, la technique est ce « procédé bien défini et transmissible destiné à produire certains résultats jugés utiles.

» A la lumière de ces observations, nous sommes en droit de nous demander : peut-on ne pas croire au progrès technique ? Si je crois au progrès technique, c'est-à-dire que j'ai une foi, une confiance aveugle en lui, je ne remets pas en question les dangers potentiels si ce n'est accompli ; car progresser est une transformation et en tant que telle, comporte une part d'imprévu.

Croire au progrès technique, c'est soutenir que celui-ci ne peut que nécessairement améliorer la condition de l'Homme.

Mais cette dernière se traduit-elle nécessairement dans une obsession sécuritaire ou un confort individuel accru ? Dans son Discours sur les Sciences et les Arts, Jean Jacques Rousseau soutenait la thèse que l'homme progressait, certes, mais que les valeurs ne progressaient pas.

Inversement, si je ne crois pas au progrès technique, je nie toutes les transformations que l'Homme a appliquée au réel.

Ne pas croire au progrès technique, c'est ne pas admettre les potentialités évolutives des conditions de la vie humaine par l'Homme lui-même. Ainsi dans quelle mesure la technique, procédé aux conséquences potentiellement imprévisibles et donc incontrôlables, fait-elle évoluer l'Homme vers un progrès nécessairement mal défini car jusque-là inconnu ? Nous conviendrons d'étudier ce problème selon l'analyse de la technique comme moyen d'affirmation de l'Humain d'une part, mais un moyen potentiellement dangereux et imprévisible d'autre part pour enfin terminer sur une certaine réglementation de celle-ci, soit une légalisation dans le but d'une légitimation. La technique est le moyen pour l'Homme de transformer les déterminismes naturels : en ce sens elle est un progrès par elle-même car elle tend à l'affirmation de l'Homme sur le monde par la maîtrise qu'elle lui octroie. Tout d'abord, l'Homme ne peut affronter la réalité en tant que telle.

Même si le travail est la confrontation entre lui et le réel, la technique va transformer le réel car l'Homme a un besoin d'interprétation : cette « quatrième dimension » comme le soutient Ernst Cassirer fait que l'Homme transforme nécessairement la réalité, « s'entretient avec lui-même » parce qu'il ne peut plus « la voir face à face ».

En effet la supplantation culturelle sur l'Hommef ait qu'il est le support d'interprétations.

En fait, il se différencie de l'animal par la première transformation de ses besoins naturels en désirs équivoques et significatifs, c'est-à-dire qu'il « ignore ce qu'il veut, mais il sait très bien ce qu'il ne veut pas » (Eric Weil, Logique de la Philosophie).

Ainsi l'Homme trouve nécessairement une technique pour répondre à ses désirs et donc établir ce qui ne se trouve pas dans la Nature originellement, et se différencier de l'animal. Plus exactement, l'élaboration de cette technique se fait d'abord par la compréhension de la Nature.

René Descartes dans son Discours de la Méthode établit un schéma précis et rationnel du travail indissociablement lié à la technique – car le premier est l'application concrète du deuxième dans un univers réel – selon lequel l'Homme, par la compréhension des lois naturelles nommées déterminismes naturels, les connaissant préalablement, agit sur ces derniers en inventant de nouveaux moyens pour atteindre une fin légitime.

Concrètement, c'est parce que je sais que x quantités de bois retient l'eau que je construirai de telle manière un barrage n'existant pas dans la Nature mais légitimant ma fin : retenir l'eau.

De fait l'homme est bien « comme maître et possesseur de la Nature.

» Contrairement à Aristote, Descartes (dans la lignée du christianisme) n'attribue pas une âme à tous les êtres, mais seulement à l'homme.

Pour Descartes, les animaux ne sont pas autre chose que des automates, seulement plus sophistiqués.

C'est la théorie des «animaux-machines». La cinquième partie du "Discours de la Méthode" expose la physique cartésienne, forme résumée du Traité du monde ; c'est une déduction rationnelle des principales lois de la nature à partir d'un chaos initial fictif.

« Démontrant les effets par les causes » (V), il s'appuie sur le principe mécaniste d'une nature explicable par figure et mouvement, et fait ainsi l'économie du recours à la notion d'âme (il développe l'exemple de ses travaux sur les fonctions cardiaques).

C'est particulièrement dans l'étude du vivant qu'un tel geste se trouve mis en relief.

De là, le modèle de la machine ou de l'automate pour penser le corps animal et ses divers mouvements, l'image technique ayant pour vocation de souligner ici l'approche mécaniste du monde naturel.

Mais, là où l'animal peut s'y réduire complètement (car il est tout matière), on doit reconnaître en l'homme, et en l'homme seulement, une composition de deux substances : machine jusqu'à un certain point (le corps), ce qui le caractérise en propre reste l'exercice de la pensée qui, elle, est immatérielle.

Parler avec à propos est le signe extérieur d'une telle spécificité. Pour Descartes, l'homme a une âme qui lui confère la raison, mais aussi une volonté «infinie», c'est-à-dire le libre-arbitre.

Or ce libre-arbitre, qui permet à l'homme de décider souverainement une action, place l'homme en-dehors de l'ordre naturel.

Grâce à sa volonté, l'homme échappe au déterminisme des lois de la nature.

Dès lors, il se pose face à la nature et non pas simplement en elle.

C'est pourquoi Descartes dit que si l'homme développe suffisamment les pouvoirs techniques que lui donne sa raison, il sera «maître et possesseur de la nature».

Avec Descartes est donc. »

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